ANATHEMA (uk) - Universal (2013)
Label : Kscope
Sortie du DVD : 23 septembre 2013
Pays : Angleterre
Genre : Rock progressif
Voici un dvd qui tombe à point nommé. Dans une carrière menée de main de maître malgré les obstacles, ce DVD live arrive comme une consécration pour ANATHEMA, 20 ans pile après le premier album Serenades. Alors que leur dernier opus Weather Systems résonne encore dans les mémoires, et que le précédent concert filmé date déjà de 2006, Universal arrive avec de belles promesses. Le succès des derniers cd et la dimension prise par le groupe depuis l'amorce d'un virage progressif salvateur, ne rendent cette sortie que plus savoureuse.
Les anglais ont vu les choses en grand. Concernant le décor d'abord : c'est dans l'ancien théâtre romain de Plovdiv, en Bulgarie, qu'ils ont décidé d'enregistrer leur troisième DVD. Le cadre est exceptionnel, et si les vues aériennes laissent deviner au-delà des vieilles pierres les réjouissances architecturales d'une ville de province d'Europe de l'Est, le site en lui-même est de toute beauté. Comme si cela ne suffisait pas, les frères Cavanagh se sont entourés de l'orchestre philharmonique de Plovdiv, pour ajouter à la solennité et à la superbe de ce beau projet. En outre, le film de ce concert est réalisé par Lasse Hoile, un éminent spécialiste qui avait déjà sublimé les prestations de groupes tels DREAM THEATER et PORCUPINE TREE.
On sait que le concert était exceptionnel, on attend juste aujourd'hui que les images contenues sur ce disque en soient dignes. Et c'est avec une délectation non feinte que l'on déguste ces deux heures de show. Il est capturé avec une fidélité, une authenticité et un rendu tout bonnement impeccables. La beauté des prises de vue, la profondeur de l'image et les nuances des couleurs sont remarquables. Les éclairages habillent l'endroit avec goût et justesse, accompagnant l'orchestre et le groupe parfaitement. La dynamique des caméras, l'enchaînement des plans et le montage du film s'avèrent aussi précis qu'instinctifs, ce qui rend le spectacle facile à regarder de bout en bout. On s'incline vraiment devant cette prouesse tant technique qu'humaine, et face à ce savoir-faire subtil.
La performance du groupe ce 12 septembre 2012 est certainement l'apogée de leur carrière à ce jour. Le point culminant de deux décennies où le style s'est affiné, où l'écriture de leur musique a gagné en qualité, en maturité et en émotion. "Weather Systems" en est le parfait témoin, lui qui allie avec force la brillance des compositions avec une vraie intelligence. Ils ont de plus su s'associer avec les justes musiciens (Lee Douglas est devenue membre permanent et Daniel Cardoso, multi-instrumentaliste, a rejoint les rangs) afin de pousser plus loin les limites de leur musique. Les morceaux issus de ce disque parcourent généreusement le concert, avec des arrangements élégants qui mettent en exergue l'orchestre. Le choix des morceaux, bien qu'il laisse la part belle –à raison– aux deux derniers albums, propose un panel d'émotions intenses, un enchantement parfaitement soutenu par les images. Sans détailler la setlist, on s'arrête sur plusieurs moments du concert, tel "A Simple Mistake" dont la montée en puissance instrumentale, accompagnée par les cordes, est irrésistible, et dont l'intensité monstre à la fin du titre donne des frissons. Les dernières paroles chantées par Vincent sont déchirantes, et l'interprétation surpasse de loin l'émotion dégagée par la version studio. Le rôle de l'orchestre est primordial également sur "Universal", où la répétition du thème final est de toute beauté. On se remet aussi avec plaisir le sublime "Flying", les deux voix de Daniel et Vincent se mariant parfaitement, et les lignes mélodiques du philarmonique achevant de transfigurer cette litanie ("Back Down to Earth... Back Down to Earth...") bouleversante, qui n'en avait pas besoin pour être géniale. Le public reprend cérémonieusement et en boucle les quelques notes chantées par Daniel, instant de grâce conclu par le tir impromptu d'un feu d'artifice à côté du théâtre !
Vincent et Daniel s'adressent occasionnellement au public avec sobriété et justesse, jamais dans la frime, peut-être seulement plus certains de leurs qualités que par le passé. Et comme un artiste sûr de son art emporte souvent l'assistance avec lui, l'enthousiasme dans les gradins est palpable et contagieux. L'usage régulier de boucles, du vocoder, et l'importance du clavier dans le mixage donne de l'ampleur au son du groupe, et ouvre de nombreuses possibilités sur scène pour se rapprocher le plus possible des arrangements studio, tout en y apportant une vraie plus-value, une attitude, une sorte de grandeur. Clins d'oeil sympa, ANATHEMA joue en fin de set une version épurée et acoustique de "Fragile Dreams", déjà entendue sur l'album Hindsight, avant de rejouer en ultime rappel le morceau sous sa forme originale. De quoi faire plaisir aux fans qui vouent à ce titre une tendresse particulière. Entre temps, on apprécie le medley "Wings of God / Emotional Winter", deux titres qui ont gagné en maturité et en émotion au fil des ans, de ces années au cours desquelles ANATHEMA est devenu incontestablement un grand groupe. Si on les devait découvrir avec un disque, ce serait ce dvd. Et si on devait se persuader qu'ils sont incontournables sur la scène prog, ou simplement vérifier qu'on les aime toujours, c'est aussi Universal qu'il nous faudrait. Il allie des images grandioses à ces mélodies si bien pensées, pour un vrai récital haut en couleurs et sensations. Top.
Ajouté : Dimanche 05 Avril 2015 Chroniqueur : JB Score : Lien en relation: Anathema Website Hits: 38528
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