TOTO (usa) - Patinoire Mériadeck à Bordeaux (31/01/16)
Groupes Présents au concert : PASCALE PICARD (ca), TOTO (usa)
Date du Concert : dimanche 31 janvier 2016
Lieu du Concert : Patinoire Mériadeck (Bordeaux, France)
Une venue de TOTO en France, c'est comme une Saint Valentin pour le public français. Le rendez vous est régulier mais toujours apprécié. D'ailleurs, l'attroupement à l'entrée ne trompe personne, c'est la foule des grands soirs malgré un concert dominical sous une météo plus que capricieuse. La tournée des 35 ans ayant laissé de profonds et merveilleux souvenirs dans le coeur des fans, à quelle sauce le géant US du Rock westcoast allait il nous manger pour ce set de promotion du fabuleux Toto XIV ? La réponse n'allait pas tarder, mais un simple regard sur la setlist des dates de Strasbourg et Paris confirmait que le paquet était mis sur le petit dernier, au détriment de pas mal de tubes qui ont fait la gloire de Lukather et sa bande.
Il fallait d'abord pénétrer dans la patinoire, élégamment parée en ce soir de gala, et saluer les charmantes hôtesses très avenantes et souriantes... Et une fois face au gigantesque rideau blanc cachant la scène, l'attente commença, jusqu'à cette très surprenante première partie...
Quel drôle de choix que celui de PASCALE PICARD pour une ouverture de rideau d'un concert de TOTO. Je ne connaissais évidemment pas cette artiste, malgré mon ouverture d'esprit et ma soif de versatilité, et j'avoue avoir été agréablement surpris.
Artiste Québécoise de 35 ans et leader du groupe LE PASCALE PICARD BAND, elle se présentait ce soir en solo pour promouvoir son troisième album, All Things Pass, et je dois reconnaître que la guitariste/chanteuse a relativement bien chauffé l'ambiance avec son style Folk Rock acoustique assez soft, aux textes intéressants et attendrissants.
Immédiatement, je dois souligner sa performance, non en termes de critères musicaux, mais bien en termes de performance personnelle, car passer en ouverture d'un géant comme TOTO seule avec sa guitare, avec un énorme rideau blanc dans le dos et un mètre cinquante devant les pieds, face à des milliers de spectateurs n'est pas chose facile pour tout le monde. Mais Pascale à des couilles, et semblait relativement à l'aise.
Musicalement son cas est bien sur hors sujet ici, puisque dans un registre trop soft et externe pour être développé, mais sa voix, son jeu de guitare et son attitude méritaient largement ces quelques lignes, par respect, mais aussi pour une autre raison... Gageons qu'elle a du gagner quelque nouveaux fans ce soir, mais ce que je ne savais pas encore lorsqu'elle a quitté la scène, c'est qu'elle allait quasiment représenter le seul atout "Rock" de la soirée... A quelques détails près. (Pas de note)
Pause, courte, musique d'ambiance insupportable, boissons, gâteaux, rires, coucous, et enfin, les silhouettes connues se présentent on stage, sous les acclamations d'un public qui a compris que les choses sérieuses allaient commencer...
TOTO, j'aime depuis mes 11 ans, depuis qu'à la radio, je suis tombé coup sur coup sur "Rosanna" et "Africa", qui m'ont fait découvrir l'album IV, qui depuis à dicté ma passion. Je n'ai que rarement été déçu par ce groupe de légende, qui a abrité en son sein la section rythmique la plus fabuleuse du Rock Westcoast US, celle des frères Porcaro, malheureusement décédés beaucoup trop tôt...
Alors l'annonce d'un concert de promotion d'un album aussi fabuleux que XIV, qui renouait enfin avec la période faste et Rock du combo ne pouvait pas susciter chez moi plus d'enthousiasme qu'elle n'en a causé, et ce pour diverses raisons. Outre la qualité intrinsèque des chansons de ce LP, le retour au bercail de mon chanteur favori Joseph Williams, et du troisième frère Porcaro aux claviers étaient des arguments supplémentaires pour transformer cette date en évènement. Ce qu'elle fut d'une certaine façon, mais en célébrant la suprématie et le talent du seul musicien du groupe a encore avoir une véritable caution Rock, je veux bien sur parler de Monsieur Steve Lukather...
Entendez moi bien, je suis un fan Hardcore de TOTO. J'aime tous leurs albums, je les ai vus de nombreuses fois, et la critique de ce concert sera aussi objective que possible. Mais aussi très honnête, et de fait elle va appuyer là où ça fait mal, et elle va enfoncer des portes ouvertes depuis très longtemps.
Mais j'affirme aujourd'hui, et après ces deux heures live, qu'il suffirait de remplacer Steve Lukather par Mark Knopfler ou Eric Clapton au sein de TOTO pour obtenir un groupe de bal trois étoiles. Certes, les fans et les musiciens ont vieilli, mais sans Steve, c'est le naufrage assuré tant il est le seul à avoir gardé cette flamme Rock intacte, autant dans son jeu que dans son attitude et son regard. Sans lui, le reste du groupe est statique, apathique, et trafique vaguement les hits du passé pour les rendre assimilables par tout le monde, porteurs de sonotones et de prothèses de hanche compris.
L'adaptation douloureusement soft des morceaux les plus tendus du groupe est difficile à supporter, et seul UN morceau saura me rappeler quel groupe de Rock racé fut TOTO live il y a quelques années.
Et comble de l'ironie, c'est un des nouveaux titres qui remplira cet office, le magnifique "Orphan" qui sera joué avec une émotion palpable et une puissance phénoménale... Un grand moment de bonheur qui rattrape un peu la somnolence qui a plongé les trois quarts de ce concert dans un agréable spectacle de soirée, mais si loin des rivages de la côte Ouest des USA que je me suis clairement demandé si c'était vraiment ce groupe qui avait un jour joué des perles comme "White Sister" ou "Jack To The Bone".
