MISANTHROPE nous revient enfin, 3 ans après le fantastique Sadistic Sex Daemon. Metal Hurlant suit le chemin emprunté en 2003, sulfureux, grandiloquent et plus brutal que jamais. Les comparaisons ne s'arrêtent pas là, puisque ce double album enregistré au Manoir des Déportés (le studio du groupe) est entièrement chanté en français avec des textes souvent contestataires (« L'Exaltation de la Croix ») souvent poignants (« Reine Martyre ») et même parfois fantastiques (« Metal Hurlant ») mais toujours magnifiques. Le premier cd propose 8 morceaux corrosifs, mélange subtil de Death/Black teinté de mélodie. La variété est encore au rendez-vous : dés le départ, la baffe de « L'exaltation de la Croix » est suivie de morceaux tantôt rapides (« Théologie du Misanthrope ») tantôt lourds (« Reine Martyre ») pour se finir par un terrible « Le supplicié » aux relents de Black Metal. Le deuxième CD n'est pas en reste. Il ne s'agit pas d'une galette « bonus fourre-tout », mais bien au contraire de la seconde partie de l'album : 4 titres de plus, dont le magnifique « Le commerce du Crime » qui a pour thème la traite des esclaves noirs. En cadeau, les habituelles versions instrumentales, ou chantées en anglais en plus d'une vidéo présentant le making-of de l'oeuvre. Deux invités sont présents, le guitar-hero Patrick Rondat qui nous gratifie d'un solo étourdissant sur « Plus de Descendance » et You Hoshima, chanteur de Kadenzza qui accompagne SAS sur une nouvelle version du « Supplicié ».
Et encore une fois, le son est plus qu'exemplaire. La basse agile de Jean-Jacques Moréac soutient parfaitement les riffs acérés d'Anthony Scemama. Toujours aussi précis derrière ses fûts de l'enfer, Gaël Féret livre des parties spectaculaires, rapides et puissantes. Sieur SAS de l'Argilière rend sa voix encore plus dérangeante et pousse des hurlements à vous glacer le sang.
MISANTHROPE a évolué de façon indéniable. Certains puristes regretteront ces changements, car il est vrai que l'on perd le côté artistique présent sur Visionnaire et Humiliations Libertines, bien que SAS réintroduise par endroit son fameux chant pleuré. Mais dans tous les cas, votre serviteur vous invite à découvrir ces nouveaux morceaux sur scène, lors d'un de leurs (trop rares) concerts en France, où vous serez très probablement surpris par l'efficacité du groupe, particulièrement si vous n’accrochez pas sur album.