AGNOSYS (FRA) - Julien et Cédric (Déc-2004)
Agnosys naît des cendres d'Amalek, premier nom du combo mais ne change en rien sa direction musicale en pratiquant une sorte de Death mélodique à la suédoise en y incorporant quelques passages plus atmosphériques ou même progressifs. Pour parler de cette jeune formation, nous avons donné la parole à Julien et Cédric…
Line-up : Cédric (guitare), Stéphane (guitare), Maxime (chant), Fabrice (batterie), Julien (basse)
Dicographie : Inner Desolation (Démo - 2002), Equilibrium (MCD - 2004)
Metal-Impact. Question à laquelle vous ne pouvez pas encore échapper: p’tit topo sur le groupe et pourquoi ce changement de nom ?
Julien. Le groupe s’est constitué à la fin de l’année 2001. A l’époque, Fabrice (batterie), Cédric (guitare) et Stéphane (guitare) cherchaient à monter un groupe de Metal qui ne se limiterait pas à un style particulier mais au contraire puiserait ses influences dans des courants divers tels le Death, le Black ou encore le Thrash. C’est alors que Max (chant) et moi-même (basse) rejoignirent le groupe. Nous avons enregistré une première démo « Inner Desolation » encore sous le nom d’Amalek en 2002. Malgré les faibles moyens employés pour l’enregistrement, les critiques furent bonnes et en tout cas encourageantes. Cela nous a permis de donner plusieurs concerts notamment un en compagnie de Kristendom et Euthanasia à Palaiseau en avril 2003. Tout cela nous a finalement amené à entrer en studio à la fin 2003 pour enregistrer le mini CD 4 titres "Equilibirum" dont nous somme très satisfaits. A l’occasion, nous avons rebaptisé le groupe Agnosys. Nous avions initialement choisi le nom d'Amalek pour son originalité et son adéquation avec nos textes, orientés pour la plupart vers la mythologie et les temps antiques. Mais « Amalek » nous a vite semblé inapproprié, étant peut-être trop engagé sur le terrain anti-religieux et notamment déjà utilisé par un groupe de Black allemand douteux. « Agnosys » est construit à partir du grec « agnos » qui signifie ignorance, incapacité à reconnaître ce qui est perçu par les sens… On retrouve également l’idée du syndrome d’agnosie, qui se manifeste par une perte des cinq sens chez l’homme. Ceci nous a paru davantage en ligne avec les derniers textes écrits qui parlaient notamment d’inconnu, d’équilibre instable entre la vie et la mort.
MI. Vos morceaux sont en quelques sorte un melting pot de plusieurs styles sous un fond mélodique et technique, comment vois-tu votre musique ?
Julien. Comme je l'ai dit, l'objectif initial d'Agnosys tenait en une symbiose de styles Metal les plus variés possible. Comme sans doute la plupart des groupes qui se lancent, nous voulions par là éviter de nous faire cataloguer dans un style défini, cette tâche se révélant souvent bien plus difficile qu'il n'y paraît. Mais nous avons la chance dans Agnosys de tous avoir un passif de Metalleux unique à l'échelle du groupe. Les seuls dénominateurs communs étant simplement le Metal et l'ouverture d'esprit, il fût relativement facile de trouver une ligne directrice à notre travail de composition, tout en profitant du fait que chacun apporterait ses influences propres. Par exemple, Stéphane était au début plus porté sur des groupes de Death technique et de power/Thrash (Carcariass, Children of Bodom, Pantera, Iced Earth…), alors que Fabrice apportait une touche plus extrême avec des influences comme Nile, Morbid Angel, ou encore Allegiance. De mon côté, je privilégie des styles plus mélodiques et atmosphériques (Opeth , My Dying Bride, Dark Tranquillity…). Mais avec le temps, les influences des différents membres se sont entremêlées, chacun ayant appris à découvrir les groupes inspirant les autres, et je pense que ceci s’est directement retranscrit dans les compositions d’Agnosys. Loin de vouloir sombrer dans une sorte de medley de nos albums favoris, nous tâchons de guider notre travail de composition par les seuls mots de "puissance, mélodie, richesse, et originalité".
MI. Quels sont les concepts et messages de "Equilibrium" ?
