HOUSE OF LORDS (USA) - Chuck Wright (Mars-2004)
House Of Lords s'était éteint il y a plus de dix ans, ils nous reviennent avec un nouvel album "The Power And The Myth". C'est avec plaisir que nous avons recueillis les propos de leur excellent bassiste : Chuck Wright.
Line-up : Lanny Cordola (guitare), James Christian (chant), Ken Mary (batterie), Chuck Wright (basse)
Dicographie : House of Lords (Album - 1988), I Wanna Be Loved (Album - 1989), Sahara (Album - 1990), Demons Dawn (Album - 1992), The Power And The Myth (Album - 2004)
Metal-Impact. Vous avez splité à la sortie de l'album "Demons Down", qui d'après ce que je sais, à cause de l'émergence du Grunge ?
Chuck Wright. Tu as raison. C’est à ce moment que le grunge a fait son apparition. En fait, Ken et moi avons quitté House of Lords après notre tournée U.S. avec Nelson et après quelques dates avec 38 special. Nous sommes partis lorsque Gene Simmons a perdu son contrat avec R.C.A./BMG, avant la sortie de « Demons Down ». À l’exception de James, c’était un House of Lords totalement différent de celui de « The Power and the Myth », qui comprend les quatre membres fondateurs du groupe.
MI. Penses-tu réellement que vous auriez du arrêter le groupe ?
Chuck. Nous n’avions vraiment pas le choix à ce moment-là.
MI. Qu'est-ce qui vous a poussé à la reformation du groupe et pourquoi après si longtemps ?
Chuck. Frontiers Records a contacté James, qui a contacté à son tour le reste du groupe. Puis nous avons dû régler des problèmes concernant l’utilisation du nom. Le fait que tout le monde soit dispersé d’une côte à l’autre des États-Unis nous a causé aussi quelques difficultés de logistique et de programmation, sans parler des discussions animées avec notre label à propos des chansons, plus les problèmes financiers qui ont duré 6 mois. Il faut aussi garder à l’esprit que nous avons tous un métier en dehors du groupe. Puis Gregg a quitté le groupe et le label nous a littéralement arraché le disque des mains. À ce moment-là, nous avons failli tout laisser tomber, mais nous avions trop versé de sang, de sueur et de larmes et investi trop de temps dans cet album. Nous avons donc continué et paré au mieux à la situation. En temps normal, une fois les chansons choisies et le groupe réuni, il faut 6 à 8 semaines pour enregistrer et mixer un album. Notre premier disque nous avait pris 30 jours en tout et pour tout.
MI. Qu'est-ce que vous avez fait pendant ces douze années d'absence ?
Chuck. Lanny et Ken ont fait pas mal de production, James dirige sa propre affaire en Floride et a travaillé sur le nouvel album de sa femme, Robin Beck. Ken possède un studio flambant neuf à Phoenix.. Il a remporté 4 « Dove Awards » en tant que producteur/ingénieur du son (Le Dove est un peu comme un Grammy dans le monde de la musique chrétienne).
Lanny vient de travailler avec l’acteur Robert Downey Junior sur un nouvel album, de faire une tournée avec Nancy Sinatra, de produire un groupe de Heavy Rock qui s’appelle Cold Fusion et de composer pour la chanteuse Billy Myers.
Quant à moi, j’ai fait beaucoup de disques (plus de 60), fin 2002 je suis parti en tournée pendant 5 mois à travers 17 pays avec Alice Cooper, avant de remettre ça en Europe où j’ai remplacé Tim Bogert dans Vanilla Fudge. L’album solo de Matt Sorum (Guns-N-Roses, The Cult et Velvet Revolver) « Hollywood Zen » sur lequel j’ai joué de la basse et dont j’ai conçu les illustrations est désormais disponible sur son site (www.mattsorum.com). Avant de partir sur la tournée Vanilla Fudge à l’automne dernier, j’ai enregistré les basses pour la Française Audrey Forrest. Elle a des chansons magnifiques et un joli brin de voix. Son album va bientôt sortir. Je suis également graphiste, ce qui me tient occupé lorsque je ne suis pas en studio ou en tournée. (Entre parenthèses, c’est moi qui ai réalisé la pochette de « The Power and the Myth »). Nous (les membres d’origine de House of Lords) avons aussi tenté à plusieurs reprises de remonter le groupe.
Lanny, James et moi avons joué à Londres pour un festival Gods dans les années 90 et c’est à ce moment que nous avons commencé à parler d’un nouvel album ensemble.
MI. Présente nous donc l'album de votre retour "The Power And The Myth"...
