MORTUARY (FRA) - Tout le Groupe (Mars-2002)
Après dix ans de bons et loyaux services voués à la cause d'un Brutal Death Metal se bonifiant avec le temps, Mortuary s'apprête à sortir son troisième album "Agony In Red". Les nombreux changements de musiciens, l'absence de label n'ont pas entamé la volonté du groupe bien décidé à toujours aller de l'avant. Tous les musiciens se sont prêtés au jeu des questions/réponses dans la bonne humeur et surtout dans un joyeux bordel.
Line-up : Patrick Germonville (chant), Alexis Baudin (guitares), Christophe Touly (guitares), Jean-Noël Verbecq (basse), Dirk Verbeuren (batterie)
Discographie : Hazards Of Creation (1996), Eradicate (1997), Agony In Red (2002)
Metal Impact. Etant donné les nombreux problèmes que vous avez rencontrés aux fils des années, l'un d'entre vous peut t-il nous faire une rapide bio du groupe ?
Patrick. Mortuary est né en 1989, c'est Jean-Noël, Gilles maintenant chez Depraved et moi qui sommes à l'origine du groupe. On a fait trois démos, un album auto produit, ensuite on a signé chez Thunder Production, où "Eradicate" a vu le jour. Nous avons connu pas mal de changements de personnel. Dirk de Scarve est venu nous filer un coup de main et Christophe est arrivé il y a trois ans. Ce n'est pas tout à fait chronologique mais tu as les grandes lignes. Nous avons été contactés par Pavement Records, un label américain qui a repressé "Eradicate" et l'a distribué. Du moins c'est ce qu'ils nous ont dit, on n'a pas trop de confirmation. Ensuite, il y a eu le black out total, une météorite est tombée sur la Terre et il n'existait plus rien de nous. Nous sommes que des hologrammes. Nous avons eu une période de flottement puis nous nous sommes remis à composer pour le nouvel album "Agony In Red". Ce dernier est enregistré, mixé, masterisé, la pochette est prête mais il manque le truc essentiel : un label...
MI. Un album est prêt mais vous êtes sans label, que comptez-vous faire ?
Patrick. On cherche. Avant de faire l'album, on a enregistré une maquette quatre titres chez Dirk. Nous avons envoyé la démo à des labels qui trouvaient cela pas mal mais qui ne voulaient pas encore nous signer. A ce moment là, on a décidé de changer notre fusil d'épaule, on a carrément financé notre album. On l'a envoyé dans diverses maisons de disque, il y a deux semaines. Pour l'instant on a eu quelques réponses qui n'ont pas toutes été positives. On attend.
Jean-Noël. C'est l'album boomerang, on l'envoie et on le reprend dans la gueule aussi vite.
Patrick. Sinon on va signer chez Bourreàfond Records. [rires]
MI. Comment avez-vous composé cet album ?
Patrick. C'est toujours un peu le même travail.
Dirk. Cela part souvent à partir de riffs. C'est Jean-No, Alex ou Christophe qui amènent les idées. Certaines fois, c'est même des morceaux entiers. Ensuite on met la batterie et le chant, on fait tourner les titres pour voir les points à améliorer. Pour cet album, on avait un énorme stock de chansons qu'on n'a pas toutes gardées...
Christophe. Juste pour les faces B. [rires]
Dirk. On a donc encore d'autres morceaux en réserve. C'est un processus de compositions un peu typique...
Christophe. C'est plus vivant. Tout le monde apporte son truc.
Patrick. Au début, c'était surtout Jean-Noël, il arrivait toujours avec beaucoup d'idées, des chansons entières. Ensuite, on a eu Jean Paul Gralak (guitare) qui venait aussi avec des morceaux complets. Après il y a eu Jean Serge Kuhn que tu connais bien puisque tu as joué avec lui dans Rising Soul. Alors lui, c'était du genre à amener 150 riffs par répet. Avec l'arrivée d'Alex, on a commencé à bosser différemment, maintenant c'est un vrai travail d'équipe.
Jean-Noël. Pat compose aussi sous sa douche mais comme il ne joue pas d'instrument, c'est pas évident de retranscrire ce qu'il nous propose.
Dirk. Pendant que l'on bosse sur la structure du morceau, Pat écoute, s'imprègne du titre et voit où il peut placer ses lignes de chant.
Patrick. J'ai en même temps quelques idées de textes, des bribes et je regarde si cela colle au morceau.
Patrick.Pat assiste à toutes les répet même s'il ne chante pas, mais il voit comment les titres évoluent.
MI. Les nombreux changements de musiciens vous empêchent-ils d'aller de l'avant ?
Patrick. Pour moi non. Au contraire, tu récupères des musiciens qui ont des cultures différentes, cela élargit ta manière de jouer.
