Le Pagan Metal nordique et son univers font décidément beaucoup d’émules à travers le monde entier. Nombreux groupes, n’ayant à priori aucun lien avec la culture nordique et la mythologie des anciens Vikings y sont, ceci étant, personnellement concernés et impliqués. En voici l’exemple avec le groupe NOMANSLAND, sextet russe en provenance de Saint Petersburg. Si les Varègues, Vikings originaires de l’actuelle Suède, transitèrent par la Russie pour rallier les peuples nomades des grands steppes eurasiennes pour commercer avec eux, leur culture n’imprégna pas vraiment ni profondément le monde et la culture multi séculaire russe. Pourtant, les membres de NOMANSLAND y semblent viscéralement attachés (en témoignent leurs surnoms typiquement nordiques) et s’activent énergiquement à propager leurs hymnes de Metal nordique païen. Ainsi, Hammerfrost est leur second album totalement dédié à Odin et aux autres divinités Ases et Vanes.
Ces russes professent donc un Viking Folk Metal, qui parfois rappellent des bandes exercées du genre à l’image de ENSIFERUM ou des finlandais de MOONSORROW. Disposant d’un gros potentiel et de beaucoup d’idées, ces buveurs de vodka concoctent sur Hammerfrost dix morceaux versatiles où tous les codes du genre sont employés : claviers pour distiller des ambiances diverses, des flûtes, des guitares acoustiques, toute une panoplie nécessaire pour faire des morceaux explicites et plaisants. Quant aux paroles, elles restent tout de même arriérées et quelque peut et stéréotypées (notamment sur le titre «Triumph of North» et une intro commençant par le cri ODIN que l’on peut entendre dans le film le 13ème guerrier de J.Mc Tiernan avec A. Banderas). On retrouve également trois titres instrumentaux dont le festif et folklorique «At The Odin’s Fest», parfait pour une bonne gigue à la fête du village, la dispensable «Ale», ou la synthétique «Fjell og Fjord». De leurs débuts dans le Doom, NOMANSLAND n’a rien conservé et s’attache à ressembler un maximum aux combos aguerris du Viking Pagan Metal, tels que EINHERJER. Cependant, le niveau n’est pas le même. Si on s’accorde à dire que NOMANSLAND sait écrire des morceaux épiques et éloquents comme le démontre la piste «Breath of The North » ou bien «Twilight of The Ages», somme toute plutôt réussie et attirante ; le reste nous laisse sur notre faim.
Les lignes vocales alternées suivant la disposition des mélodies en parties Black sont banales tandis que le chant clair reste tout aussi plat. S’ils ont semble-t-il ingurgité le parfait petit manuel du «comment faire des disques de Pagan Metal nordique», leurs morceaux perdent en énergie et traînent en longueur. Étirés, longuets, NOMANSLAND nous perd sciemment dans ses vastes landes enneigées. On pense notamment aux pièces que sont «Triumph of Winter», longue, longue…Plus de concision à l’opus ne lui aurait sans doute pas fait de mal. Heureusement que la puissance et la clarté de la production rendent l’ensemble pas horripilant à l’écoute. Il semblerait que la route soit encore longue pour les russes de NOMANSLAND pour produire des albums de meilleure qualité.