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THE DILLINGER ESCAPE PLAN (usa) - Ben Weinman (Fév-2010/VF-EV)


Dans le sous sol du Black Dog, la jolie rose de Season Of Mist me guide à travers les couloirs de pierre, doucement éclairés d’une lumière tamisée, à la rencontre d’une idole, d’un musicien hors norme et respecté, Ben Weinman. Le « leader » et unique survivant de la formation d’origine de DILLINGER ESCAPE PLAN me rejoint peu de temps après, la mine enjouée et le bonnet solidement vissé sur les oreilles. J’ai cent mille questions à lui poser, mais il va falloir faire le tri…Pourtant, après la prestation du groupe hier soir, une journée entière ne me suffirait pas à étancher ma soif de curiosité. Et comme j’en rêvais, Ben s’est montré simple, affable et très prolixe. C’est un homme entièrement dévoué à son art, et qui pourtant ne prend pas tout le cirque entourant son combo au sérieux. Une interview de 40 minutes, à battons rompus, qui se révèle plus qu’enrichissante…Essentielle, magique, et pourtant si détendue…A l’image de la musique de DILLINGER, à plusieurs niveaux, intrigante, et indispensable. De quoi convertir les plus sceptiques !

Line-up
: Greg Puciato (Chant), Ben Weinman (Guitare, Claviers), Liam Wilson (Basse), Billy Rymer (Batterie), Jeff Tuttle (Guitare)

Discographie : The Dillinger Escape Plan (Relapse Records, 1997); Under The Running Board (Relapse Records, 1998); Calculating Infinity (Relapse Records, 1999); Irony Is A Dead Scene (Epitaph, 2002); Miss Machine (Relapse Records, 2004); Plagiarism (Relapse Records, 2006); Ire Works (Relapse Records, 2007); Option Paralysis (Season Of Mist, 2010), One Of Us Is The Killer (Party Smasher, 2013)

M-I Interviews du groupe : Ben Weinman (Fév-2010/VF-EV), Ben Weinman (Avril-2013/VF-EV)

Reranscription : Laure Verchianni



Metal-Impact. Salut Ben, ça va ? Nous parlions juste avant de votre concert d’hier soir à la Maroquinerie. J’aimerais savoir où tu puises cette extraordinaire énergie après tant d’années sur la route ?
Ben Weinman. Hum, c’est une bonne question (rires)! Beaucoup de gens me la posent et je pense que plus ma vie perso devient difficile, plus les shows sont énergiques. Je ne sais pas, tu sais, je fais ça depuis 13 ans, je suis le seul membre original qui reste et les choses ont certainement change depuis nos débuts, mais peut être est ce juste un scénario écrit depuis le début, quand nous avions des vies normales, que nous travaillions, que nous allions à l’école…Nous n’avons jamais pensé faire carrière avec notre musique, nous n’avons jamais pensé qu’elle puisse intéresser les gens, c’était juste un moyen pour nous de nous donner un peu d’air, de ne pas nous préoccuper de quelconques responsabilités pendant une demie heure, et de retourner étudier, quelque chose comme ça.
Nous jouions devant dix personnes la plupart du temps, en nous disant que personne ne comprendrait jamais notre démarche. C’était juste un moyen de nous évader.
Et au travers ces années, cette manière de jouer est devenu quelque chose que les fans attendaient de nous dont la scène et les musiciens avaient entendu parler, nos fans, la légende est partie de là, comme si nous rentrions dans les pompes de tout le monde, à leur place.
Et c’est parvenu à un point où je ne saurais agir autrement sur scène. Je regarde des vidéos de nos shows, où je mouline, je bouge.. parfois, quand nous jouons dans de tout petits endroits, je ne me sens pas à l’aise, je ne me sens pas bien, comme si je ne pouvais jouer que sur une corde de ma guitare… Tu sais, c’est une façon d’agir très naturelle qui fait partie de moi !

MI. Le show d’hier soir était très Heavy…Ca vous surprend de voir autant de monde à vos concerts ou est ce juste une évolution naturelle ?
Ben. Difficile…C’est dur parfois, surtout depuis que nous avons une carrière, c’est dur de se comporter normalement. Parfois, on tombe sur un groupe qui ne travaille pas aussi dur que toi, et pas depuis aussi longtemps, et qui pourtant devient énorme, alors on éprouve un peu de jalousie.
Mais en vérité, comme je te l’ai dit, on ne s’est jamais attendu à ce que les gens s’intéressent à ce qu’on faisait, alors que maintenant, c’est notre vie tout ça… On ne s’y attendait pas, ça a été très progressif, et maintenant, wow… Nous sommes maintenant un groupe d’envergure internationale, et ce dont je suis vraiment fier, c’est que nous sommes aussi importants partout dans le monde, on peut jouer dans un club à Tokyo, Londres, Paris, New York, ou Los Angeles, et c’est quelque chose qui me rend fier, nous pouvons jouer partout, et pas seulement comme la « sensation du mois », nous sommes partout chez nous, nous avons construit tout ça chez nous…Nous avons un gros impact, à notre façon.