Chuck. Nous étions avides de franchir de nouvelles frontières avec ce disque et je crois que dans une certaine mesure, nous y sommes parvenus, même si nous avons dû nous restreindre. J’ai le sentiment que cet album supporte tout à fait la comparaison par rapport à la concurrence et contient même quelques perles. En ce qui concerne les chansons :
1. Today – Après que notre label (Frontiers) eut rejeté plusieurs de nos morceaux parce que nous sortions du cadre « rock basique des années 80 » qu’ils nous avaient fixé, nous leur avons proposé cette chanson, qui n’est pas de nous à la base. Quelque chose dans le refrain me rappelait notre premier album. Ce morceau n’était pas censé ouvrir le disque, mais le président du label trouvait qu’elle incarnait à merveille l’esprit HOL. Je suppose qu’il ne voulait pas trop désorienter le public. Nous avons été très déçus par ce réarrangement de l’ordre des chansons.
2. All Is Gone – C’est une nouvelle chanson que Lanny, Pat Torpey et moi avons composée. Nous avons utilisé une vieille harmonie dans le style Jethro Tull pour la basse et la guitare. L’influence moyen-orientale de la partie centrale est intéressante. C’est un morceau de rock mid tempo assez basique. Comme pour la plupart de ce que nous avons composé, Ken a terminé la chanson avec nous en studio.
3. Am I the Only One – Ce morceau est un peu plus innovant. Lanny en a eu l’idée voilà quelques années. C’est une ballade en 6/8, avec des influences orientales/indiennes pour la guitare. Lanny se fend d’un solo de guitare magnifique, extraordinairement mélodieux. C’est l’un de mes morceaux favoris. Chaque note a son importance.
4. Living in Silence – Cette chanson a été écrite par James au milieu des années 90. Nous avons juste remplacé le style parlé/rap d’origine par une mélodie. Le style s’avère un rien moderne et se mêle à une structure mélodique aux riffs de guitare bien Heavy et avec beaucoup de grosse caisse, comme dans la chanson « Sahara ». La partie centrale de la chanson sort des sentiers battus.
5. The Power and the Myth – Au départ, c’était ce morceau qui devait ouvrir l’album. C’est un court instrumental rempli de mélodies majestueuses qui rappellent nos débuts, en particulier les splendides parties de clavier interprétées par Derek Sherinian (ex-Dream Theater) et la mélodie à la Jeff Beck de Lanny. J’ai composé la musique de ce morceau en Angleterre, pendant ma tournée avec Alice Cooper fin 2002.
6. The Rapture – Elle a été écrite à l’origine pour l’album de HOL du milieu des années 90 qui n’a pas vu le jour. Lanny joue de bon nombre d’instruments exotiques comme le bouzouki, la balalaïka et le banjo turc. On a donc pioché dans ses compétences. Cette instrumentation est indispensable pour communiquer le paysage musical et l’émotion des paroles. Charlie Bissoret (du groupe de Bob Dylan) y interprète une partie de violon extraordinaire. Tous les instruments sont réels, il n’y a aucun sample : sitar, violoncelle et percussions tribales.
7. The Man Who I Am – Avec « Today », c’est la deuxième chanson venue de l’extérieur. La célèbre chanteuse de Rock, Robin Beck, qui est aussi accessoirement l’épouse de James Christian, y partage la vedette avec James. Il s’agit probablement de la chanson la plus commerciale de l’album.
8. Bitter Sweet Euphoria – Cette chanson démarre sur un déluge de batterie expédié par Ken Mary. Elle est un peu plus sombre que ce à quoi on pourrait s’attendre, mais le refrain très mélodique fait penser à un mélange entre les Beatles et Led Zepplin.
9. Mind Trip – Ce nouveau morceau a un son rétro seventies à la Deep Purple, style « Machine Head ». Il nous donne vraiment l’occasion de montrer ce qu’on a dans le ventre.
10. Child of Rage – Ce morceau a été composé au début des années 90 et nous avons gardé quelques enregistrement de cette période. James Christian donne ici, et de loin, le meilleur de ses talents de chanteur. C’est une ballade puissante et mélodique qui laisse un arrière-goût de gospel. C’est une très belle manière de conclure l’album.
MI. Pourquoi Gregg Giuffria, votre clavier, n'a plus voulu travailler avec House Of Lords ? Qui va le remplacer ?
Chuck. 2 mois avant la fin des opérations, alors que nous attendions toujours que Gregg nous apporte ses idées ou ses mélodies au clavier, celui-ci a signé un contrat solo avec notre label (Frontiers) et nous a dit que maintenant qu’il avait son propre contrat, il refusait d’enregistrer avec House of Lords. De toute façon, il ne m’avait jamais semblé très impliqué dans le projet et n’a aucunement participé à la composition. Il a pourtant eu largement l’occasion de contribuer à l’album – je pense que 2 ans doivent suffire pour trouver au moins une idée de chanson. Après le départ de Gregg, le label a décidé de diminuer proportionnellement le montant de notre contrat qu’ils nous devaient encore. Nous avons donc dû terminer le disque aussi vite que possible comme nous l’avions prévu au départ, avec un budget réduit. Si nous décidons de faire une tournée pour cet album, nous ne choisirons un clavier qu’à ce moment-là.
