Bob Catley a toujours su profiter de ses infidélités à MAGNUM pour travailler avec un tas de compositeurs différents. Ainsi, The Tower (1998), Legends (1999) et Middle Earth (2001) ont été entièrement écrits par le chanteur de TEN, Gary Hughes, grand fan de MAGNUM devant l'éternel. C'est aussi le clavier de TEN, Paul Hodson, qui s'est chargé de la composition de When Empire Burns. Pour Immortal, Frontiers a chargé son poulain préféré, le guitariste Magnus Karlsson, d'écrire12 titres pour Catley, et confié les manettes à Dennis Ward. C'est ce qui s'appelle mettre les meilleurs atouts de son côté. Encore que le Love's Dying Wish de STARBREAKER (autre projet de Karlsson) m'avait laissé sur ma faim, d'où une certaine appréhension.
Après une heure d'écoute et d'immersion totale, je qualifierais Immortal en un mot : la classe. Bob Catley, c'est la classe. Peu importe si il n'écrit pas ses propres chansons, ça laisse le soin à d'autres de révéler leurs talents. Et puis un mec comme Johnny a fait ça durant toute sa carrière (Ndr : j'aime bien citer Johnny, j'ai remarqué que ça en faisait ricaner certains ... que les jeunes loups fassent la même carrière et on reparle ... soyez ouverts d'esprit ... si, si, vous en êtes capables), alors ?
D'autant que la compo n'est pas confiée à n'importe qui. Ce qui me surprend plus, c'est que Karlsson ne joue presque pas de gratte sur l'album. Là aussi mes inquiétudes sont bien vite dissipées, dans la mesure où Dennis Ward et Uwe Reitenuer assurent comme des bêtes à la six-cordes. J'ai oublié de vous dire que c'est Dirk Bruinenberg (ELEGY) qui martèle les fûts. En gros, Catley (Frontiers ?) a réuni autour de lui ce qui se fait de mieux pour produire un Hard Rock classieux de qualité.
Immortal est un disque, que dis-je LE disque qui va vous réconcilier avec les années 80. Non, les années 80 ne furent pas que synonymes de claviers affreux et de tubes merdiques. Les années 80, c'est aussi "Light Up My Way", dans le même esprit que ce qu'avait pondu Stan Bush pour les films de Van Damme : classique mais efficace. C'est la décennie où le RAINBOW de Blackmore a plongé (je n'ai pas dit "sombré") dans le Hard FM avec Graham Bonnet ou Joe Lynn Turner ... Et "End Of The World" provient directement de ce RAINBOW là. Notons que Karlsson signe sur ce titre son unique solo de l'album, et il s'agit d'un des moments forts de l'album.
Malgré tout, Karlsson fait en sorte de ne pas cloitrer Immortal dans un seul contexte musical, et l'agrémente par ci par là de références majeures. "One More Night" présente bien des similitudes avec le Heavy Metal finlandais (STRATOVARIUS ou THUNDERSTONE), ceci étant dû au duo guitares / claviers que n'aurait pas renié non plus Malmsteen sur Odyssey. Vous avez remarqué qu'on vient de citer en quelques phrases les noms de Blackmore, Malmsteen et accessoirement Tolkki, trois guitaristes musicalement liés ? Ces trois là ont puisé leur inspiration dans les racines du Metal dur pour accoucher de chefs d'oeuvre infiniment plus mélodiques. Ils ont en permanence su jongler entre rythmes de plomb et refrains FM. Et c'est exactement la méthode qu'adopte Magnus Karlsson pour Bob Catley. Le tout, je dois dire, avec un certain talent.
Du coup, le super groupe balance hits sur hits, du single évident "You Are My Star" (avec ses rythmiques étouffées et son refrain mélodiquement parfait) au désespéré (mais toujours accrocheur) "War In Heaven", en passant par le mid-tempo "The Searcher" digne de MEAT LOAF et un "Open Your Eyes" qui durcit un peu le ton. Ce qui un plus peut paraître un poil trop accessible et donc vite lassant, parvient malgré tout à captiver du début à la fin.
Un dernier mot enfin sur Catley, car après tout c'est de son album dont on parle quand même. N'étant pas un fin connaisseur du style pratiqué par MAGNUM, je ne saurais vous dire si Catley sort des sentiers battus ou nous fait du MAGNUM-bis. Mais le garçon chante bien, a une voix assez unique et identifiable. Et sa réputation me semble justifiée. D'autant qu'avec un album comme celui là, Bob Catley ne risque pas de décevoir ses fans.