MI. Parlons un peu de votre dernier album “Option Paralysis”, le processus de composition, le fait de travailler avec un nouveau batteur, avec le producteur?
Ben. Plusieurs choses se sont passées différemment avec cet album, d’abord, toutes les chansons ont été écrites avant l’enregistrement….Ca a été l’album que nous avons enregistré le plus vite. Entre les deux premiers albums, il s’était écoulé 5 ans, même si nous avons fait un EP entre temps avec Mike Patton et que nous avons tourné, il y a quand même eu un sacré laps de temps entre les deux. Après, trois ans se sont écoulés entre Miss Machine et Ire Works puis deux ans encore avant le dernier. Cette fois ci nous avons eu plus de temps pour nous préparer, on écrit pas juste des morceaux, puis après on part en tournée, tu sais la routine, non, nous essayons des choses nouvelles… Je me suis blessé, ce qui m’a mis hors circuit pendant six mois, je ne pouvais pas jouer de guitare alors j’ai essayé d’autres trucs, au piano, sur des ordinateurs… Ca a eu un énorme impact sur ce dernier album, qui s’est fait de manière plus traditionnelle; j’avais des idées de travail que j’apportais aux autres, spécialement à Billy, notre nouveau batteur, que j’ai installé chez moi, on est allés à la cave et on a fait un album, ça a été la principale différence avec les précédents albums, cette manière de procéder. L’autre point, c’est que j’ai écouté pas mal de vieux Thrash et de Metal quand nous enregistrions des trucs comme NAPALM DEATH et CARCASS, des groupes dont j’ai étudié les concepts, et qui parlent de leur expérience perso plutôt que d’un truc pré conçu comme le destin. C’est le premier album que j’enregistre avec un vrai concept entier; dont j’avais une vue très précise et un titre bien avant que la musique et les paroles soient écrites. C’est quelque chose de plus varié, de plus travaillé, avec définitivement des vibrations personnelles.

MI. Justement, quel est le concept derrière cet album ?
Ben. Option Paralysis veut dire que parfois, on a tant d’options possibles qu’on n’en choisit aucune, qu’on reste paralysé, un cliché de la situation dans laquelle nous sommes à notre époque.
Tu sais la technologie est un media dont nous nous sommes toujours servi pour apporter notre musique aux gens. Nous n’avons jamais fait partie d’un gros label, avec de gros moyens, et des plans de carrière bien définis, nous avons toujours utilisé Internet pour pouvoir jouer un peu partout, à Paris comme ailleurs. Mais lorsque l’on a commencé, il n’y avait ni Myspace, ni Facebook, ni Youtube, rien de tout cela n’existait quand nous avons débuté.
Le fait d’avoir accès à tout, juste en appuyant sur quelques touches…..tout ça n’existait pas à nos débuts, nous étions influencés par ce qui se passait autour de nous, la scène locale, ce pour quoi nous voulions travailler, nous avons travaillé dur, pour faire un show nous devions nous entraîner, aller à New York où ailleurs, où nous ne nous sentions pas à l’aise, être quelque part sans savoir ce qui allait se passer, c’était très spontané, j’ai vu des choses que je n’aurais jamais pensé pouvoir voir, et ça a eu un gros impact sur moi quand je suis retourné dans la banlieue au New Jersey, dans mon garage. De nos jours, tu peux voir n’importe quel groupe en 3 secondes sur Youtube, même si tu ne les a jamais vus en vrai, tout le monde expérimente la même chose, au même moment partout dans le monde, et tous les obstacles qu’un musicien ou un groupe peuvent rencontrer se retrouvent filtrés par ce média seul, ce qui est assez perturbant.
Et quand nous pensons que ça craint, toute cette technologie, c’est peut être parce que nous sommes vieux, peut être que nous sommes comme les gens le décrivent, mais la manière de procéder en musique évolue en rapport avec la technologie, ça n’est la faute de personne, c’est juste comme ça maintenant.
Les dix ou vingt dernières années ont été totalement barges, ce que tu peux faire avec un simple I-Phone me tue, c’est complètement dingue et tout le monde se sert de cette technologie, pour améliorer ses performances, mais en fait ils sont plus influencés par elle qu’ils ne l’utilisent. C’est le concept derrière cet album.

