VALLEY OF THE SUN (usa) - Espace B à Paris (01/10/16)
Groupes Présents au concert : DOT LEGACY (FRA), VALLEY OF THE SUN (usa)
Date du Concert : samedi 1er octobre 2016
Lieu du Concert : Espace B (Paris, France)
"Bonsoir, on est DOT LEGACY et attachez vos ceintures parce que ce soir on va vous botter le cul super fort, vous allez prendre vraiment très cher et ce ne sera qu'une mise en bouche parce que nous ouvrons pour les américains de VALLEY OF THE SUN qui vont vous en mettre une deuxième couche et vous envoyer valser dans la stratosphère en vous bottant le cul encore plus fort."
Les parisiens de DOT LEGACY sont trop bien élevés et modestes pour se présenter ainsi mais c'est la meilleure définition que je puisse donner de ce concert mémorable qui a réuni une poignée d'amateurs de gros son samedi 1er octobre à l'Espace B. Petite salle cachée au fonds d'un bar du 19 ème arrondissement, l'Espace B n'est pas du genre lounge pour bobo. C'est vrai bar qui sent la sciure, la bière et la vapeur de percolateur avec sa télé qui diffuse du foot en continu, ses bouteilles poussiéreuses, sa tireuse à Pastis, son chiotte à la turque et ses habitués qui dévisagent tout nouvel entrant d'un air patibulaire. Vraiment pas le genre d'endroit dans lequel on s'attend à trouver un club organisant des concerts de Stoner. Et pourtant ce samedi soir, c'est une affiche tout ce qu'il y a de plus perchée qui s'offre aux initiés.
DOT LEGACY, je les avais découverts il y a un peu moins de deux ans, sur la scène du Point Ephémère où ils ouvraient pour BLUES PILLS. J'avais beaucoup aimé cette prestation, hélas desservie par une sonorisation déplorable. Je compte sur cette nouvelle date pour remettre les pendules à l'heure. Quant aux américains de VALLEY OF THE SUN, ils tournent actuellement en Europe pour promouvoir leur deuxième album, Volume Rock sorti au printemps 2016. A l'instar de nombre de formations évoluant dans le Heavy Rock, c'est un groupe taillé pour la scène et leurs prestations sont toujours explosives.
Les deux groupes, qu'on range par facilité dans le fourre-tout du Stoner, ont chacun un univers musical bien à eux. DOT LEGACY est difficile à catégoriser tant sa musique est protéiforme. Un mélange de Space Rock, Heavy Psych, Heavy Rock, avec des incartades dans d'autres univers musicaux, pour un cocktail détonnant qui rappelle parfois KYUSS, dans la forme. Car il y a chez Jean (guitare lead), Damien (chant, basse), Arnaud (guitare rythmique, claviers) et Arthur (batterie) une forme de lâcher prise totale sur scène qu'on n'imagine pas une minute quand on les croise à la ville. Quand ils montent sur scène et enfourchent leurs instruments, les quatre garçons laissent sur le bas-côté leur personnage civil et deviennent quelqu'un d'autre. Damien revêt un ensemble collant très seventies, Jean se met torse nu, Arthur élargit l'amplitude de ses mouvements, allant jusqu'à se lever pour asséner un coup particulièrement brutal sur son kit. Quand à Arnaud, il exagère l'accentuation des lyrics, tire la langue, grimace comme un furieux. Les gratteux sautent dans tous les sens, grimpent sur la grosse caisse ou sur les bas-côtés. Ils sont contents d'être là et le montrent à 200 pourcent. Une énergie fusionnelle se dégage du quatuor, énergie qui a tôt fait d'emporter la salle dans leur délire.
Comparé à ces cinglés, VALLEY OF THE SUN parait plus classique dans la forme. C'est un quatuor également, avec la même répartition basse, double guitare et batterie et leur son est un Heavy Rock tantôt brutal, tantôt planant, où le chant habité du frontman Ryan Ferrier est porté par un jeu d'ensemble mastoc qui envoie bûche après bûche. Surtout, ces deux formations ont en commun un sens de la scène, une présence et un groove de taré.
Des points commun de forme, de grosses différences de fonds, des univers voisins et pourtant très éloignés, comme si les formations étaient parties d'un creuset commun pour évoluer dans des directions différentes.
