Ceux-là au moins, on les connaît ! BLACK BOMB A est un nom qui parle plus ou moins à tout le monde depuis quelques années et qui fais pas mal d’émules dans les collèges français. Et ce à cause de sa musique plastifiée dedans, métallisée dehors qui plait davantage à la jeune génération, amatrice des ENHANCER et autres GUERILLA POUBELLE qu’aux vieux routards allergiques aux scratchs. Ils ont compris la technique, nos amis. Leur son est un savoureux gâteau qui a pour ingrédient le Neo, le Thrash, le Hardcore, le Punk. Et la cerise qui trône sur le point culminant de celui-ci est le fruit d’un duo vocal ahurissant tenu par Djag (vocaux graves) et Poun (screams aigus). A vrai dire, c’est le seul ingrédient à sauver plus ou moins la mise sur ce sixième album des lillois (signé sur At(h)ome), qui n’en finissent plus de changer de label, soit dit en passant.
Parce qu’au niveau de son contenu, From Chaos est plus anorexique que boulimique. Pour ce qui est de l’énergie et de la fougue, le combo n’a rien perdu de son sublime. Je ne sais pas trop à quelle vitamine ils ont été perfusés, mais leur rage fais plaisir à entendre. Par contre, il faut avouer que les idées Metal présentes sur le précédent effort (One Sound Bite To React) se sont évaporées au profit de mélodies Punk et Hardcore vraiment mal orchestrées. C’est parfois très très limite sur la cohésion générale et c’est complètement inconcevable que la piste qui accueille au micro Wattie (THE EXPLOITED), à savoir « Burning Road » soit aussi chaotiquement diligentée. On reconnaît sans peine la flemme dans la créativité qu’a pu avoir EKTOMORF récemment. Les cadences tribales (« Fucking Hate ») ne sont pas toujours du plus bel effet et BLACK BOMB A se noie souvent sous un flot rythmique trop élevé pour leurs petits poumons. Au bout d’un moment, tous semblent s’essouffler et perdre le fil conducteur de l’album. Sans vouloir être vulgaire, ça part quand même sacrément en couille a partir de « Kiss Of Death », qui initialise une mauvaise passe de quatre morceaux. C’est trop, assurément. Aussi les aboiements de Poun résonneront comme vraiment pénibles sur la fin et son timbre évoquera parfois Dani Filth de CRADLE OF FILTH. Etant donné l’aversion que je porte à ce dernier, la comparaison n’est pas la plus bienvenue qui soit. Par contre, Djag est sur la phase ascendante. Son chant est devenu plus profond et plus travaillé que dans le passé et au final, les deux s’entendent plutôt bien sur le devant de la scène. Leur prestation est sincèrement impressionnante et éclipse totalement les autres musiciens. Les guitares ont, pour leur part, abandonné toutes notes métalliques et tapent dans des riffs secs Hardcore. Ce n’est pas la plus intelligente des combinaisons mais c’est ainsi. On reste un poil déçus par une trop grande homogénéité artistique d’un groupe qui a clairement la capacité exceptionnelle de pouvoir faire évoluer sa musique à sa guise.
From Chaos est néanmoins un opus sympa et davantage un défouloir qu’un récit philosophique. A ce titre, le boulot est propre et BLACK BOMB A s’est ouvert à de nouveaux horizons. C’est tout à leur honneur mais d’une formation qui a quinze années de métier dans le milieu et un crédit certain auprès du grand public, on attendait tout de même quelque chose de moins cliché. Encore une fois, leur auditorat trouvera sa place chez la jeune génération. J’en suis et je n’y adhère pas. Suis-je normal docteur ?