ILLLOGICIST. Derrière ce patronyme se cachent quatre talentueux italiens, qui font tourner la machine Death Progressif depuis quelques années déjà. Très influencés par ATHEIST, DEATH et CYNIC, la bande méridionale nous offre aujourd’hui son deuxième opus, après la sortie de Subjected en 2004.
La prise de tête est monnaie courante dans ce The Insight Eye, prenez donc une ou deux minutes pour avaler une aspirine ou quelque chose du genre. Car dès l’ouverture de la chanson éponyme de l’album, on rentre dans un tempo lourd, des structures arythmiques, atonales (prenez n’importe quel adjectif, rajouter ‘a-‘, cela conviendra tout à fait !). Les mélodies n’ont ni queue ni tête, semblant s’enrouler sur elles-mêmes indéfiniment, Les riffs sont difformes et peu entraînants. Il est difficile de ne pas penser à nos amis de MESHUGGAH (et GOJIRA dans une moindre mesure) pour ce genre de structures imbuvables mais tellement intéressantes. Le chant tantôt criard, tantôt guttural manque cruellement de saveur, on ne sent aucune rage, aucune colère ni même de la tristesse. On a l’impression que Luca Minieri (hurleur attitré) se contente de chanter « pour la forme » : il chante parce qu’on ne peut faire de groupe sans chanteur, il hurle car on ne peut pas imaginer un groupe de Metal sans cris gutturaux ou autres vomissures. C’est dommage qu’un tel sentiment se dégage d’un disque de Death Prog, on est là pour repousser les limites de l’originalité !
Les métalleux qui ne connaissent que le langage des tripes auront tôt fait de se détourner d’ILLOGICIST et de ses chansons alambiquées. Le problème est que le mixage est très lisse, très plat, sans aucune force. Certes, la basse est compréhensible (chaque année un et un seul album a le droit à cette distinction !), mais le reste des instruments en souffrent : des guitares froides, blêmes, une batterie jouée par un anorexique, un chant sans coffre… The Insight Eye manque de tripes, de rage, tout y semble trop calculé. Pourtant féru de Death Prog/Technique, c’est là une grande déception pour moi, de ne pas retrouver dans ce nouvel ILLOGICIST ce que je connaissais d’eux. Leur précédente galette était plus directe, plus accessible. Ici, on ressent l’absence de sentiments sur tous les titres, le chant n’a pas d’âme, les guitares sont ternes, le gris prédomine l’album.
Les Italiens n’ont pas su mettre en forme leurs chansons. Quand on se lance dans le cubisme, tout est irréel, déformé, et pourtant parfois beau. Ce n’est pas le cas avec ce The Insight Eye qui a trop joué avec les asymétries, les riffs trop compliqués et sans saveur, les lignes de chant qui se sentent comme dans une camisole dans ce cadre musical. Tout est trop calculé, il n’y a aucun moment pour souffler, et c’est là le pire. MARTYR pourtant ultra-technique sait faire respirer ses chansons. Les huit titres ne sont pas mauvais, mais on s’ennuie rapidement, il manque quelque chose de solide auquel se raccrocher. Si je n’ai qu’un conseil à donner aux Italiens, ce de se poser, et parfois se permettre un riff plus rentre-dedans, un petit bout d’épave auquel nous agripper afin de traverser la tempête dans la joie et la bonne humeur !