Créateur d’une musique novatrice et originale, synthétisant de nombreuses influences que l’on pouvait croire opposées, LYCOSIA est une sorte d’ovni dans le paysage musical français. Après plusieurs albums convaincants, les araignées nous livrent un Apocalypstick qui confirme ce que l’on savait déjà : il y a beaucoup de talent et de professionnalisme là dedans ! Alors on s’étonne que cela ne fonctionne pas mieux pour eux, et du coup, on leur pose des questions…

Line-up : Christi Scythe (Chant et guitare), MC Vice (claviers), Don Ragno (batterie), Ilhan (basse)

Discographie : Land Of tears (MCD - 1998), No Love Lost (Album - 1999), Unisex (Album - 2001), Lycosia (Album - 2003), Apokalipstik (Album - 2006)

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Metal-Impact. A chaque album LYCOSIA rencontre de bonnes critiques et un succès croissant, pourtant le groupe demeure dans l’ombre. Comment explique tu cela ? N’en ressens-tu pas une frustration parfois ?
Christi Scythe. Depuis les débuts du groupe, on cherche à écrire des albums Rock sans essayer de s’inclure dans une mode en particulier. Avec le temps ça nous a peut être isolé mais c’est aussi ce qui nous a permis de survivre à toutes ces modes qui apparaissent sur le devant de la scène puis qui disparaissent aussitôt. On est aussi un groupe français qui chante en anglais. Dans notre pays il y a des lois qui favorisent la chanson en français. Tout ça a une incidence sur nos possibilités de diffusion. Des majors nous avaient déjà contacté pour nous signer. Leur condition était surtout de nous obliger à chanter en français. En Finlande, au Portugal ou en Italie par exemple, tu trouves maintenant des grands groupes internationaux qui chantent en anglais. Ces groupes ont vraiment été appuyés dans leur pays pour exploser dans leurs pays respectifs et à l’étranger. Sur le plan médiatique, la progression de LYCOSIA s’effectue d’un album à l’autre. On a une démarche « self-made » et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

MI. LYCOSIA est le carrefour de plusieurs genres. Peux-tu nous éclairer sur les styles qui t’inspirent et sur l’évolution de tes goûts musicaux ?
C.S. Quand j’ai débuté la musique je faisais des reprises de METALLICA, SEX PISTOLS, UGLY KID JOE… Progressivement j’ai eu envie de composer. Mon orientation était plutôt Death Metal gothique. Avec le temps j’ai découvert plein d’autres musiques et j’ai eu besoin d’injecter certaines idées pour enrichir ma musique. La découverte des luths traditionnels et les chants diphoniques m’ont permis d’aborder différemment les deux instruments que je pratique dans LYCOSIA : la guitare et la voix.

MI. On compare sans cesse LYCOSIA à d’autres groupes, quelles sont les comparaisons dont tu est fier et celles dont tu as honte ?
C.S. Je n’ai jamais ressenti de honte en ce qui concernant les comparaisons avec d’autres groupes. Parfois on est comparé à des gros groupes qui ont tellement plus de moyens financiers que nous. Ça me fait toujours marrer et plaisir en même temps. Parfois les journalistes citent des groupes comme APHEX TWIN en ce qui concernent les expérimentations de LYCOSIA. Je suis d’accord. Aujourd’hui on nous rapproche de KILLING JOKE alors que je n’ai jamais vraiment écouté ce groupe.

MI. Le titre de ce nouvel album, Apocalipstik, est un jeu de mot assez cynique ; peux-tu nous en dire davantage ?
C.S. La pochette présente l’aspect le plus cynique de ce jeu de mot. C’est aussi une manière d’illustrer l’époque étrange dans laquelle nous évoluons tous. Les couleurs sont plutôt toxiques. Musicalement, le titre « Apokalipstik » englobe aussi les facettes développées dans notre nouvel album. Ça pourrait même définir notre style de musique.

MI. T’en as pas marre des changements de line-up ?
C.S. J’aurai, bien évidemment, préféré conserver un line-up stable mais certains musiciens qui ont joué avec nous se sont révélés être de gros connards. Je n’ai donc pas de temps à perdre avec ces bouffons. Avec d’autres musiciens j’entretiens toujours d’excellentes relations. Aujourd’hui Vy (ex bassiste) joue avec Jean Louis Aubert. Je suis très content pour elle.

MI. Dans tes rêves, avec quels musiciens célèbres aimerais-tu jouer ?
C.S. Je dirais des musiciens célèbres morts comme John Boham ou Phyl Lynnot, et des vivants comme Nikki Sixx, Mick Mars et Tommy Lee (en fait MOTLEY CRUE).

MI. La production d’Apocalipstik est assez remarquable, peux-tu nous en donner le secret ?
C.S. On ne révèle jamais les secrets de la Lyco-cuisines !! C’est Vince, notre claviériste qui s’est chargé de la production. On a complété le matériel d’enregistrement qu’il possédait déjà dans son studio. Ça nous a permis de travailler de manière autonome sans réelles contraintes de budget. Je trouve qu’il a bien réussi à mettre en évidence les parties électroniques et indus sur ce nouvel album. Avec « Say Fuck Yeah » et « Umnae Draka » on a fait du titre bien agressif, très puissant. J’aime beaucoup les distorsions numériques et les octavers sur cet album. La production du nouvel album est plus brute par rapport à l’album précédent. Avec « Follow Me » et « Last Splash » ont a aussi obtenu des bons refrains qui rentrent dans la tête. Tout ce que j’aime…

MI. Comment se déroule le processus de composition ?
C.S. D’abord je compose avec ma guitare branchée dans une chaîne hifi. C’est un système de son horrible mais redoutablement efficace selon moi. J’arrive ensuite avec mes nouveaux riffs au studio. On les enregistre. On les répète en groupe pour vérifier leur efficacité sur scène. Enfin, après avoir apposé les textes on est près à la phase d’enregistrement définitive.

MI. Quelle est pour toi la meilleure chose : composer, enregistrer ou faire des concerts ?
C.S. Je ne peux placer une phase au dessus de l’autre. Chacun de ces aspects dépend de l’autre. Le plaisir de la composition est surtout d’arriver à exprimer de bons entrelacs de mélodies. L’enregistrement te permet de finaliser ton idée pour arriver à une chanson. Enfin en live, tu partages le fruit de ton travail avec le public et le groupe. Je ne peux vraiment pas les départager.

MI. Aimerais-tu réagir à propos de notre chronique de votre album ?
C.S. C’est une bonne chronique. Les lecteurs sont informés du contenu de ce nouvel album par vos journalistes. Maintenant c’est aux lecteurs d’écouter et de se faire leur propre opinion sur notre nouveau disque.

MI. Pour conclure, si tu veux ajouter quelque chose ou faire passer un message, c’est le moment...
C.S. Nous serons en tournée dans toute la France et en Europe à partir du mois de Février 2007. Rendez-vous sur scène !