Alors OK, le temps passe. OK, David Paich à de plus en plus de mal à se mouvoir, et à chanter aussi. Ok Leland Sklar aussi pointu et technique soit-il, n'a jamais souhaité devenir la doublure de Flea ou Robert Trujillo. Ok, Joseph s'est empâté, et à parfois du mal sur les chansons les plus lyriques. Et allons y franchement, si Shannon Forrest est un batteur de premier ordre, il n'a ni la magie mystique de Jeff, ni la fluidité impressionnante de Simon Phillips. Mais quand même, cela n'excuse pas ces versions aseptisées de "Pamela" ou "Hold The Line", ralenties à l'extrême, et dont le son est si policé qu'une plume pourrait se poser sur les cymbales sans tomber.
Mais visiblement, ça n'a pas empêché le public d'apprécier la performance...
Le show était carré, c'est indéniable, mais comment en attendre moins d'un groupe qui fêtera ses quarante ans de carrière l'année prochaine ? Le son était énorme bien sur, mais clair, même si la voix de Joseph souffrait d'un écho excessif, spécialement sur le côté droit de la scène. A l'opposé, les réglages des choristes étaient en tous points parfaits, et lorsque Mabvuto Carpenter et Jenny Douglas McRae s'avançaient pour partir en solo sur "Georgy Porgy" ou "Hold The Line", la magie opérait enfin grâce aux intonations très Soul qui paradoxalement insufflaient un peu de Rock à la machine inamovible.
Et si j'avais un peu tiqué en voyant la setlist et le manque de morceaux de la période bénie de Williams (Fahrenheit et The Seventh One, un seul morceau chacun), je m'en suis finalement réjouit en assistant médusé aux restitutions plutôt mollassonnes de "Pamela" et "Without Your Love"...
Car finalement, ce sont bien les titres du dernier album qui garantissent encore une AOC "TOTO" à toute l'affaire, comme le confirme le tonitruant "Running Out Of Time" d'ouverture. "Burn" affirme ce jugement, et même si "Great Expectations" souffre du même mal que les classiques, "Orphan" fait enfin briller de mille feux la machine, et me sort de ma torpeur...
A ce moment là, je me suis retrouvé dans la peau de ce gamin qui découvrait The Seventh One et Fahrenheit pour la première fois, des étoiles plein les yeux et des rêves américains plein les oreilles.
Autre highlight, la fausse reprise du "Bridge Of Sighs" de Robin Trower qui permet enfin à Lukather de se barrer en solo, et de nous offrir un pur moment de Rock saignant, prouvant par la même quel gigantesque guitariste il est depuis les années 70. C'est assez paradoxal de célébrer un solo pendant un concert, qui est la plupart du temps une figure imposée plus subie qu'appréciée, mais ce soir, c'était assurément un des rares éclairs d'énergie à avoir frappé la foule de plein fouet...
Alors, en vieux briscards, le groupe déroule. Les hits s'enchaînent, tous un peu anémiés, sauf "Afraid Of Love" qui nous fait un peu monter en pression (IV à comme d'habitude les honneurs avec quatre extraits), Steve nous déclare une fois de plus sa flamme, nous public français si chéri, et françaises si belles, et heureusement pour nous, l'intervention en solitaire de Paich ne s'éternise pas...
"Holy War" nous redonne un coup de chaud, mais non décidemment le coeur n'y est pas... Alors, on attend quand même le rappel, prévisible avec son sempiternel "Africa" en fermeture, mais tout ça me laisse un goût très amer dans la bouche et les tympans... Où est passé le groupe capable de mettre le feu en un seul "Home of The Brave" ?
Je l'ai entrevu durant "Orphan", mais fut un temps où TOUT le concert était de cette trempe, même durant les intermèdes acoustiques ou jazzy... Et je confirme donc mon affirmation précédente, Steve Lukather est désormais le dernier gardien du temple, le seul capable de faire se lever la foule en quelques notes, de sa voix ou de sa guitare... Pour tout dire, j'ai amèrement regretté qu'il ne se fende pas d'un petit "I'll Be Over You" ou d'un "I Will Remember", sans même parler d'un "Gift Of Faith" ou "Gipsy Train"... Ne rêvons pas...
Que donnera donc la tournée anniversaire des quarante ans du groupe ? S'il reste sur ce rythme de croisière, il est évident qu'il faudra prévoir du café en litres tant l'ambiance sera plus cosy que furieuse...
Alors certes, c'était un concert de TOTO, et le public était heureux, et moi aussi, quelque part, très loin, dans mes souvenirs.
Je terminerai sur une dernière déclaration d'amour à un de mes musiciens préférés, qui n'a toujours pas oublié à presque 60 ans ce que le Rock voulait dire. Merci à toi Luke d'être toujours là...
Et comme le dit la chanson... "Hold the line, love isn't always on time". Ce soir là, en effet, il était à la bourre... (6/10)
Setlist TOTO :
Running Out of Time
I'll Supply the Love
Burn
Stranger in Town
I Won't Hold You Back
Hold the Line
Georgy Porgy
Afraid of Love
Bend
Pamela
Solo David Paich
Great Expectations
Without Your Love
Bridge of Sighs (Robin Trower avec solo Steve Lukather)
Holy War
The Road Goes On
Orphan
Rosanna
Rappel :
On the Run-Goodbye Elenore
(extrait de Child's Anthem)
Africa
Ajouté : Vendredi 05 Février 2016 Live Reporteur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Toto website Hits: 11365
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