Elle est partout, cette crise. On la croyait d'abord seulement dans le monde de la finance et de l'économie mais c'est finalement EARTH CRISIS qui délivre le message le plus pertinent. Etant donné que c'est le blé qui domine le monde, c'est la Terre entière qui est en crise. Et si elle passait moins de temps à l'hémicycle et plus dans les fosses les soirs d'orgies bestiales sous l'égide du gros Hardcore qui salope tout, Christine Lagarde aurait pu en prévoir un, de plan de relance. Mais là, nada ! Du coup, les américains lui en apprennent une bien bonne : on est dans la merde jusqu'au cou ! Pourtant, c'était pas faute d'avoir essayé. Ça fait dix-huit ans qu'ils nous le rabâchent et cinq albums plus tard, voilà le résultat. Alors forcément, entre temps, on aura eu l'occasion d'avoir affaire au franc-parler des mecs de Syracuse (état de New-York) qui auraient pu répondre à Henri Salvador quand il chantait "j'aimerais tant voir Syracuse" que "nous, on en a rien à foutre de Cayenne !». Tremblez carcasses, ils reviennent...
Ils reviennent, le terme est totalement adéquat car leur dernière prestation remonte à 2001, du temps où les avions rentraient en collision avec des gratte-ciels et où des barbus bronzés faisaient frissonner le monde cachés dans des grottes. Depuis, rien n'a changé... ou presque. Nous vivons toujours dans la terreur et la corruption, à la seule différence qu'une grand-mère radicaliste qui se fait sauter la cervelle au plastic sur la place du marché et qui emmène avec elle deux-cent victimes ne choque plus l'opinion publique. Elle ne fera que l'outrer, tout au plus et provoquera un soulèvement populaire illustré par des phrases profondes et vindicatives telles "pfioouuuu, quelle époque !". Continuez à vivre, souriez, To The Death va vous exploser la mâchoire ! "Against The Current" vient de débuter qu'il vous manque déjà trois molaires. Ce disque va être un vrai chamboule-tout où les conserves vides seront remplacées par les dents d'un rictus béat. EARTH CRISIS n'est pas là pour rigoler. Il suffit d'écouter les profonds rugissements possédés de Karl Buechner, le divin chauve au crâne fumant (c'est déjà pris ? et alors ?) pour s'en convaincre. Sur l'engagement, cet opus me rappelle un peu le Survival de BORN FROM PAIN dans son esprit, "enfilez vos Rangers et allons buter du capitaliste, bande de lopettes !". Vous voyez le genre ? Martèlements de MP5 (la mitraillette, pas la nouvelle génération de MP4...), guitares militaires et affolées, basse qui ronronne comme le moteur d'une Harley, nous sommes en présence sur le fond d'une petite merveille de Hardcore contemporain. Sur la forme, par contre, on s'ennuie un peu malgré la courte durée des tracks (jamais au-delà de 3 minutes 30, sacrilège !). On prend son pied au début et on le traîne à la fin. "Cities Fall" ou "What Horrifies", en dépit d'une justesse que je ne remets pas en cause, ne casserait pas de dents à une poule. Il vous faudra taper dans "So Others Live" ou "When Slaves Revolt" (quelle intro et quel solo les amis !) pour vous défouler un bon coup. De plus, cette impression de décompression est largement accentuée par la production magistrale et le mixage de l'experte main de Tue Madsen (BORN FROM PAIN, tiens tiens mais aussi MOONSPELL, CATARACT, ABORTED, DAGOBA et d'autres...). Ce monsieur semble avoir de l'or en barre dans les doigts, encore plus que Midas.
Je ne sais pas exactement si le manque de protéines influe sur le sens artistique, mais EARTH CRISIS est le troisième groupe de végétariens qui offre un jet de haute-qualité (après CATTLE DECAPITATION et MAROON). Son seul défaut est d'être un peu formaté et light dans l'originalité. A part ça, mention bien pour la musique et excellent pour le message.
Admis !