Les enfants de BLACK SABBATH et BLUE CHEER se portent bien, je vous remercie. Plus de 30 ans après, l’héritage de ces pionniers du décibel qui déchire, du riff gras comme un porc ventru suralimenté continue d’être exploité par des formations aussi différentes géographiquement que stylistiquement.
Prenons BISON B.C. (j’adore ce nom !) par exemple. Comment pourraient ils nier leur filiation directe avec les groupes sus nommés ? Par excès de mauvaise foi ? C’est possible. Mais gageons que telle n’est pas leur intention.
Alors pour les plus jeunes d’entre vous, cette petite introduction en forme de cours d’histoire ne voudra pas dire grand-chose, et il me faudra citer un gang plus « contemporain » pour que l’image prenne tout son sens. Et bien disons pour faire simple que l’influence MASTODON est plus que présente sur ce Quiet Earth.
Ne parlons pas ici de décalquage éhonté, mais plus simplement d’affiliation plus ou moins concrète, avec des similitudes plus qu’évidentes. Mais là où MASTODON respecte une ligne conductrice assez figée, BISON B.C. s’amuse avec les codes inhérents au genre pour mieux les exploser, à l’image d’un BURST par exemple.
Et loin d’un pilonnage systématique de nos esgourdes à grands coups de gueulantes incontrôlées ou de passages Heavy en pilote automatique, le combo sait jouer de variations subtiles et constructives pour mieux rendre leur musique addictive.
Pour argumenter et développer ce propos, je vous enjoins à écouter attentivement une compo comme « Wendigo Part 1 (Quest For Fire) », véritable leçon de savoir faire en ce qui concerne un mode de composition plein de relief et d’abondance rythmique. Les riffs se bousculent sans jamais se gêner, l’alternance est reine, et la multiplication des climats, loin de faire office de remplissage inutile, créé un univers hermétique mais incroyablement riche, avec en guise de cadeau, un solo plus 70’s que les chemises des BEE GEES.
On retrouve même parfois un feeling qui a animé autrefois les premiers efforts de PRONG, sur « These Are My Dress Clothes », ce Hardcore métallisé et hargneux à l’extrême, et si on veut vraiment se lancer dans une étude approfondie d’une paternité éventuelle, on parlera des MELVINS, en version beaucoup plus légère bien sur, mais qui saute aux yeux à l’écoute de « Quiet Earth ».
Ce qui n’empêche en aucun cas le groupe de se lancer parfois dans des cavalcades syncopées débridées, comme ils le prouvent avec « Dark Towers », où le chant prend même des intonations Punk assez roublardes.
Quant à « Slow Hand Of Death », c’est le type même de morceau apte à mettre tout le monde d’accord, tant ses lignes de guitares discordantes et sa cassure nette entre passages écrasants et accélérations subites provoque l’engouement sans réserve.
Alors bien sur, des oreilles averties et rompues à l’exercice de la lourdeur oppressante semblent indispensables pour apprécier cet exercice de style, mais il parait inexcusable de passer à côté de BISON B.C. tant leur album est une fourmilière d’idées, si ce n’est novatrices, tout du moins inspirées.
Du culte avant l’heure, et vous voudriez refuser ???