En provenance du grand nord scandinave ? Et bien non, disons plutôt du grand sud tasmanien. Origine plus exotique certes, mais RUINS, avec ce deuxième album, nous prouve que si le Black a ses racines en Norvège, il a su essaimer au-delà des mers et y faire pousser des fleurs noires au parfum vénéneux. Le Black des Australiens n’est pas de ceux qui incendient mais de ceux qui crépitent. Le brasier vit et entretient la flamme obscure. A travers ces sept compos, le duo nous propose un Black puissant et épique où la nostalgie avec ses riffs entêtants l’emporte souvent sur la violence, mais une nostalgie qui exalte, plutôt qu’elle ne se perd dans les affres de la mélancolie et de l’abattement. Ces outros avec ces notes qui s’étirent que ce soit sous forme acoustique (« Where Time Is Left Behind ») ou sous forme effet larcen (« Threshold Forms ») ou les deux (« Cauldron ») ont des allures de ressac marin : les vikings ont-ils accosté en Tasmanie ? Mes connaissances historiques ne me permettent pas de répondre à cette question, mais je crois bien percevoir des drakkars à travers un océan de brume. Ce brassage des cultures et des traditions, et en particulier des religions, les Ozies l’expriment à travers leurs textes mais encore plus explicitement avec « Genesis » et ce sampler d’un fanatique jetant l’anathème contre ceux qui ignoreraient Dieu et Jésus Christ. Les blasts ne sont pas légions – et ce n’est pas faute d’un batteur de qualité, car Dave Haley (THE AMENTA) ne laisse pas indifférent et s’offre même une place de choix sur certains titres, comme « Handed After Being Blinded » (y en a qui cumulent…) au point de donner l’impression que c’est véritablement la base rythmique qui porte les compos – mais RUINS préfère travailler et varier les ambiances, portées par une voix expressive et une production claire qui n’écrase pas les subtilités, bien au contraire. Il y a les Sons Of The Northern Darkness que sont IMMORTAL ; il convient désormais de compter sur les Sons Of The Southern Darkness que sont RUINS.