ENTOMBED (se) - Nouveau Casino à Paris (06/12/08)
Groupes Présents au concert : ENTOMBED, CRYPTOPSY, BENEATH THE MASSACRE, IGNOMINIOUS INCARCERATION
Date du Concert : samedi 6 décembre 2008
Lieu du Concert : Nouveau Casino (Paris, France)
Photos du concert sur le Flickr de Moloch
Soirée poétique en perspective. L'affiche regorge de patronymes fleuris qui incitent à la bonne humeur. IGNOMINIOUS INCARCERATION, BENEATH THE MASSACRE, CRYPTOPSY, ENTOMBED. Le gratin de la philanthropie auquel ne manquait que TRIGGER THE BLOODSHED, qui malgré sa présence typographique sur les affiches, flys et billets, n'a pas daigné se montrer sur les planches.
En 20 minutes, les anglais de IGNOMINIOUS INCARCERATION ont l'honneur d'ouvrir le bal. Le nom de ce groupe m'incite d'ailleurs à vous entretenir de l'excellent Hunger de Steve Mc Queen, sorti ce mois ci. Ce film traitant d'ignominie carcérale et qui nous arrive, lui aussi, d'outre manche, est d'une intelligence narrative et d'une perfection plastique rare. Prenant pour sujet une grève de l'hygiène conduite par des prisonniers de l'IRA au début des années 80, il saura sans nul doute séduire les poilus que vous êtes, en connivence certaine avec ces tueurs brutaux et sans scrupules qui vivent nus et recouvrent leurs murs d'excréments en de jolies arabesques. Le bruit des matraques anglaises rebondissant sur les frêles os des prisonniers irlandais me renvoient à notre sujet, les blast beats de ces 5 anglais dans le vent. Double pédale, blast beats, chant guttural, profondeur harmonique réduite, IGNOMINIOUS INCARCERATION nous assène un bon Death Metal accrocheur. Sur CD j'avais apprécié les compositions mélodiques du groupe qui peuvent parfois faire penser à un BLACK DAHLIA MURDER plus lourd et moins frénétique. Sur scène je n'en retrouve malheureusement pas assez la trace dans un amas sonore assez brouillon. Peu au fait de l'actualité syndicale du milieu j'imputais alors la qualité de la sonorisation à un éventuel mouvement de grève de la profession des ingénieurs du son. Le groupe assure un très bon set, efficace, brutal, et semble avoir convaincu un public qui reste néanmoins très sage. Une formation à suivre qui vaut sans doute le déplacement lorsque les conditions acoustiques sont au diapason de leurs qualités artistiques. (6/10)
20 minutes c'est également la durée de la prestation de BENEATH THE MASSACRE. Les revendications du technicien aux commandes de la table de mixage ne seront, semble-t-il, jamais acceptées et le mouvement perdure. Mais la musique plus simple et massive des québécois en souffre moins. Une partie du public, qui les attendait, les incite à s'exprimer dans la langue de Voltaire afin de nous laisser gouter à cet accent d'outre atlantique que nous apprécions tant, avec la tolérance et le respect qui caractérise tant notre peuple. Jeu auquel ils ne se prêtent que frileusement avant de retourner à l'anglais, idiome de rigueur dès lors qu'il s'agit de Metal. Leur Death Metal teinté de Grindcore me semble un peu limitée musicalement mais très efficace. Leur chanteur au cou de taureau le déclame avec véhémence. Quelques brutes du public sont prises de mouvements irrépressibles et miment avec une conviction certaine des disciplines olympiques telles que le lancer du poids ou le saut en ciseaux. Particularité intéressante de ce groupe, un de leurs morceaux comprend le mosh part le plus lent de l'histoire du Death Metal. Si lent que c'est une gageure de marquer le temps d'un headbang assuré. Si lent que l'on peut à loisir aller pisser un coup ou siroter une binouze entre deux coups de baguette. (5/10)
