Un opus de MELECHESH s’écoute comme on lirait un traité d’histoire sur Sumer et sur les civilisations Mésopotamiennes. Après les plaisants Djinn (2001) et Sphynx (2003) celui-ci, appelé Emissaries, à savoir le quatrième don aux divinités Nergal ou Marduk ne dérogera pas à la règle. Une grande collection d’hymnes sumériens, de mysticisme oriental, de récits chiadés avec notamment une chanson comprenant un texte ayant plus de 5000 ans d’existence ! Groupe cosmopolite transcendant les limites culturelles car pour rappel, le groupe d’Ashmedi (chants/guitares) a commencé sa carrière en Israël, s’est délocalisé en Hollande en 1998 et comprend des membres d’origine Arménienne, Assyrienne, Ukrainienne et Hollandaise. MELECHESH est le maître de son art musical, l’architecte et l’innovateur du Sumerian Thrashing Black Metal, comme ils aiment à se caractériser eux-mêmes.
Ce quatrième recueil occulte des Orientaux constate l'arrivée de leur nouveau marteleur de fûts Xul, bien que celui-ci soit présent dans la formation depuis 2004, remplaçant son collègue Proscriptor (ABSU, EQUIMANTHORN), qui apparaît néanmoins dans l’album en guise de guest vocals. Tradition oblige, MELECHESH incarne la combinaison de riffs et de mélodies Metal extrême et habiles d’un niveau technique élevé assorties à des résonances et un jeu de guitares spécifique de l’Orient, aux structures sophistiquées et un jeu de percussion si propre aux compositions qu’induit le style de MELECHESH. Le duo Ashmedi et Moloch (guitares) extraient leurs fondations Metal essentiellement du Heavy Metal, le tout fardé de célérité Black par les chants, les incantations et les blastbeats.
La fête est lancée par « Rebirth of the Nemesis (Enuma Elish Rewritten) » et son intro léchée comme d’habitude. Agressif, éloquent, profond et mystique. Les adjectifs qui qualifient le mieux l’univers de MELECHESH. Le titre « Ladders to Sumeria » poursuit le même chemin de ce Thrash orientalisé virulent. Ashmedi et ses compagnons ne relâchent pas l’étreinte et nous font office de chœurs porteurs de maléfice. La montée de la tour de Babylone continue avec le morceau à rallonge « Deluge of Delusional Dreams: Act.I Cast Tempest from the East ». L’acte I est un déferlement de riffs Heavy aux mélodies imparables. Quant à l’acte II, il se veut plus utopique et escamoté, tout en conservant cette trame de riffs et cette voix perçante. Comment ne pas y voir l’influence de KING DIAMOND ou de MERCYFUL FATE. Le quatuor enchaîne les tubes avec « Touching the Spheres of Sephiroth », un concentré de vélocité guidé par des riffs tranchants. Rapidité d’exécution. L’absence de Proscriptor n’a en rien affecté les compositions du groupe et Xul s’en tire avec les honneurs, même si son jeu paraît un peu moins étoffé et créatif que son prédécesseur. Avec « Gyroscope », on revient à ce que MELECHESH est reconnu pour: des intro harmoniques qui savent prendre leur temps. Le quatuor a vraiment un don pour amener et construire ses titres. On gravit la tour degré par degré, et le niveau devient plus élevé. Décidément, MELECHESH ne tient pas en place et nous assène « Double Helixed Sceptre » et Leper Jerusalem alors que l’interlude « The Scribes of Kur » nous propulse cinq millénaires en arrière au milieu d’un sanctuaire à Suse dédié à la divinité Ishtar. Envoûtant…
Chacun des titres possède sa personnalité et « Sand Grain Universe » n’y échappe pas, titre à la cavalcade de guitares. Et pour finir l’ascension de ce campanile légendaire qu’était la tour de Babel, le morceau « Emissaries and the Mysterium Magnum », un titre inspiré à grands renforts de riffs dissonants et d’un solo ensorcelant. Le plaisir ne s’interrompt pas là puisque un morceau bonus est également disponible, à savoir une session jam improvisée et enregistrée live en studio. Un sacré exercice de style périlleux mais où MELECHESH excelle à outrance. Comme d’habitude, le groupe ne laisse rien au hasard et fournit en plus une admirable couverture artistique, soignée et regorgeant de détails.
Les morceaux de MELECHESH se vivent, le genre d’album que l’on redécouvre à chaque écoute tant les arrangements, les atmosphères et le concept sont riches et passionnants. On peut percevoir ce Emissaries à des degrés de lecture différents. ASHMEDI fait partager sa culture au travers du Black Metal et c’est pourquoi MELECHESH est l’émissaire et l’ambassadeur de sa culture ancestrale qu’ils colportent depuis presque dix ans à travers le monde avec un succès toujours plus grandissant.