Julien. Equilibrium ne porte pas vraiment de message bien défini. Et contrairement à notre première demo, aucun concept ne régit réellement les textes des 4 titres qui y figurent. Bien sûr, des idées se retrouvent au fil du cd... Mais très sincèrement, nous ne concevons absolument pas la musique comme un support à un quelconque message, si ce n'est celui du feeling qu'elle véhicule.
MI. Que représente la pochette ?
Julien. La maison du chevalier du sagitaire détruite par un avion taliban... Plus sérieusement, c'est une illustration d'un thème essentiellement développé dans les textes de nos plus anciennes compos (Beyond Time et Lethal Path notamment). Le temple antique en arrière-plan matérialise la remise en question des repères mystiques et religieux du personnage torturé au premier plan, et par là le questionnement sur le sens de son existence et sur sa propre identité. D'où son visage disparaissant derrière la brume. Ce thème de la "perte des repères" est d'une part une source intarissable d'inspiration textuelle sur l'angoisse qui en résulte, et d'autre part une transition vers une sorte de libération et d'affranchissement de toute autorité spirituelle. Du reste, cette dernière idée se transpose facilement à notre musique...
MI. Comment s'est passé la collaboration avec Andrew (7th Nemesis) et son hybreed studio ?
Julien. Tout s’est très bien passé même si nous avons appris à quel point les enregistrements studio sont exigeants. Andrew est le batteur du groupe de Death progressif « 7th Nemesis » qui commence à se faire de plus en plus connaître en France et notamment sur Paris. Il a par ailleurs fondé avec B-Lial l’assoce Hybreed Corp qui se charge de produire les groupes depuis l’enregistrement, jusqu’à la réalisation de l’artwork en passant par le mix et le mastering. Andrew a très bien su organiser tout ça et faire les meilleurs choix de son, de matériel et d’arrangement, ce qui nous a grandement aidé dans la réalisation de ce cd et nous tenons à le remercier ! Par ailleurs, nous avons certes partagé de la musique avec Andrew, mais aussi de très bons délires, et il est depuis un bon ami du groupe. Ce fût pour ma part un réel plaisir d'enregistrer cette demo avec lui.
MI. Quel était le but de MCD, de dénicher un label ?
Julien. Nous faire connaître avant tout, en tâchant de montrer ce dont nous étions réellement capable suite à la réalisation quelque peu expéditive de la première demo. Cela nous permettra, nous l'espérons, de dénicher plus facilement de bons concerts, et effectivement, sur le plus long terme, de trouver un gentil petit label pour nous produire.
MI. Si tu veux ajouter quelque chose au sujet du MCD c'est le moment...
Julien. Merci à Katiana, du groupe lillois "Ibid Hagnoi" (dont j'ai également fait partie du reste) pour sa prestation au clavier sur le titre "Equilibrium".
MI. Quelle est pour vous la meilleure chose, composer, enregistrer ou faire des concerts ?
Julien. Houla ! J'ai envie de dire un peu des 3 : si une des 3 fait défaut à un groupe, celui-ci ne pourra jamais s'épanouir totalement. Pour ma part, j'ai d'excellents souvenirs dans les trois activités : un ou deux concerts notamment, où on a réellement senti que les gens appréciait notre musique. C'est un sentiment gratifiant et très intense ! Mais le plaisir de la composition est bien différent de celui de la scène : plus pérenne et potentiellement sans bornes à mon sens. Cela dépend aussi évidemment de l'état d'esprit du groupe sur le moment.
MI. Que penses-tu des clivages au sein de la scène Metal française ?
Cédric. A vrai dire on ne se sent pas vraiment concernés au sein du groupe. Sans tomber dans la caricature politiquement correcte, comme l'a dit Julien nous tâchons d'avoir une approche la plus large possible, donc nos centres d'intérêts ne se veulent pas limités à la base. Personnellement mon univers musical dépasse le cadre (pourtant large !) du Metal, donc si certains cherchent à se limiter à des styles précis, grand bien leur fasse. Après ça, voir des Blackeux tapper sur des fans de Heavy ou des fans de Death tapper des néo Metalleux, ça rappelle juste que certains en sont encore au stade de marquer leur appartenance à une meute. Ces gens là ne sont pas de ceux qui font avancer la scène. Dans les quelques concerts qu'on a fait, on a toujours vu des fans de Black, Death, néo et autres mélangés, c'est plutôt ça notre vision du Metal Français.
MI. Quel est votre pire et meilleur souvenir au sein d'Agnosys ?