MI. Ca veut dire que tu considères plus cette technologie comme une menace que comme un outil ?
Ben. Je pense que ça va se décanter, je ne pense pas que ça soit une menace, je ne pense pas que quiconque arrive à avoir une réelle influence au milieu de ce feu d’artifice, certains trucs sont juste des pétards mouillés, on s’en sert juste comme d’un moyen de promo, ……….on introduit une part d’inconnu dans cette scène dont nous faisons partie, pour que les gens fassent des efforts de compréhension, qu’ils travaillent plus pour leur musique.
Car rien de simple n’est important, et tout est si facile de nos jours...
On se souvient tous lorsque nous allions aux concerts, que nous faisions la queue pendant des heures pour avoir un ticket, que nous rencontrions des personnes comme nous, alors que maintenant, c’est aussi simple que d’aller à la banque avec sa carte de crédit, mais j’adore ça et tout ce que ça implique, ça va demander des efforts particuliers pour apprendre à en ressortir quelque chose de spécial , de faire le tri dans cette masse d’informations que nous recevons depuis des années, mais il faut le faire. Et j’espère que les hommes vont y arriver.

MI. Trop d’information tue l’information en fait.
Ben. Tout a fait.

MI. Vos deux derniers albums se terminent sur des titres un peu spéciaux, je pense à “Mouth of ghosts” sur Ire works et “Parasitic twins” sur Option Paralysis. C’est un moyen de dire à vos fans “Bonne Nuit”, ou “Allez, c’était juste un cauchemar…” ?
Ben. D’une certaine manière, mais il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont ces chansons se développent. En général, nous faisons ce que nous ressentons, nous ne voulons pas nous laisser enfermer dans une certaine formule, et toutes les décisions qu’on prend vont dans ce sens: est-ce une bonne idée, ou alors, pourquoi n’en est ce pas une ! Est ce une bonne idée à développer, car nous essayons constamment de nouvelles choses. Et dans le passé, nous avions l’habitude de dire, « Allez, on commence par un truc énergique, et on finit par un truc énergique », peut importe ce qu’on expérimente à l’intérieur, parce que l’idée était que les fans soient en terrain connu, que le cadre de DILLINGER les mette à l’aise.
Et je pense que sur les deux derniers albums, nous avons essayé d’aller encore plus loin et d’en finir avec ces considérations, et de laisser le public avec une émotion différente de ce que nous avions l’habitude de faire à nos débuts et sur nos anciens albums, et c’est vrai, comme tu dis, que c’est une manière de leur dire ça, même si je n’y avais jamais vraiment réfléchi !

MI. Puisque nous parlons de chansons, j’aimerais parler de “Piano” qui sonne très FAITH NO MORE selon moi. C’est une grosse influence pour vous? Et parle moi aussi de votre collaboration avec Mike Patton sur l’album Irony Is A Dead Scene ?
Ben. Oui, bien sur, Mike Patton a toujours eu une grande influence sur notre musique, comme sur tous les groupes qui jouent une musique plutôt Metal et éclectique, mais la question est de savoir si cette influence est correctement utilisée ou non, tu vois?
Je me souviens qu’à nos débuts, nous faisions un show dans un club où jouait aussi un groupe, ORDEAL, dont les membres n’arrêtaient pas de nous répéter que sans Mike ils n’auraient pas existé, je l’ai dit à Mike, et ça l’a énervé à mort, parce qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ça, qu’il ne se sentait pas responsable, Et c’est vraiment marrant qu’il ait eu autant d’influence sur des musiques auxquelles il ne porte aucun intérêt.
Mais je pense que le plus gros compliment pour nous, est qu’il aime notre musique, et qu’il la prenne au sérieux. Car j’ai grandi avec sa musique, et je n’aurais pas voulu user de son influence n’importe comment.
Alors, tout ces groupes qu’il n’aime pas parce qu’il ne veut pas endosser le costume d’influence évidente n’ont fait que renforcer l’importance du fait qu’il nous ait considérés comme des confrères parmi tant d’autres groupes. Ca a été le plus beau compliment de notre carrière.
Mais la manière dont il a toujours appréhendé le monde de la musique et du business, en gardant un contrôle total sur ses projets, nous a aussi beaucoup influencé pour notre ligne de conduite, et quand on écoute son travail, on sent qu’il joue plusieurs rôles, et cette façon de procéder lui donne une latitude et une liberté extraordinaire, qui lui donnent la possibilité de jouer la musique qu’il aime jusqu’à la fin de sa carrière.
Et depuis que nous nous sommes rencontrés, nous avons suivi ces préceptes, nous avons toujours essayé d’expérimenter et de ne pas nous laisser dicter nos choix par les fans, et de faire accepter le fait que si tu nous aimes, tu aimes aussi cette part d’inconnu dans notre travail.
C’est vraiment la plus grande influence qu’il ait eue sur nous, tu vois ?

