Rares sont les formations à bénéficier d’une telle réputation malgré une marginalité musicale évidente. SAMAEL est de celles là. Oublié le Black Metal des débuts (Worship Him en 1991), le combo suisse mené par Vorph (guitares, chant) et Xy (claviers et programmation) a progressivement mué en véritable phénomène novateur et inédit. Ce style déjà bien affirmé avec les succès de Passage (1996) et Eternal (1999) se perpétue donc avec Reign Of Light.
En gros SAMAEL fait du SAMAEL, ce Metal indus identifiable à la première seconde. Difficile de reprocher à nos amis helvètes de ne pas avoir révolutionné les thèmes (tant textuels qu’harmoniques) abordés sur Eternal, SAMAEL traverse déjà l’univers métallique avec quelques décennies d’avance … Tout juste notera-t-on que les trames arabisantes se révèlent de plus en plus présentes et ne constituent plus seulement un simple fond sonore. Dans ce but, SAMAEL a fait appel au guitariste Sami Yli-Simio (WALTARI, KREATOR) pour jouer les parties de sitar, et à la chanteuse Sandra Schleret.
Je m’interroge toutefois sur le choix du single, « Telepath », pas évident du tout, que j’aurais volontiers remplacé par les majestueux « Moongate » ou « Heliopolis ». De toutes façons, pour qui ne connaît pas déjà SAMAEL, la voix robotique de Vorph et cet ensemble tellement « mécanique » peuvent en repousser plus d’un … Il faut beaucoup plus qu’un simple single pour s’imprégner de la culture SAMAEL. Ce rendu froid et clinique me fait penser que SAMAEL s’imposerait naturellement comme la B.O. d’un Matrix intégralement consacré au troublant « Monsieur Smith ».
Pour ceux qui souhaitent écouter de l’indus dit plus accessible, je vous conseillerais plutôt de vous orienter vers le PAIN de Peter Tägtgren, non moins excellent …
SAMAEL, et ce n’est pas Reign Of Light qui viendra me contredire, on adore ou on ne s’y fait jamais. C’est parfois dangereux d’aller trop vite ou de voir trop loin …