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DEVIN TOWNSEND (ca) - La Maroquinerie à Paris (12/06/11)


Groupe Présent au concert : DEVIN TOWNSEND PROJECT
Date du Concert : dimanche 12 juin 2011
Lieu du Concert : La Maroquinerie (Paris, France)

En court amont de la sortie des deux derniers volumes de sa tétralogie sur les addictions, Devin nous rendait une petite visite en ce morne dimanche de juin pour faire vibrer les murs de La Maroquinerie, qui affichait ce soir un fier panneau « complet ».
Cinq cent mètres de queue du coin de la rue jusqu’à la salle, ça fait plaisir à voir, et du Heavy Metal Kid de 13 ans à la femme mure dans la quarantaine, toutes les tranches d’âge étaient là, ce qui prouve une fois de plus à quel point le Canadien est fédérateur au-delà de tout clivage.
Pas de première partie finalement, enfin dans le sens le plus générique du terme, puisque après quelques minutes d’attente et des « Devin !!!! », « Coffee !!! » hurlés à plein poumons à la simple vue de la peluche de Ziltoïd posée sur un tabouret, c’est le maestro lui-même qui s’avance, tout sourire, pour expliquer qu’il va nous offrir un set acoustique avant de s’attaquer au répertoire plombé une heure plus tard.
Ca commence donc d’une manière très paisible, avec le sublime « Coast », extrait de Ki, plus doux que son pendant studio, mais même seul avec une guitare acoustique Devin reste plus puissant que bon nombre de ses contemporains.
Le son clair et rond parfaitement adapté à ce genre de performance offre un écrin de premier choix aux compositions choisies, et il faut admettre une fois de plus que même en conditions live, la voix de Devin est magnifique de pureté.
On reste sur le même album avec « Terminal », et un artiste qui sait à merveille communier avec son public, alternant les moments d’émotion simple et d’humour partagé, sur fond de silence religieux observé par l’audience. S’ensuit le splendide « Lady Helen », et même si Devin multiplie les pitreries, genre la pédale d’effet qui ne donne pas le bon résultat, ou la crotte de nez savamment écrasée sur son pull, on sent la sensibilité d’un artiste à fleur de peau, que le sacré met mal à l’aise, et qui préfère le dissimuler sous un humour et une bonne humeur protecteurs. Sa guitare est directement branchée sur le paradis, et avec à peine trois morceaux et aucun musicien additionnel, il nous envoûte, nous charme, et prouve de facto qu’il n’a besoin de personne pour captiver un auditoire.
Sans détailler la set-list de cette mise en bouche délicieuse (reportez vous à celle-ci en fin de review), nous passerons par la case « Sister » du légendaire Ocean Machine qui a déclenché bien des vocations, avant de nous finir sur l’impérissable « Ih-Ah » d’Addicted, et une première constatation s’impose. Même en mode intimiste, surtout dirais je, Devin est capable du meilleur, et prouve quel musicien admirable et humble il est. Ce qui aurait pu tenir du simple remplissage chez un autre artiste revêtait ici un caractère intimiste et introspectif, apte à chauffer un public d’une manière encore plus efficace que n’importe quel combo d’ouverture, aussi brûlant soit il. Et le fait d’offrir deux performances bien distinctes achève de nous convaincre du caractère gentiment schizophrénique du bonhomme, mais ça, c’est une autre histoire…
Et en quittant la scène tout en nous donnant rendez vous une demi heure plus tard, le sourire aux lèvres, comme à l’habitude, Devin savait parfaitement que les cinq cent personnes présentes allaient monter en attente…

Petit interlude entre les deux sets, sur fond de « Radio Devin », qui s’improvise par le biais d’un ordinateur DJ d’un soir, balançant des tubes improbables (Katy Perry, Lou Bega, ABBA, j’en passe et des plus saugrenues…), pour le plus grand plaisir des fans qui hurlent leur joie à plein poumons, avant que le DEVIN TOWNSEND BAND ne monte sur scène pour chauffer à blanc les enceintes de la Sono…