MI. "The Power And The Myth" sonne moins commercial que les autres, pourquoi ce choix, vous aviez moins de pressions ?
Chuck. Sachant qu’il n’existait plus vraiment de radios diffusant du Rock mélodique, nous avons décidé de ne pas chercher à tout prix à faire un single pop. Nous nous sommes contentés de jouer sans nous soucier d’une quelconque formule à succès. De plus, comme notre label ne fait aucune promo radio, nous nous sommes concentrés uniquement sur la musique et la profondeur des textes.
MI. Vous avez pu expérimenter un peu plus sur cet album, tu peux nous donner quelques exemples ?
Chuck. Nous aimons explorer de nouveaux territoires lorsque c’est possible. Ken est l’un des meilleurs batteurs Rock du monde et c’est un plaisir de travailler avec lui. Nous lui avons donc dit de se lâcher. Il avait carte blanche. Lanny, bien entendu, est l’un des musiciens les plus complets du circuit. Par exemple, sur « The Rapture », il joue d’instruments exotiques comme le bouzouki et le koto. Nous avons aussi utilisé un violoniste, un violoncelliste et un percussionniste tribal. Cette instrumentation était nécessaire afin de communiquer le paysage musical et l’émotion des paroles de certaines chansons. Derek Sherinian, ex-DreamTheater, m’a totalement sidéré par son travail sur le morceau titre. Ce morceau devait ouvrir l’album mais le label a modifié l’ordre sans nous consulter. Certains de nos arrangements sont vraiment complexes et quelques morceaux sont assez étranges.
MI. Pourquoi avoir incorporé pas mal d'éléments orientaux ?
Chuck. Ces influences moyen-orientales nous viennent directement de Led Zep, que nous adorons.
MI. Comment définirais-tu le titre "Today" qui est sans nul doutes le "hit" de cet album. Quel en est le concept et dans quelles conditions l'avez-vous composé et enregistré ?
Chuck. Comme je l’ai dit plus haut, à l’origine cette chanson n’est pas de nous. Nous nous sommes contentés de faire les arrangements et de l’adapter à notre style. Je suis content que tu l’aimes. Cette chanson est très puissante et a un superbe refrain.
MI. Avez tout composé pour cet album ou avez-vous utilisé des "vieux titres" ?
Chuck. Nous avions composé beaucoup de nouveaux morceaux, plus de 30 en fait. Nous avions repris la chanson de Bjork « Army of Me » et une ballade d’un groupe de la fin des années 60, The Young Bloods, qui s’appelle « Darkness, Darkness », mais bien évidemment notre label n’en a pas voulu. Nous étions connus pour un certain style et un certain son, aussi devions-nous nous efforcer de rester autant que possible dans ce cadre, faute de quoi toutes nos chansons auraient été rejetées par le label. Nous l’avons compris relativement vite. Nous avions aussi enregistré quelques morceaux au milieu des années 90 : « Living in Silence », « Child of Rage » et « Am I the Only One » datent de cette période.
MI. Cela fait à peu près 15 ans que vous avez commencé, allez vous fêter cela du manière ou d'une autre, un DVD peut-être ?
Chuck. Il est question d’un DVD live/studio avec quelques séquences de notre passé.
MI. Vous allez faire une tournée ? Si oui, des dates sont-elles prévues en France ?
Chuck. C’est notre souhait le plus cher. Il n’y a rien de plus gratifiant que de jouer en France, surtout quand il s’agit de Rock mélodique. J’ai joué à Paris en 2002 et je n’ai jamais rencontré un public aussi extraordinaire !!
MI. Vous n'avez pas de site officiel, cela viendra ou cela n'est pas une priorité pour vous ?
Chuck. Pour l’instant, on peut trouver des informations sur le groupe sur mon site (www.chuckwright.com).
J’ai créé un site pour House of Lords, mais avant de le mettre en ligne nous devons encore régler des questions juridiques à propos de l’utilisation du nom.
MI. Je te laisse conclure avec peut-être un mot pour les lecteurs français...
Chuck. Nous espérons tous que les fans de Rock jugeront ce disque sans préjugés, en laissant de côté leurs attentes et en le prenant tel quel : une aventure musicale aux textes stimulants et à la virtuosité époustouflante !
Merci! (ndlr: dit en français)
Ajouté : Mardi 06 Avril 2004 Intervieweur : Blasphy De Blasphèmar Lien en relation: House Of Lords Label Website Hits: 18922
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