La faute à un petit problème d'affichage, le concert censé commencer à 19h (invitation facebook) est finalement annoncé à 20h puis à 21h. Ce n'est pas bien grave en soi, mais patienter deux heures en buvant des pintes de Pelforth blonde au bar de l'Espace B avec pour seule distraction la rediffusion d'un match de foot et Voltage FM en bruit d'ambiance n'est pas ma définition d'une soirée réussie. C'est donc impatient et remonté à bloc que je pénètre dans le club sitôt la porte ouverte. Il s'agit d'une salle rectangulaire pouvant accueillir 180 personnes avec un bar d'un côté et une scène de trois mètres de profondeur de l'autre. Pas de backstage ici, le groupe entre sur scène en traversant la salle. Ce que fait DOT LEGACY. Damien présente son groupe et envoie "Rumbera", une chanson très catchy, tirée du debut album éponyme. Sur ce morceau, Arnaud (guitare, claviers) se démène comme un furieux sur son petit clavier accompagnant un chant choral en espagnol et un riff qui se grave facilement dans le cortex. A ce morceau très remuant, le public chaud bouillant qui semble déjà connaitre le quatuor répond au quart de tour. On bouge autant dans la salle que sur scène, tout le monde s'étant rapidement mis dans le bain. Si tous les musiciens sont au taquet, on remarque tout particulièrement la belle prestation d'Arthur, le nouveau batteur qui touche sa bille, maltraite ses fûts avec enthousiasme avec un jeu très délié et visuel. C'est l'un des avantages de ces petites salles, on entend la batterie directement, sans le filtre de la sono. Sans laisser retomber l'ambiance, DOT LEGACY enchaîne "211", "5314" et "Story of Fame", trois morceaux inédits tirés de leur deuxième album To The Others à paraître fin novembre. Suit "Pyramid", l'un des morceaux les plus représentatifs du style DOT LEGACY, mélange à haute densité de plein de choses assez jouissivement mixées. La demi-heure de cette première partie s'écoule à une vitesse hallucinante quand est annoncé le dernier morceau, "Cruiser" un instrumental sur lequel les parisiens se lâchent complètement, emmenant l'assistance dans un jam endiablé qui se termine par un duel de guitare entre Arnaud et Jean, chacun juché sur une caisse de chaque côté de la scène. Ce set ramassé a permis au groupe de tout donner. On retrouvera DOT LEGACY en ouverture de TRUCKFIGHTER au Petit Bain en novembre, la semaine de la sortie de leur nouvel album. Et on espère pouvoir bien vite assister à un set où ils seront en tête d'affiche, car ils le méritent amplement, comme ils nous l'ont démontré ce soir.
"Hey DOT LEGACY, could you please tell to people outside that our show is beginning ?" Il a fallu moins de 25 minutes à VALLEY OF THE SUN pour s'installer sur la scène libérée par DOT LEGACY et, presque timidement, demander à ces derniers de rameuter le public pour le début du concert. La salle n'est pas immense et les spectateurs ont tôt fait de rejoindre le groupe qui démarre son set sur des chapeaux de roues avec un "Hearts Aflame" bien couillu. Dès cette chanson, et pour le reste du set, VALLEY OF THE SUN me fait beaucoup penser aux canadiens de MONSTER TRUCK. Mais Ryan Ferrier est bien plus sexy que son homologue canadien. Il a un peu une dégaine à la Bruce Willis, mais je vous accorde que le crâne rasé et le visage carré sont pour beaucoup dans mon évaluation. En tout cas, ce qui sort des enceintes, c'est du 100 pourcent pur Heavy Rock qui déboite et il ne faut pas longtemps pour constater que les gars savent tenir un public. Un public qui était déjà bien échauffé par la première partie et sur lequel cette ouverture a l'effet d'un Zip dans un barbecue : la flamme est entretenue, le feu gronde sous les braises et on sent que ça va bientôt exploser. Sur scène aussi, il y a du sport jusqu'à ce que Adam Flag (guitare) parte dans une espèce de pirouette, se prenne les pieds dans un câble et s'écrase lourdement sur le set de pédales de Ryan Ferrier foutant le souk dans les réglages de ce dernier. Plus de peur que de mal pour l'accidenté qui se relève et reprend sa place, mais cet incident oblige le chanteur à de nombreux réglages tout au long du set. Et c'est justement à l'occasion de ces réglages que la personnalité facétieuse du nouveau bassiste, Ringo Jones se révèle. En effet, dès qu'il en a l'occasion, Ringo prend le micro et balance des blagues. Tout le monde n'a pas la répartie nécessaire à embrayer au quart de tour pour maintenir le public focus pendant que les copains gèrent les problèmes techniques. Ringo sait faire et il est difficile de résister à ses clowneries, d'autant plus qu'elles ne nuisent absolument pas à la qualité du set qui se poursuit comme il a commencé, à grande vitesse et fort volume. Avec une belle setlist qui emprunte aux deux albums publiés par la formation, l'heure et demi de concert passe comme un rêve. Tant et si bien qu'au moment de poser les guitares, le public réclame si fort un rappel que le groupe accepte à condition qu'on leur apporte une bière. C'est alors qu'Arnaud Merckeling (guitariste de DOT LEGACY) débarque sur scène avec quatre demi que les américains sèchent en un temps record avant de se lancer dans un "Centaur Rodeo" aussi acrobatique et violent que son titre le laisse entendre. L'un dans l'autre, on peut dire que les deux groupes ont retourné le public et que cette soirée en petit comité a été une franche réussite.
Setlist VALLEY OF THE SUN
Hearts Aflame
Deep Light Burns
Gunslinger
Eternal
Empty Vision
Maya
Beneath The Veil
Wants and needs
The Hunt
Shaman
Centaur Rodeo
Ajouté : Samedi 29 Octobre 2016 Live Reporteur : Rivax Score : Lien en relation: Valley Of The Sun website Hits: 5947
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