Avant que vous n’écoutiez Asmethee, car il mérite que vous l’écoutiez, il importe de vous mettre en garde contre deux faiblesses qui nuisent à la première appréciation de ce second album des Bordelais : d’abord, AMETHYS a ici fait le choix d’un chant exclusivement en anglais, avec une alternance plus marquée entre masculin et féminin, qui remplace les chœurs présents sur Les Ombres de Métal. Malheureusement, l’accent français, beaucoup trop audible, décrédibilise parfois la démarche. J’émettrais également quelques réserves quant à la texture vocale de Jean-Philippe : ce jugement est plus subjectif mais certains titres en deviennent presque indigestes (« White Wishes-Whispers », « Red Island-Rise Of The Volcano »). Autre défaut : le mix, qui situe la partie rythmique nettement en retrait au profit des voix dont le défaut a déjà été exposé. Cela est d’autant plus dommageable que le chant méritait probablement une place de choix, eu égard à l’effort de la formation en termes de création narrative.
Asmethee est un concept album ambitieux, aux ambiances riches et variées. Pourtant, malgré les nombreux breaks Prog, AMETHYS ne perd jamais de vue son objectif : dessiner à coups de notes une fresque auditive. Et au final, l’auditeur ne peut qu’être impressionné par tant de maturité pour ce qui n’est qu’une seconde réalisation. AMETHYS évoque SHADOW GALLERY, QUEENSRYCHE mais aussi par moments IRON MAIDEN, période Seventh Son Of The Seventh Son. Sur « Purple Hope-Asmethee », le groupe fait le pari audacieux, et réussi, de ne laisser s’exprimer que la voix de Myriam et le clavier de Florian qui, à l’instar des guitares solos sur l’ensemble d’Asmethee, fait défiler dans nos oreilles de jolies partitions. Le groupe s’offre un final en feux d’artifice avec « Rainbow Lights-Even If The Evil », « Golden Age-The New Order » et « Transparence-The Final Release » qui témoignent de tout le potentiel d’AMETHYS. Le talent de composition est indéniable. Ne reste plus qu’à soigner les défauts évoqués en intro pour que nous n’ayons pas l’impression de tenir entre les mains une démo améliorée mais un véritable album répondant aux critères de production actuels.