Attention, les fans de Nounours et de la phrase culte « Bonne nuit les petits » peuvent justement allé se coucher. MIDDIAN et son Age Eternal n’est définitivement pas fait pour eux. Âmes sensibles s’abstenir ! On vous aura prévenu.
Alors, MIDDIAN, c’est quoi t’est-ce ? C’est un groupe né des cendres de YOB après que Isamu Sato et Travis Foster ont quitté le groupe en 2005. Mike Sheidt, alors seul rescapé de l’aventure, décide de reprendre les bases qui faisaient YOB pour fonder un nouveau groupe. Will Lindsay à la basse et Scott Headrick à la batterie le rejoignent pour monter cette formation qui ne plaira pas à tout le monde, c’est certain, mais qui vomit une musique qui ne peut laissé indifférent.
Ca fait penser à NEUROSIS à l’époque de Enemy Of The Sun et Through Silver In Blood, des guitares et les samples en moins. Mais on retrouve la même rage, le même désespoir qui côtoient une fureur et une approche du monde singulière. Ou encore, sur « Sink To The Center », on retrouve toute la lourdeur de certains morceaux de MELVINS.
D’ailleurs, tout est unique dans ce groupe. Sa formation, qui ne comprend que trois membres et qui donne pourtant l’impression d’une armée de musiciens qui se relaieraient pour nous projeter une musique à la fois savante et tellement primaire. Ses compositions qui laissent la part belle à l’ambiance et qui n’hésite pas une seule seconde à faire sonner la même note pendant deux minutes produisant un passage monotone, vide, inutile, presque, mais pourtant tellement indispensable. Même le nombre de titres de l’album est hors norme. On croirait plus à une démo avec ce cinq titres. Pourtant, on part pour près d’une heure de musique abrasive et décapante.
Les trois musiciens aiment aussi brouiller les pistes. On commence par un riff plutôt entraînant avec une guitare volontairement grasse et maîtrisé dans son approximation. Et puis, c’est le ralentissement, à la moitié de « Dreamless Eye ». Et on gardera un tempo lent, voire hypnotique, jusqu’à « The Celebrant », qui réveillera un peu tout le monde. Les voix superposées, tantôt hurlantes, tantôt teintées de Black Metal écorché et tantôt claires et sublimes, sont en retrait par rapport à la musique, agrandissant ce sentiment d’insaisissable, d’irréel. Les guitares claires dans les intros (« The Blood Icons ») accentuent une nouvelle fois le côté planant de la musique, même si elles ne peuvent gommer la sensation d’amputation barbare qui nous assaille lorsqu’elles se font violentes.
On est loin, avec Age Eternal, d’un Doom mélodique. Pourtant, on sent réellement toute la palette de sentiments que MIDDIAN désire faire passer, justement par cette exacerbation à l’extrême de la sensibilité humaine. Sublime.