A 20h10, après l'installation de son énorme batterie, CRYPTOPSY prend place sur les planches et délivre, pendant 40 douloureuses minutes, la plus mauvaise prestation de la soirée. Si les petits solos du batteur exécutés pendant les balances étaient de bonne augure, riches et variés, la musique du groupe est aux antipodes. Monolithique, répétitive et d'une originalité nulle, elle pâtit d'un manque flagrant de sens mélodique et harmonique. Ayant très vite perçu la médiocrité de ce groupe qui semble pourtant ravir une partie non négligeable de la foule, je cherche une occupation. Le mouvement social gagna progressivement ce soir là chaque branche des métiers du spectacle. Si un peu de vert, de jaune, avaient donné un air printanier à la prestation précédente, le technicien lumière avait, dès lors, lui aussi décidé d'assurer le service minimum. Rouge, cette soirée sera définitivement rouge. Pour le plus grand malheur des photographes de la soirée. Cela a au moins l'intérêt de me fournir un sujet de conversation pour échanger avec Kastor (qui est bien connu des festivaliers du HellFest pour son costume de Bob l'Eponge.), qui devait lui aussi couvrir la soirée pour un autre webzine. Je lui rappelle notre précédente rencontre : j'avais profité lors du Hellfest 2008 qu'il fasse des pompes au cœur d'un circle pit lancé par MUNICIPAL WASTE pour mimer une brutale sodomie de cette jolie éponge marine. Rapide coït public qui, inspirant les instincts animaux de la foule, s'était rapidement transformée en une joyeuse tournante au cœur de la tourmente. Naturellement pudique de ses sentiments, il me jette au visage, en l'appuyant d'une rude calotte, le terme que j'avais accolé à sa personne du fait de ma conduite irresponsable : « Enculé ». Mot qui, je l'ai senti, cachait mal le plaisir avec lequel il se remémorait notre fugace mais intense intimité. Le souvenir de ce moment ne suffit néanmoins pas à rendre plus agréable le bruit affreux qui s'échappe des hauts parleurs.
Je tente alors, dans l'idée d'agrémenter agréablement cette soirée, de charmer une des jolies créatures qui peuplent la fosse. Essayant d'identifier celles qui semblent dépourvues d'un compagnon au physique de viking. Présence qui stoppe chez moi radicalement toute velléité, ne serait-ce que visuelle. Comptant sur le charme naturel de l'artiste, je brandis mon appareil, adoptant un air grave et inspiré. Singeant la créativité par des cadrages improbables. Guettant un regard intéressé, un premier mot pour mentir mon appartenance à Kerrang ou à Hard'n'Heavy. J'attendrais en vain, la jolie blonde sur laquelle j'avais jeté mon dévolu préférant s'abreuver béatement à la source de sueur intarissable qu'est le soliste de CRYPTOPSY, éclaboussant l'audience à chacun de ses médiocres solos.
Fort heureusement, les mauvaises choses aussi ont une fin et les pitoyables canadiens libèrent la scène. (2/10)
A 21h15, les quatre musiciens d'ENTOMBED entrent en scène sous les acclamations. La batterie paraît minuscule avec sa simple grosse caisse, le guitariste joue sur la flying V la plus moche du marché selon kastor, mais, pas de doute, la rapidité et la violence ne font pas tout. Musique simple, tempo très ralenti en regard des premières parties de la soirée, mais un groove inimitable qui fait la différence. Le public ne s'y trompe pas et la fosse bouge dans la bonne humeur, visiblement très heureuse d'accueillir les suédois. Le son, toujours aussi dégueulasse est néanmoins largement plus appréciable du fait de la plus grande clarté des compositions. Le groupe, qui sait tenir son public, délivre un set de qualité piochant ses tubes dans les albums récents comme dans les anciens. La foule scande des « When in sodom » gutturaux à l'invitation du chanteur qui arbore, avec une absence d'élégance qui lui va à ravir, sa calvitie et un t-shirt sportif frappé du nombre de la bête.
La prestation du groupe me confirme dans mon idée qu'au vu des groupes qui le peupleront, l'enfer sera dans quelques années une principauté bien rock'n'roll et qu'il est primordial d'assurer son quota de blasphèmes afin de s'y réserver une place de choix. Un cortège de vierges attends peut être les fidèles au paradis, je choisi sans hésiter les putains qui peuplent les bas fonds de Pandemonium, de Sodome et de Gomorrhe. (8/10)
22h10. Extinction des feux. Le Nouveau Casino aère un peu sa salle histoire de chasser les effluves nauséabondes transpirées par la sombre foule qui rejoint la rue glaciale avant d'accueillir son public branché de deuxième partie de soirée.
Ajouté : Mercredi 17 Décembre 2008 Live Reporteur : Moloch Score : Lien en relation: Entombed website Hits: 38672
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