Jean-Noël. D'un coté c'est un gros handicap. Chaque fois que tu changes de musiciens, il faut reprendre tout le répertoire. Quand Dirk est arrivé, on a laissé tomber beaucoup de vieux morceaux par manque de temps. On s'est focalisé sur ceux qu'on joue le plus souvent. On ne joue plus aucuns titres des deux premières démos. C'est bien d'avoir des nouveaux cela apporte du sang neuf mais c'est aussi gênant car on perd du temps.
Patrick. Cela fait évoluer les chansons.
MI. Comment gérez-vous le fait que Dirk ne soit pas toujours présent ?
Christophe. Dirk est là pendant 3/4 mois, alors on bosse dur pendant cette période et après on gère.
Dirk. Il profite de mon absence pour bosser des nouveaux morceaux et ensuite je rattrape le retard.
Jean-Noël. Si je regarde par rapport au passé, certaines fois, c'est difficile. On a eu des batteurs qui étaient toujours présents, donc maintenant on s'adapte.
MI. Vos projets pour l'avenir, quels sont-ils ?
Christophe. Monter un harem... [rires]
Patrick. Sortir l'album, essayer de faire un max de concerts, trouver des bonnes premières parties à assurer.
MI. Cela fait dix ans que vous jouez, vous avez eu le temps de voir bien des choses au niveau de la scène Metal, qu'en pensez-vous ?
Dirk. Depuis quelques années, cela a pas mal évolué, il y a de bonnes choses. La scène s'est bien regénerée. Il y a une nouvelle génération très intéressante. J'espère que les groupes marcheront sur la scène internationale.
MI. Les avis semblent divergés, on va donc vous prendre un par un.
Christophe. Pour moi, les groupes de Metal depuis Massacra et Loudblast : il faut les chercher.
MI. Ouais! Mais toi tu ne cherches pas. (Ndlr : s'en suit une discussion assez animée où tout le monde apporte son petit commentaire, techniquement impossible à retranscrire ici.)
[Après quelques longues minutes passer à disserter dans un style proche de celui du débat politique, l'interview reprend ses droits]
Christophe. Moi je reste plus traditionnel, du vieux thrash, du vieux death voir même du heavy. Tout ce qui inclut des machines, des trucs comme le néo, j'avoue que j'ai du mal. Ce soir j'aurais préféré jouer avec deux groupes de thrash plutôt que de néo de merde. Je dis ce que je pense, je n'ai pas pour habitude d'avoir ma langue dans la poche...
MI. C'est ce qui fait l'éclectisme de la soirée...
Dirk. Voilà, bonne réaction.
Patrick. La scène française a énormément de talents mais il y a toujours un manque de structure. Quand les groupes se parlent c'est souvent pour se tirer dans les pattes. C'est débile. Il faut laisser les styles de côtés et se souder. Après chacun est libre de penser ce qu'il veut sur les différentes mouvances du métal. Je sais très bien que tout le monde n'aimera pas Mortuary mais tu ne peux rien y faire c'est comme ça. Tu sais, les goûts et les couleurs... Dans d'autres pays cela doit aussi exister mais il arrive que des groupes s'entraident. Prenons l'exemple de la Floride où tous les musiciens s'entraidaient. Je pense que ce manque de rapprochement vient de la mentalité française.
Alexis. Si les groupes pouvaient s'exporter à l'étranger, ils vendraient plus d'albums, feraient plus de concerts, auraient plus de thunes pour enregistrer. Cela ferait avancer les choses.
Dirk. Je pense que ça avance lentement. Il y a de plus en plus de groupes qui signent sur des labels qui ont une structure importante et qui arrivent à faire des choses à l'étranger. Cela peut faire évoluer les choses. Maintenant, il ne faut pas se leurrer, il y a beaucoup de pays qui ne sont pas spécialement entrain d'attendre le Metal français. Il faut montrer ce que l'on sait faire, que l'on peut apporter des choses nouvelles, des groupes qui ont une personnalité.
Jean-Noël. Christophe a parlé de Massacra, pour moi, c'était le groupe représentatif français à l'étranger. Depuis on cherche un peu mais il y a pleins de bons groupes. J'ai écouté un groupe comme Hypokras, c'est excellent. J'adore Depraved, ils arrivent à sortir de France. Je leur tire mon chapeau. J'en reviens toujours au même problème, c'est un manque de structure.
MI. Pensez-vous que les webzines puissent aider les groupes ?
Christophe. Avec un webzine, l'avantage c'est que cela donne la parole aux groupes moins connus.
Dirk. Un webzine permet de mettre les groupes français au même niveau que les groupes étrangers. Un webzine doit avoir une certaine ouverture d'esprit.
MI. Un dernier mot ?
Patrick. Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh. Merci Metal Impact...
Ajouté : Dimanche 12 Mai 2002 Intervieweur : Lord Natas Lien en relation: Mortuary Website Hits: 19343
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