Et sans plus de discours, le groupe nous balance en entrée un monstrueux « Kingdom », tiré de Physicist, qui place les débats très loin dans la brutalité sonore. Avec une fois de plus un son irréprochable, le second set commence sous les meilleurs auspices. Devin arbore toujours son sourire des grands jours, et s’apprête à piocher dans sa pléthorique production pour nous offrir quatre vingt dix minutes de bonheur intense.
On enchaîne sans attendre sur un extrait du Deconstruction à venir, « Stand », et après une bonne dizaine d’écoutes at home, je constate que les morceaux de cet album passent admirablement bien la rampe, avec leur mélange de tension sous jacente et de violence tendue. Le public est aux anges, et les rangs de la « fosse » s’animent déjà, préfigurant une euphorie à venir que le groupe saura déclencher sans problèmes.
On reste sur le même album avec « Juular » qui confirme les bonnes impressions d’il y a quelques minutes.
Le groupe est à l’aise, à l’image de son front man qui multiplie les attentions à l’égard des premiers rangs, qui sourit, geint, grimace, et développe toute sa panoplie d’artiste expressif comme on aimerait en voir plus souvent sur les scènes françaises.
L’emphatique « Deadhead » d’Accelerated Evolution envahit tout l’espace sonore, et permet au gang de développer une ambiance plus long terme. Il est important de souligner tout le travail accompli par les musiciens qui entourent notre héros du jour, fidèles parmi les fidèles, avec en support guitare Dave Young, aussi sobre qu’efficace, le discret Brian Wadell à la basse, et le décidemment impressionnant Ryan Van Poederooyen à la batterie, qui n’a rien à envier au tentaculaire Dirk Verbeuren. On parle souvent de Dream Theater lorsque l’on veut évoquer la complexité instrumentale, il convient pourtant de replacer la musique de Devin sur cet échiquier à la place qu’elle mérite. Car les plans se succédant à une vitesse hallucinante sur ses morceaux, constellés de breaks incessants, il est quand même effarant de voir les musiciens les jouer comme à la parade…
Mais peu importe car le concert continue sur les chapeaux de roue, et « Truth » vient aussitôt heurter nos oreilles et les parois de la salle, aussitôt suivi de « OM » que l’on retrouvait sur le EP Christeen. Deux morceaux qui viennent nous rappeler à quel point Infinity se place haut sur l’échelle des chefs d’œuvres de Devin…
Après un petit détour sur la case fun Ziltoïd, avec un furieux « By Your Command », le public laisse exploser son trop plein de joie et d’allant sur le hit « Life », tiré du classique Ocean Machine, qui même s’il ne fait pas oublier la magnifique version studio, nous permet de nous défouler sur une mélodie magique. Devin multiplie les interventions hilarantes, joue avec le public, et qui saurait lui donner tort puisque de toutes façons toutes les personnes présentes ce soir sont déjà acquises à sa cause depuis des années…
Et après le très up tempo « Gaia » de Synchestra, c’est la folie ambiante qui monte encore d’un cran avec un arrêt supplémentaire sur la case Infinity avec le roublard et cartoonesque « Bad Devil » qui achève nos dernières défenses… La communion entre le groupe et le public est totale, et le sol tremble sous les coups de boutoir des fans qui sont décidés à tout lâcher pour intégrer la folle farandole qui donne à la Maroquinerie des airs de Toonville endiablée.
Puis comme le précise Devin, arrive le dernier morceau avant « le pseudo rappel », manière de se moquer de cette tradition qui n’en est plus une depuis bien longtemps. Et c’est – promo oblige – un des morceaux les plus accessibles de Deconstruction qui remplit cet office, avant que le Canadien nous livre une fois de plus une performance visuelle ironique de bon ton. Evoquant les poses classiques et clichesques du Heavy Metal, il nous offre une démonstration de « star sur scène qui veut en mettre plein la vue à son public histoire de lui faire comprendre que si c’est lui qui se trouve au dessus ça n’est pas un hasard », avant de quitter la scène sur fond de démonstration de l’attitude numéro 16, celle du « Bon on quitte la scène genre on ne va pas revenir, mais on revient quand même parce que vous scandez le nom du groupe en hurlant comme de beaux diables »…Putain Devin, je t’adore…
Et le public rentre dans le jeu pour entamer la presque dernière ligne droite du concert, qui débute par un supersonique « Coulour Your World » de Ziltoïd. Il ressort d’ailleurs la marionnette diabolique à l’occasion de « The Greys », et s’éclate avec ses fans qui ont placé dès sa sortie cet album au panthéon des grand succès de l’artiste.
Pour finir, Terria nous offre le progressif et apaisant « Deep Peace », puis les lumières s’éteignent une seconde fois…
Mais il eut été impossible de terminer le concert comme ça, et Devin nous offre en guise de vrai final un moment de fête et de bonheur total. Il fait monter un jeune Kid de 13 ans on stage, et une très jolie blonde qu’il sépare de chaque côté de la scène, en leur donnant comme seule consigne de devoir danser encore plus mal que lui…Puis la question inévitable arrive comme une parole de messie, « Etes vous des Bender ???? », et là….
Impossible de décrire par des mots l’ambiance qui nous enserrait dans son manteau d’euphorie à ce moment là, et j’ose à peine essayer de ressentir ce que pouvaient éprouver les fans présents sur scène à ses côtés, surtout celui à qui incombait la tâche de chanter à la place du maître les paroles de « Bend It Like Bender ». Ce sont des instants comme celui-ci qui vous font oublier à quel point la vie peut être merdique parfois, puisqu’elle est aussi capable de vous offrir sur un plateau quelques minutes de plaisir que l’on échangerait pour rien au monde…
Mais voilà, tout laps de temps, aussi joyeux et insouciant soit il a une fin…Pourtant, que nous aurions aimé prolonger tout ça toute la nuit, pour ne pas avoir à affronter de nouveau la réalité en sortant de la salle, Paris, sa pluie, et son ambiance morose…

Devin, tu as fait plus que nous offrir deux heures de bonheur, tu nous as donné le meilleur de toi-même, une démonstration de ta créativité sans bornes et de ton humilité légendaire. Tu es plus qu’un musicien, tu es un proche, un ami, qui nous confie ses joies et ses peines, que nous partageons car après tout, nos soucis et nos doutes sont tiens aussi.
Tu l’as chanté sur un de tes albums tu sais. Et ce concert au-delà de toute description l’a prouvé une fois de plus.
Tu n’es pas seulement dans la vie, Devin.
Tu es la vie.


Ajouté :  Mardi 14 Juin 2011
Live Reporteur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Devin Townsend Project website
Hits: 20227
  
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