TSJUDER est mort, vive TYRANN ! Shadows Of Leng est en effet le premier album de la nouvelle formation, initialement side project, du guitariste chanteur Draugluin, accompagné d’Antichristian à la batterie, également un ex de TSJUDER, et de Seidemann (1349) à la basse. Et pourquoi faire plus que trois ? Certains ont bien fondé une religion sur une trinité, non ? Faut-il voir dans le doublement du « n » la marque d’un album qui soit un concentré de haine ? Pas forcément. Shadows Of Leng ne nous assomme pas sous un déluge d’agressivité continue, tout n’est pas à l’image de « Shub-Niggurath », mais préfère varier les ambiances, en alternant par exemple titres courts et d’autres nettement plus longs. Le tout reste néanmoins foncièrement malsain et lorsque le groove est de rigueur (« Hellridden »), ce dernier est suintant ; la basse, quant à elle, sent la rouille et vibre avec l’intensité du live (« Trial By Fire », « Hellriden », « Black Moon »). Le Black des Norvégiens laisse aussi la part belle au Thrash avec des riffs sales et entraînants (« Dreams Of R’Lyeh ») qui animent des breaks dont l’effet sur scène doit être redoutable et salvateur entre deux déferlements de rage. A l’écoute de « Soulburner », on croirait même presque entendre une version Black Thrash d’un titre testostéroné de MOTÖRHEAD. Sur les onze minutes de « Grave Dreamer » qui clôt Shadows Of Leng, une odeur de soufre nous assaille, mais aussi l’odeur d’un champ de bataille, lorsque les armes se sont tues et que l’étendue du massacre s’impose à nous. Ce titre, épique et guerrier, est une réussite. L’auditeur ne suffoque pas pour autant sous un trop plein d’originalité. On écoute, réécoute, mais rien qui ne soit véritablement nouveau. Mais… on écoute et réécoute quand même : pourquoi bouder notre plaisir ?