Vous avez vu Wall-E ? J’aime ce film car il défend une cause qui ne m’est pas chère du tout : l’amour entre les robots. C’est vrai quoi, pourquoi les machines n’auraient pas le droit de tomber amoureuses les unes des autres ? C’est vraiment trop injuste. Et j’aime bien aussi l’idée d’ANTHROPIA car cette formation niçoise reprend le concept du film version Power Metal. Ou presque. En réalité, The Chain Reaction nous narrera plutôt le trépidant destin de #52899 qui est tragiquement séparé dans le monde froid des humains de son âme sœur, #7237. Voilà donc le concept de ce deuxième opus des français qui n’est, en passant, pas une suite de The Ereyn Chronicles, paru en 2006. Le tout est signé de la main d’Hugues Lefebvre qui, non seulement, a produit cet album mais s’est également occupé de l’écriture de ce concept bizarroïde, du chant et de la guitare. A mon avis, le monsieur n’est pas tout seul dans sa tête. Peu importe.
Le prologue nous immerge d’emblée dans un univers futuriste, où les voix samplées sont celles de robots qui nous expliquent le topo. #52899 à les boules et #7237 lui manque terriblement. Là où j’ai été plus que bluffé, c’est qu’ANTHROPIA ne parle pas pour rien dire. Cette galette sera un vrai dialogue entre #52899 (Hugues Lefebvre) et #7237 (Nathalie Olmi). D’ailleurs, le livret est fort bien fait et vous permettra de suivre les conversations entre les deux protagonistes comme un bouquin de théâtre avec les interventions et les didascalies. J’avoue que c’est la première fois qu’on me la fait et que le résultat est agréable. Mais le groupe ne se cantonne pas à ça, ce serait trop beau. Derrière, il y’a également une musique intense, qui s’inspire d’un Power Metal mélodique, aux senteurs de GAMMA RAY, BLIND GUARDIAN et parfois HAMMERFALL. Hélas, si on s’éclate bien au début, qu’on est séduit par l’histoire et les moyens déployés pour réussir un grand disque (mastering au JailHouse Studio, locaux personnels de monsieur Tommy Hansen –HELLOWEEN-), on pleure devant le caractère mégalomane d’Hugues et de ses copains. Assurément, ils sont persuadés de faire péter les charts avec cet album et certains termes présents sur le feuillet promotionnel trahissent la vraie nature des niçois. Il y’a une volonté de faire de la musique, avant tout. Mais quelque chose d’autre derrière. Un peu d’humilité ne ferait pas de mal, les gars car il n’y a vraiment pas de quoi sauter au plafond. ANTHROPIA en fait trop. Idem pour la musique, c’est riche, pompeux et théâtral. Techniquement, rien à redire, c’est parfait. Les guitares s’envolent juste comme il faut et un nombre incalculable d’atmosphères sont posées. L’apparition de Kevin Codfert d’ADAGIO aux pianos et de Jean-Philippe Mangeot aux violoncelles n’y est pas innocente. Mais encore une fois, étaient-ils indispensables ou était-ce juste pour le CV ? C’est dommage, réellement dommage qu’ANTHROPIA surjoue son Metal. Car Hugues à tout l’air d’être un compositeur et un musicien vraiment génial. Mais ça déconne au niveau des chevilles. Aurait-on une réincarnation avant l’heure d’Yngwie Malmsteen ? Derrière ça, on laissera à Nathalie la qualité de son chant et aux musiciens une dextérité poussée. Je ne reviendrais pas sur les neuf minutes bien longues et pesantes de « Trinity (The New Consensus) » ou de « The Tree Of Life » car c’est du Power et ce n’est pas une surprise.
Je suis vraiment désolé les gars mais pour moi, The Chain Reaction n’est pas le « grand disque » avec les « excellents mixs entre Metal Progressif, Power et mélodique » que vous nous avez promis. Il ne se démarque que par un concept imaginatif et une production carrée. Tout le reste, ce ne sont que des noms et ce ne sont pas eux qui font les musiciens. Alors hélas, vous ne pourrez pas vous vanter sur votre MySpace d’avoir reçu une énième bonne note de la part d’un webzine. Car pour tout le tapage que vous avez fait autour de cette sortie, c’est un poil décevant. Retour sur Terre.