On se met parfois en pilote automatique pour chroniquer un CD. Fatigue, panne d’inspiration, et le seul remède dans ce cas est de laisser tourner l’album dans la platine jusqu’à ce que la muse pointe le bout de son nez. Pendant ce temps, la musique fait son effet ou pas, et l’on trouve enfin les mots pour la décrire.
C’est exactement ce qui s’est passé avec Nothing Comes To The End de MAFUBA. J’ai laissé les notes s’égrener petit à petit, et je me suis laissé envahir par des chansons qui demandent finalement un peu de temps pour se révéler.
Et l’atmosphère très étrange de cet album a finalement envahi mon espace sonore, me donnant envie d’en écouter plus, et de m’imprégner totalement pour pouvoir en appréhender les secrets.
Et une fois le déclic passé, on découvre un groupe attachant, qui propose des morceaux intelligents et qui s’incrustent doucement, sans faire de bruit, mais d’une manière durable. Le très épique « Beyoncé » par exemple, et ses sept minutes de climats divers est un modèle de construction émotive maximale, qui permet au groupe dans son intégralité de faire montre de ses talents, sans toutefois en rajouter.
Une section rythmique parfaitement en place, des guitaristes inventifs et délicats, et un chanteur aux possibilités très étendues, que demander de plus ?
D’autres preuves ?
Mais sans problème ! Le groove contagieux de « Last Named Fool » est impeccable pour bouger un peu, et rappelle même, pour une histoire de tempo et de lignes de guitares plaquées le « Walking on Sunshine » de KATRINA AND THE WAVES, « Stone » reste un Rock furieux et sans compromis, tout en restant radiophonique, le solo de « Get Away (Plan#2) » est un modèle du genre, les riffs plombés de « Girls Club » nous assurent que l’on reste en terrain connu, et à l’occasion de la doucereuse « Down », l’esprit des magiques STONE TEMPLE PILOTS refait surface pour un moment de flottement enivrant de beauté.
Alors, si les premières impressions laissent un goût de déjà vu assez gênant, il suffit de laisser la galette prendre le contrôle de son esprit et de le laisser vagabonder…
Et au final, on aboutit à une œuvre de première classe, produite par un groupe qui n’a pas oublié en route ce que le mot « composition » veut dire.
Ce qui, à notre époque régie par les lois du tape à l’œil est un sacré talent.