Au fur et à mesure de ses différents albums, et même si sept ans séparent Mirage de Carnage Carnival, MEMORY GARDEN s’est écarté d’un Doom traditionnel pour y incorporer des éléments Heavy, Power diront certains, un entre-deux pas toujours facile à satisfaire. Ainsi, s’il ne s’agit pas de remettre en cause les qualités vocales de Stefan Berglund, sa voix donne un rendu un peu trop lisse pour le genre et manque de coffre – la mélancolie pâtit dès lors de la mélodie – un défaut, et probablement un parti pris, que nous ne saurions mettre sur le compte d’un manque de maturité puisque le groupe officie depuis près de quinze ans. Et puisqu’ils sont les premiers, tant par le style que par leur interprétation, à nous inviter à la comparaison, il faut bien reconnaître que Stefan Berglund n’éclipse pas Robert Lowe (CANDLEMASS). Pour autant, cette alliance entre Doom et Heavy sait pouvoir aussi s’appuyer sur les talents du guitariste Simon Johansson (STEEL ATTACK), qui s’offre, pour notre plus grand plaisir, la part du lion sur ces dix compos. A l’heure où les solos ne sont plus véritablement de rigueur, pourquoi bouderions-nous notre plaisir ? D’autant que le talent de composition des Suédois, souligné par la production de Mike Wead (MEMENTO MORI, MERCYFUL FATE), est réel : le titre éponyme à lui seul, pour lequel le groupe a tourné une vidéo, est symptomatique d’un album aux morceaux faciles d’accès et même entraînants, un adjectif qui n’est pas habituellement associé au Doom, mais qui, une fois encore, est une marque de fabrique de MEMORY GARDEN. Si l’efficacité des différentes compos est quasi immédiat (« Carnage Carnival », « Dominion », « Beggars Anthem »), reste toutefois à en mesurer l’impact sur la durée, car, en en privilégiant l’efficacité, le groupe en a ôté les aspérités, au détriment, il faut bien le dire parfois, de l’émotion…