C'est Wikipedia qui le dit, "un interlude est une petite pièce instrumentale jouée entre deux morceaux plus considérables". Peut-on pour autant parler d'interlude dans la carrière de Patrick Rondat ? Assurément non, car il n'est pas question ici de petite pièce instrumentale, mais d'un travail colossal. Le fruit de la collaboration entre deux musiciens discrets et passionnés.
Rondat, d'abord, puisque c'est là le seul lien entre le site où vous vous trouvez, cher lecteur, et un disque complètement hors sujet. Ce fabuleux guitariste, dont le talent n'a d'égal que la modestie, a fait son trou dans le monde du Metal grâce aux monumentaux Rape Of The Earth (1991) et Amphibia (1996). Il doit aussi le redécollage de sa carrière à Jean-Michel Jarre, qui n'hésita pas à le prendre comme guitariste de la tournée "Chronologie". Depuis, Rondat jouit d'une belle réputation et a pu confirmer ce qu'on pensait de lui au sein d'ELEGY ou CONSORTIUM PROJECT. Il a même participé au G3 aux côtés de Satriani. Comme quoi ce garçon sait bien s'entourer.
Et il semble avoir trouvé en Hervé N'Kaoua son pendant pianiste idéal. Pour vous faire une idée, N'Kaoua est sorti Premier Prix de Piano et de Musique de Chambre du Conservatoire National Supérieur de Paris. Respect, hein ? Et du respect, il doit y en avoir une bonne dose entre nos duettistes.
Déjà, l'osmose dont ils font preuve au long de ces douze pièces classiques révèle une complicité évidente. Au delà de la difficulté à adapter et jouer ces morceaux pour un duo piano / guitare électrique, il apparaît sans l'ombre d'un doute que Rondat et N'Kaoua y ont pris un malin plaisir. Et quelque part, en musiciens aguerris, la setlist ressemble à un vrai défi : entre autres 5 sonates de Beethoven, techniques à souhait, et un disque au tempo allegro (qui signifie "rapide", là votre serviteur vous ressort sa science d'ancien élève du Conservatoire de St Michel sur Orge ...) dans sa quasi totalité. Sans parler du virevoltant "Eté" de Vilvadi, que le père Rondat avait déjà repris à sa sauce dans Amphibia.
Bien sûr, si vous attendez une tornade de riffs et de soli hystériques, passez votre chemin. N'Kaoua et Rondat respectent l'intégrité des oeuvres qu'ils interprètent, avec le coeur. On y découvre deux musiciens au phrasé (pour Patrick) et au touché (pour Hervé) sensibles. Rondat, presque effacé, a préféré adoucir le son de son Ibanez, voire l'étouffer. Fou comme par instants, on croirait entendre un violon ... On surprend même parfois notre virtuose de la six-cordes à ne faire qu'un avec N'Kaoua. Je vous le disais plus haut, l'osmose est totale.
Merci messieurs, pour cette leçon de musique. Sous nos applaudissements.