Pour tout dire, je ne sais pas vraiment par où commencer. Alors laissez-moi une minute pour enfiler un maillot, prendre ma respiration et me jeter enfin à l'eau. Tout d'abord, après un mini-album, un live et une compil', CRADLE OF FILTH revient sur le devant de la scène avec un sixième album studio laissant planer un certain mystère quant à son contenu car on s'attend évidemment à du bon CRADLE de derrière les fagots, à moins que...

Et à la première écoute , je n'ai pas su où donner de la tête tant "Damnation And A Day" a balayé mes sens dans tous les sens. Je suis resté accroché à chaque morceau, fasciné par la richesse des mélodies, la puissance d'interprétation de Dani et par-dessus tout l'ampleur de l'ensemble. Moi qui m'étais un brin assoupi durant les trois années qui ont suivi "Midian", pensant comme tout à chacun que le groupe se reposait sur ses lauriers, j'ai immédiatement ressenti un tressaillement le long de ma colonne vertébrale et cette émotion vive et spontanée m'a révélé l'information subséquente : ce véritable chef-d'œuvre de près de 77 minutes est tout sauf concurrentiel.

En écartant couche par couche mon conscient afin de trouver à nouveau la route obscure et tortueuse qui serpente à travers la vallée des immondices, j'ai redécouvert cette flamme et ce souffle inexplicables qui se décèlent dès les premières mesures. La touche originale est sans aucun doute à porter au crédit de l'organisation de l'album qui n'est pas un album concept proprement dit mais presque, car "Damnation And A Day" s'écoute comme on lit un livre et les morceaux se perçoivent donc comme des chapitres. Chaque titre décolle verticalement, les guitares ne tombent jamais dans la récurrence et n'hésitent pas à sortir un riff venu d'ailleurs si le besoin s'en fait sentir. Même dans les moments les plus véloces, la rage du groupe reste très canalisée sans perdre de sa densité et sans passer par l'otorragie.

Réuni autour de l'inénarrable Dani, la horde vampirique sensiblement modifiée depuis "Midian" s'est même payé le luxe de rencontrer un orchestre symphonique (à l'instar de DIMMU BORGIR, oui je l'ai dit !) afin de peaufiner sa musique et d'aller encore plus loin dans sa recherche de l'inconnu. Car même si CRADLE OF FILTH utilise toutes les ficelles du Black Metal, il se démarque sans aucune mesure grâce à l'apport d'éléments indéfinissables qui créent ce petit (mais costaud !) plus faisant la différence. Quoi qu'on en dise, CRADLE OF FILTH, qui joue dans la cour des grands et n'a plus grand-chose à prouver depuis un bon moment maintenant, n'a en outre rien perdu de sa superbe, bien au contraire. N'en déplaise aux éternels réticents, "Damnation And A Day", grâce au talent à toute épreuve du groupe, offre l'occasion de charmer à brûle-pourpoint les néophytes et redonner un moral d'acier aux déjà conquis.