Fondé en 1996 dans le sud de la Pologne, DECAPITATED signe avec Earache son troisième opus studio après Winds Of Creation et Nihilist, qui avaient jouit d’une certaine notoriété auprès de la critique en son temps. Succès non démérité puisque le groupe semble avoir franchi le cap avec Organic Hallucinosis.
Death Metal technique et méthodique, le travail effectué au niveau des plans de batterie et des parties rythmiques est tout bonnement impressionnant ! Quand on pense qu’à leur début, les quatre membres de DECAPITATED était sujet à la moquerie du fait de leur jeune âge (carrière initiée à 14 ans !), alors qu’au vu de leurs compétences musicales, on mesure le chemin parcouru! Certains doivent s’en mordre les doigts. Voilà les choses remises à plat.
Porteurs de l’étendard d’un Death léché, soigné et peu conventionnel, où la profusion de détail est le maître mot, les Slaves semblent enfin avoir atteint le niveau de l’excellence. L’album de la maturité ?
Peut-être, car à force de travail et de persévérance, ce combo est parvenu à atteindre un niveau technique à faire pâlir une pléthore de groupes…Mais qui dit technique ici ne veut assurément pas dire ennuyeux ni rébarbatif. Au contraire, DECAPITATED a le goût du risque puisqu’ils réussissent à créer un Death Metal hybride où nombre d’influences se font sentir le long de ces sept tueries ! Des titres comme «A Poem About An Old Prison Man» ou bien «Revelation Of Existence (the trip)» sont assez inqualifiables dans leurs genres. Si leurs styles sont radicalement différents, les Polonais adoptent une démarche assez similaire à celle des Suédois de MESHUGGAH dans la perpétuelle recherche sonore et les diverses constructions rythmiques. On retrouve ainsi beaucoup de cassures rythmiques, des morceaux déstructurés ou des breaks inhérents au style. Qui plus est, comme toujours chez Earache, il n’y a strictement rien à redire sur la production qui est simplement efficace et bien calibrée. Imaginative, inventive et en dépit de leur jeune âge, cette dernière livraison de DECAPITATED tient largement la route et peut se mesurer à n’importe quel album de formations de Death plus «confirmées». Le seul hic ? Si leur style est parfaitement réglé sur album, il me semble qu’il ne soit à priori pas très adapté à la scène où les combos de Death à touches «Prog’» comme DECAPITATED ont en général du mal à se dépatouiller de leurs surenchère de technicité.
Mais, attention, en ce début d’année 2006, il y a fort à parier que des têtes vont tomber…