MAYHEM (no) - Ordo Ad Chao (2007)
Label : Season of Mist
Sortie du Scud : 23 avril 2007
Pays : Norvège
Genre : Black Metal culte
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 46 Mins
De l’ordre au chaos. Voilà donc le nouveau trip primaire, vénéneux, frissonnant et oppressant qu’offre au monde des humains l’un des groupe les plus déshumanisés musicalement, les mythiques et non moins énigmatiques norvégiens de MAYHEM. N’ayant jamais fait l’unanimité et ayant souvent défrayé la chronique, la faute vraisemblablement à des évènements extra musicaux funestes et dramatiques ayant fini dans les media autant que dans un univers musical assez déroutant, il faut tout de même reconnaître que la bête scandinave a générée quelques opus à la valeur musicale intrinsèque incontestable. Que l’on apprécie ou pas, MAYHEM a inventé quelque chose et MAYHEM sonne de façon singulière. Exit les ambitieuses expérimentations musicales et autres tentatives de sophistications que l’on retrouvaient sur Chimera, le précédent opus (injustement boudé par la critique au passage et incompris par le public), avec Ordo Ad Chao, le cinquième opus de leur discographie, Hellhammer et sa bande de franc tireurs reviennent à un son plus cru, très «roots», primitif, sombre et très noire. Le propos est à l’image de l’artwork : nihiliste, oppressant, fantomatique et parfois proprement hallucinatoire.
Après le départ de Maniac, voici venu le retour du leader vocal hongrois underground le plus connu au monde, Attila Csihar (présent sur le génialissime De Mysteriis Dom Sathanas). Loin d’être un grand vocaliste, reconnaissons que ses lignes vocales et ses effets tantôt sentencieux et pompeux, tantôt aigus, parfois rugueux ou âpre se fondent à merveille dans cette œuvre sortie d’une caverne des temps archaïques.
Pas loin des précédents travaux comme sur le Mcd Wolf’s Lair Abyss, l’esthétique orchestrale relève assez de l’underground dans le sens premier du terme. L’ensemble sonne sourd, dans les tonalités graves, conférant à l’album une ambiance proche du malaise, une atmosphère compacte et destructrice. De l’ordre au chaos. Morceaux déstructurés, parfois sans queue ni tête, MAYHEM nous surprend d’autant plus que les attaques de guitares n’apparaissent jamais. Blasphemer prend un malin plaisir à jouer avec nos envies, tant et si bien que l’on se prendrait presque à vouloir restructurer les titres et les remonter à notre propre guise, tel un puzzle. Justement de construction musicale, le quatuor se délecte de ces arrangements volontairement troubles, pour mieux égarer l’auditeur. L’incipit commence par «A Wise Birthgiver» mettant en place d’emblée une sensation de vertige, pesante et lancinante. A rapprocher des plus empiriques et biscornues pistes à l’image de «Illuminate Elliminate» ou bien l’excellent morceau à l’intro lorgnant sur le Doom «Psychic Horms» ! Les perles bruitistes que sont «Wall of Water» ou bien la crue et sauvage «Great Work of Ages» côtoient l’ensorcelante «Anti». Une telle cohésion se fond dans un magma musical chaotique, magique de bestialité et de subtilité à la fois. L’auto production accomplie par Attila et Blasphemer comme au bon vieux temps de la cave du Helvete où se retrouvent les litanies incantatoires et incrédules d’Attila habillent à merveille ces huit pistes inexplorées.
Déroutant, plusieurs écoutes seront obligatoirement nécessaires pour s’imprégner de l’essence même de cette œuvre musicale, qui sans être un nouveau départ pour MAYHEM, constitue indéniablement une sorte de retour à des sources taries depuis fort bien longtemps dans des chemins oubliés datant d’une autre époque. MAYHEM, ou devrait-on dire plutôt THE TRUE MAYHEM, dans l’art de faire du nouveau avec des ambiances fanées et mûries.
Ajouté : Vendredi 03 Août 2007 Chroniqueur : Loki Score : Lien en relation: Mayhem Website Hits: 13721
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