En 1983, quand sort Kill’Em All, METALLICA est déjà un groupe qui fait parler de lui grâce au système d’échange de cassettes qui existe entre fan de Metal aux Etats-Unis (c’est d’ailleurs marrant de voir ça venant des gars qui se sont clairement affirmés contre des systèmes de partage comme Napster !). C’est donc fort d’un succès au sein de la communauté musicale underground que le groupe entre en studio. Et Kill’Em All deviendra pour beaucoup l’album fondateur d’un nouveau style de musique, le Thrash Metal, même si on peut parler de bien d’autres groupes émergeant de l’époque qui ont portés aussi bien le flambeau et qui ont tout autant de mérite.
Pour ma part, c’est l’album de METALLICA, parmi leurs quatre premiers, avec lequel j’ai le plus de mal. Je pense que cela vient d’une part de la voix de James Hetfield qui est vraiment râpeuse, absolument pas maîtrisée et trop souvent hurlée. James s’est souvent posé la question, au début du groupe, de savoir s’il devait tenir le micro en plus de la guitare et, en entendant cet album, on comprend ses interrogations. Il devait être en pleine mue un peu tardive. D’autre part, pour quelqu’un qui n’apprécie les solos que s’ils apportent un réel quelque chose au morceau, Kill’Em All est loin d’être un bonheur. Ils sont brouillons, monotones et uniquement une débauche de vitesse sans réel but mélodique. On est encore à des années lumière de la beauté du solo de « Fade To Black ». Et puis, j’aimais beaucoup les structures un peu complexes du groupe. Or là, il y a peu de morceau un tant soit peu alambiqués. On peu citer la magnifique « The Four Horsemen », qui fut aussi interprétée dans une version beaucoup plus rapide par MEGADETH sur leur premier album sous le titre « The Mechanix », titre que portait le morceau avant le départ du groupe de Dave Mustaine. Par contre, des morceaux comme « Hit The Lights » ou « Metal Militia » sont des brûlots incandescents qui héritent beaucoup du Heavy Metal et du Punk. C’est rapide, destructeur et assez basique. Aussi bien dans la musique que dans les paroles. Le summum étant quand même « Whiplash » avec son riff principal que le premier guitariste venu peut interpréter. Par contre, on ne boudera pas son plaisir sur « Motorbreath » dont le riff principal est tout simplement génial, même si assez simple dans sa construction.
Kill’Em All, c’est aussi l’album de « Anesthesia », un solo de basse du regretté Cliff Burton. On peut dire ce qu’on veut, ce morceau met sur le cul. Déjà, il est rare de voir des solos de basse et Cliff a réellement apporté beaucoup pour glorifier un peu le statut de bassiste dans un groupe de Metal (tout comme l’a fait aussi Adrian Smith d’IRON MAIDEN). En plus, les harmonies et les gammes jouées sont vraiment intéressantes. Bref, c’est un des grands moments de cet album.
Au final, il y a du bon et du lourd dans cet album. Mais les titres dont tout le monde parle souvent pour montrer que cet album est un pionner du Thrash sont pour moi des passages de jeunesse auxquels il vaut mieux préférer des compositions plus lourdes et plus réfléchies que le groupe proposera par la suite.