A la lecture de la rapide présentation promotionnelle des suisses de VOICE OF RUIN, on apprend d'un coup d'un seul que ces gars sont : "trop gentils pour du Grind, pas assez sombres pour du Black, trop lents pour du Thrash, pas assez cool pour du Deathcore ni assez badasses pour du Hardcore". En gros, ils vont proposer avec The Crash quelque chose dont on pourra dire "ouaaaah, on n'a jamais entendu ça". Espérons pour eux car s'il y'a bien une chose que je déteste, ce sont les péteux. D'autant plus qu'avancer tant d'arguments pour un jet d'à peine trois titres me semble un peu... présomptueux. VOICE OF RUIN et moi, nous partons donc sur des bases qui s'inscrivent en pointillés.
Et les helvètes commencent leur crash fort mal avec une intro dix fois trop Thrash pour des mecs supposés être lents. "My Obsession", en plus de faire dans le Thrash, fait presque dans le Thrash old-school et va jusqu'à évoquer WARBRINGER dans les vocaux. Enfin, dans cet océan de confusion, je parle bien sur de ceux qui ne tombent pas dans une veine tentative de chant Hardcore. Je croyais que vous n'étiez pas assez badasses... Sur ce titre, incohérent de but en blanc, seule la batterie à l'air d'occuper un rang honorable avec des martèlements de caisse claire qui crépitent agréablement. Pour le reste, ça sent le gaz à plein nez. Pas mieux pour "With No Respect" qui se calque sur des riffs sodomisés (du groupe SODOM, hein !). Par contre, on a droit à un break pas trop mal fichu passé les deux minutes, qui se voit annihilé par une lamentable tentative de pig-squeals. Soyons sérieux trente secondes. A quoi bon s'efforcer de proposer des choses que l'on ne maîtrise pas ? Et si "Gin Tonic" pouvait encore être l'ultime chance de survie dans ce milieu hostile, elle sera la goutte d'eau qui fera déborder le vase, puisque étant un cocktail indigeste qui fait ressortir maintes carences comme un problème de créativité flagrant. Eux qui se vantaient de ne sonner comme personne devraient revoir leur jugement. VOICE OF RUIN est un de ces groupes bruitistes qu'on entend que trop. Alors je suis convaincu qu'avec plus d'expérience et d'humilité, ils parviendront à sortir quelque chose qui tiendra la route. Mais dans l'état actuel des choses, ce condensé de Thrashcore se digère avec douleur. Ce qui sauve The Crash d'un vrai crash, c'est le temps. A deux niveaux. Le temps leur permettra d'apprendre de leurs erreurs et le temps m'a permis de relever une production limpide (enregistrement et mixage en deux jours par Sam Albert –NOSTROMO, HELMUT, CARDIAC- à l'Uranus Studio) ainsi que quelques rares petites idées dans une masse grouillante d'imperfections.
Il va de soi qu'enterrer si vite une formation juvénile manquerait de tact. Alors en dépit de tout ce qu'ils ont pu prétendre, je leur laisse une seconde chance. Mais attention, il va falloir revoir sa copie avec sérieux. Car livrer un lenght-play dans la veine de cette démo ne pourra être considéré autrement que comme une blague. Dans ce cas, j'attendrais...