Après un A Whole Lot Of Nothing largement critiqué, à tort, CLAWFINGER nous revient avec son cinquième album. Alors, qu’en est-il de ces précurseurs, souvent copiés mais jamais égalés ? Eh bien, on peut dire qu’ils vont plutôt bien. La patate est toujours là, la hargne aussi. Et ils prennent même la pose pour des bustes un rien mégalo et décadents.
Au niveau musical, on peut dire que rien ne change vraiment. Ça reste du bon CLAWFINGER, tout en variant une nouvelle fois l’ambiance générale de l’album pour ne pas refaire toujours la même chose. Les guitares sont toujours acides et saccadées, le chant toujours aussi puissant et les riffs toujours aussi entraînants. Après une escapade de courte durée vers des horizons moins pesants (A Whole Lot Of Nothing), le quatuor suédois revient vers quelque chose de plus lourd, plus noir. Mais pas sur tout l’album.
On commence donc par un « Zeros And Heroes » qui donne le ton. C’est simple, monotone et bougrement efficace. Le côté malsain de « Recipe For Hate » surprend par son riff, mais nous fait bien comprendre que le groupe sait aussi prendre les gens à rebrousse poils. Et puis l’ambiance lourde dure jusqu’au titre « Bitch ». Ce dernier a un refrain super entraînant mais un couplet très light, épuré, avec des guitares presque claires et slidées. Une première pour le groupe. Mais le morceau, par son décalage, est une des pièces maîtresse de ce douze titres. « Money Power Glory » est, à mon sens, le meilleur titre de l’album. Un riff saccadé et puissant, très simple, qui déchire les oreilles et une nouvelle fois des paroles qui ne font pas dans la mesure. CLAWFINGER n’a rien perdu de ses convictions et le clame haut et fort.
Deuxième opus d’un diptyque considéré comme le plus mauvais du groupe (avec, vous l’aurez compris, A Whole Lot Of Nothing), Zeros And Heroes est pour moi un excellent album qui se mêle parfaitement à la discographie de CLAWFINGER. En concert, les morceaux assurent, et les membres donnent toujours tout ce qu’ils ont. Bien sûr, il sonne aussi peut-être les prémisses de ce que sera l’avenir du groupe. En effet, Erlend Ottem, membre fondateur et guitariste, quittera le groupe après la sortie de ce disque. L’aventure se termine pour lui, ce qui s’en ressentira dans la composition de l’album suivant.