Les albums soli des guitaristes de Metal se décomposent en deux catégories. D’un coté, les amateurs de classique, qui égrènent à longueur de piste les mêmes harmonies baroques mixées aux influences rythmiques typiquement hard, de l’autre, les jazz-rockeux, qui n’ont de cesse de prouver au microcosme dont ils font partie, à quel point leur niveau est excellent et leur technique variée. Ce qui donne très souvent des albums insipides, ou l’ennui le dispute à l’indifférence, et ou l’on cherche en vain la moindre trace d’inspiration originale. Très rarement, lorsque les instrumentistes savent laisser leur ego au placard (qui cela dit, doit être vaste, vu l’ampleur de l’ego en question….), on se trouve face, non pas à un déluge de notes tous azimuts, mais à un canevas savamment tressé, amoureusement préparé, que l’on écoute l’oreille bien dressée pour ne pas en manquer un instant.
Quid de Mr ANGRA, Kiko LOUREIRO ? Lui fait partie de la deuxième catégorie, celle des admirateurs de Paco De Lucia, Al DiMeola, Tribal Tech et consorts. Mais de part ses origines sud-américaines, il paraissait évident que le monsieur n’allait pas se contenter de jazz-rock de base. Il a aussi mis dans son cabas ses influences brésiliennes, chaudes, veloutées et bien relevées. Alors ce petit coté samba light pimente le plat proposé, pour le transformer en cocktail nocturne à Rio, avec cette superbe fille qui se déhanche sous la lumière de la lune.
Pour vous en convaincre, laisser vous happer par des titres comme « Havana », « Anastacia » ou encore « Camino a Casa » (j’en connais quelques unes qui seraient ravis de le raccompagner chez lui !), et vous vous retrouverez illico au pays du soleil, le bronzage naturel en option, et le portugais comme idiome natal.
Le reste du CD, bien que plus conventionnel dans le style, ne manque pas d’attrait, la combinaison magique de la guitare de Kiko et du piano de Yaniel MATOS fonctionnant bien souvent en osmose.
L’album se clôt sur « Recuerdos », illustration parfaite de ce mariage, une ballade propice aux souvenirs sur la plage, le ressac comme témoin.
Ne croyez pas que Universo Inverso ne soit qu’une carte postale cheap digne d’une agence de voyage un peu kitsch, non, c’est tout sauf ça. C’est simplement la rencontre de deux musiciens désireux de faire partager une passion, celle de la musique.
Merci pour cette petite heure en votre compagnie messieurs. Je fais mes bagages. Je vais à Rio. De Janeiro…