Enfin le nouveau MARTYR! Après 6 ans d'absence depuis Warp Zone, Feeding The Abcess est dans les bacs! Dès la première écoute du second album des canadiens, mon cœur a été conquis et n'a plus eu de répit depuis lors. C'est donc avec une certaine excitation que j'insérais pour la première fois la galette dans mon lecteur. Quelle ne fût pas ma déception! « Encore un groupe de Death Technique qui sombre du côté MESHUGGAH de la force... » me dis-je (Je pense notamment à un certain COPROFAGO). Mais rassurerez-vous, car une fois de plus si la difficulté ne vous effraie point, que vous aimez dénouer et fouiller pour comprendre l'essence des choses, cet album est pour vous! Tel le gel s'immisçant dans une diaclase, les sonorités sauvages de MARTYR prennent lentement racine dans votre tête, jusqu'à exploser votre cerveau comme on émiette une chips!
Pour qui ne connaîtrai pas, MARTYR, des frères Mongrain, vient du Québec et sort là son troisième album studio. Pratiquant un Death Technique, le combo se démarque par la présence d'une basse qui a sa place (c'est tellement rare) et des mélodies de guitare tout à fait entêtante. Warp Zone avait même un petit côté mélodique, rappelant certains extraits de DARK TRANQUILLITY, aux sonorités parfois douces et accrocheuses. Ce nouvel opus est bien plus sombre et violent, et extrêmement lourd à appréhender. Dans mes oreilles depuis 2 mois, ce n'est que maintenant que je suis tout à fait sûr de ce que je pense de cet album. Point d'allégeance meshuggahienne dans les parages, mais un renouveau de leur propre style. On retrouve la basse, les mélodies de guitare enivrantes (particulièrement sur « Lost In Sanity »), mais bien plus difficiles à repérer que par le passé. Sous un déluge de notes, de rythmes totalement alambiqués, il est ardu de se raccrocher à des éléments rassurants. C'est le défaut de beaucoup de groupes techniques, qui ressemblent à une explosion à fragmentation, mais où se trouve le noyau de la bombe? Il est bel et bien présent sur Feeding The Abcess, et au fil des écoutes, on retrouve dans le complexe paysage musical des chansons notre MARTYR bien aimé... Ce que les canadiens savent particulièrement faire, c'est différencier leurs morceaux sur un même album, il n'est pas possible de les confondre. « Havoc » et son intro aux violons, le côté progressif de « Feast Of Vermins »... Que pourrais-je dire de plus? Feeding The Abcess s'écoute, on en parle pas. Les mots ne sont pas suffisamment riches pour exprimer à la fois la complexité, le mélange des ambiances et le rentre-dedans de MARTYR. C'est le meilleur du Metal réuni en un seul. Encore faut-il pouvoir suivre, beaucoup ne prendront pas cette peine, ils ont tort!
Pour terminer cette apologie, on ne pourra même pas critiquer la production qui est tout simplement splendide, capable de rendre audible cette euphorie sonore. Seul François Mongrain le chanteur n'a pas cru bon de changer d'un iota son style de chant, aucune évolution de sa part, mais qu'importe! Un sans faute, hormis la faramineuse inaccessibilité de cet album qui découragera la majorité!