Julien. Le pire : Un ou deux concerts, ceux que tu fais quand tu commences dans le Metal et que tu joues là où on veut bien de toi. Nous avons joué avec Kristendom notamment, mais le public et l'ambiance n'étaient pas du tout ceux d'un concert Metal. Bien sûr c'est sympa de jouer pour les potes, mais pas avec les contraintes matérielles d'un vrai concert.
Le meilleur : Un ou deux concerts aussi. Celui de la fête de la musique 2003 à Lille par exemple.
MI. Et si tu veux parler guitare, vas-y aussi... Quelle est ta formation musicale, quel est ton gratteux préféré, quel matos utilises-tu, tu joue avec deux doigts...
Cédric. En ce qui concerne ma formation, je joue depuis 12 ans maintenant. En fait ce chiffre ne veux pas dire grand chose en soit, parce que comme beaucoup de débutants j'ai passé de (trop) nombreuses années à stagner, en gratouillant approximativement des tonnes de riffs au lieu de travailler pour de bon. Finalement ce n'est qu'en créant le groupe avec Stéphane, qui avait déjà un certain passé de guitariste à l'époque, que je me suis vraiment sorti les doigts pour faire quelque chose de ma guitare. Aujourd'hui j'alterne le travail spécifique au groupe avec l'étude de morceaux généralement extérieurs au Metal, quand j'ai le temps. Le plus souvent cela m'emmène à trimer sur un morceau de Steve VAI, jusqu'au moment où je me résigne au fait de n'être qu'un simple mortel.
Au niveau du matos je joue maintenant sur une IBANEZ JS-900. J'adore cette guitare, très sympa parce que réellement polyvalente (hé oui il n'y a pas que le brutal dans la vie !). A l'avenir elle pourrait bien voir débarquer une petite soeur avec une corde de plus, à voir... Côté ampli je me suis converti au POD, ça me permet d'avoir le même son chez moi, en répet et en concert, ça fait déjà un problème de moins à gérer...
MI. Ton avis sur la probable mort de Dimebag Darrel ?
Cédric. Dimebag était un guitariste hors-normes, d'une rare fluidité et efficacité. Ce qu'il a fait au sein de Pantera est grandiose et a bercé une partie de notre jeunesse à tous. C'est une grosse perte, musicalement et émotionnellement. Que dire d'autre ? Bien sûr ce qui s'est passé est consternant, mais j'ai bien peur que personne ne soit totalement à l'abri de ce genre de chose aujourd'hui. C'est d'autant plus triste qu'encore une fois, ça ne va pas contribuer à améliorer l'image du Metalleux véhiculée par les médias "de base"...
MI. Quelle est la question à laquelle tu en as marre de répondre et quelle est celle à laquelle tu aimerais répondre (avec les réponses s’il te plaît) ?
Julien. En fait, c'est ma première interview, mais pour ne rien te cacher, "comment vois-tu votre musique ?" est une question pénible, pour ne pas dire très chiante. Elle m'oblige à nous prendre très au sérieux, alors qu'Agnosys est avant tout pour moi un groupe d'amis, la musique étant le ciment qui nous unit. En outre, notre modeste médiatisation ne m'a pas encore donner le loisir de réfléchir à une question qu'on aimerait se faire poser.
MI. Si tu as un message à faire passer, je te laisse tribune libre…
Julien. Comme je l'ai dit, pas de message dans Agnosys, juste de la musique.
MI. Pensez-vous déjà à votre premier album et si oui, peux tu nous fournir quelques détails ?
Julien. Nous commençons à y penser oui. Mais ce n'est pas pour tout de suite, il y a encore pas mal de chemin à faire d'ici là (concerts, label...). Mais nos dernières compo montrent que ce qui fait la force d'Agnosys sera plus que jamais exploité : des sonorités et des structures toujours plus riches et variées, et une alliance brutalité/mélodie omniprésente. En terme de qualité de composition, "Equilibrium" nous a permis d'établir un certain niveau que nous allons toujours chercher à perfectionner.
MI. Je te laisse conclure en te remerciant pour ta patience et de m'avoir répondu…
Julien. Merci pour cet interview, ça m'a permis de me remémorer de bons souvenirs. Et à bientôt en concert !
Ajouté : Jeudi 16 Décembre 2004 Intervieweur : Blasphy De Blasphèmar Lien en relation: Agnosys Website Hits: 20631
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