MI. On parlait de ta déclaration sur votre page Myspace, quand tu parlais du concept d’ Option Paralysis, je voulais savoir si pour toi l’art est une bataille constante, et la seule manière de jouer ta musique ?
Ben. Tu parles de l’Art en général ?

MI. L’Art dans la musique, est ce un combat ou juste du plaisir ?
Ben. Dans la musique que j’écoute en général?…

MI. Dans la musique que tu joues.
Ben. C’est un combat tu sais, il y a toujours beaucoup de choses qui gravitent autour de ta musique, spécialement au niveau commercial, tu dois toujours être créatif, mais aussi commercialement viable pour survivre, et pour te sentir à l’aise tu dois toujours jouer sur les deux tableaux. C’est quelque chose que nous faisons depuis le début parce que nous n’avons pas d’autre choix, c’est maintenant un postulat, nous nous débrouillons tout seuls, nous contrôlons tout et prenons toutes les décisions. Et maintenant que le marché de la musique est en récession, parce que si nous n’avions pas réagi comme nous l’avons fait, nous n’aurions pas pu vivre de nos ventes d’albums, nous devons trouver l’équilibre entre la liberté artistique et les bons choix commerciaux, car on ne peut pas laisser quelqu’un décider pour nous et intervenir dans notre schéma, c’est la seule façon de s’en sortir. Et c’est effectivement une bataille.
Il est sur que nous aurions eu beaucoup plus de succès dans certains coins si nous avions eu quelqu’un pour nous aider au lieu de nous débrouiller nous même, mais c’est une bataille, c’est un fait, c’est un choix.

MI. Gil Sharone vous a quittés juste avant le dernier album, c’est si dur de rentrer dans le moule de DILLINGER ? Vous avez toujours eu des problèmes de line up en fait ?
Ben. Oui, c’est assez dur!

MI. Où est ce que tu trouves d’aussi bons batteurs ?
Ben. Tout le monde me demande ça, je vais finir par monter une agence pour trouver des batteurs aux gens! C’est pas facile, mais ce qui me rend fier de ce groupe, c’est que lorsque nous faisons passer des auditions pour trouver un nouveau membre, nous nous retrouvons face à des gens extrêmement talentueux, certains très connus, qui ne nous connaissent pas bien, et qui finalement veulent jouer avec nous, mais nous savons que nous cherchons un mec jeune et affamé, qui ne se contentera pas de se poser derrière son kit mais qui voudra faire partie intégrante d’un concept intéressant, parce que ça n’est pas facile de jouer dans ce groupe.
Le but était de trouver un mec qui avait les capacités techniques, mais aussi l’attitude, qui ne soit pas là juste pour se montrer. Pour jouer dans DILLINGER, il faut avoir le bon comportement, ça n’est pas juste une affaire de technique mais d’attitude, parce que beaucoup de batteurs ont le niveau pour jouer avec nous, mais il faut qu’ils comprennent que nous combinons la structure basse/Batterie et l’énergie Punk, et Billy fut le dernier que nous avons auditionné, après que nous ayons écouté tous ces batteurs époustouflants...
On m’avait déjà beaucoup parlé de lui par e-mail, mais je n’avais pas eu le temps de m’en occuper, et lorsqu’il est venu, il ne connaissait pas tous les morceaux, mais il y avait cette flamme dans ses yeux qui nous a fait comprendre que nous avions fait le bon choix!

MI. Qu’est ce que ça fait d’être le seul membre originel du groupe ?
Ben. Je ne sais pas, quelque part je suis content d’avoir pu garder une vision claire de la musique malgré tous ces changements de musiciens, et je suis très fier de tout ce que nous avons sorti, je suis heureux d’avoir pu garder ma philosophie initiale malgré tous ces va et viens ….Tous ces changements ont apporté du sang neuf pour de nouvelles idées et je suis content que ces musiciens étaient là pour s’investir dans quelque chose de nouveau et pas seulement par habitude après tant d’années… Ca me stimule d’autant plus ….c’est quelque chose de positif en fait, tous ces changements sont difficiles, c’est dur à gérer au quotidien, savoir si ces musiciens sont là parce qu’ils le veulent et pas parce qu’ils n’ont pas le choix, mais Liam et Greg sont dans le groupe depuis 8 ou 9 ans maintenant tu sais ! Maintenant, tous les membres du groupe ou presque sont là depuis un bon moment !

MI. Tu penses que cette formation va durer ?
Ben. Je pense oui. Tu sais, la dernière fois, Gil nous a rejoint parce que notre batteur nous avait lâché au dernier moment.
On a eu de la chance, j’avais commencé à programmer la rythmique parce que je pensais que l’on ne trouverait personne, mais Gil a fait du bon boulot. Je pensais qu’on allait mélanger l’analogique avec l’électronique, mais finalement il a fait du super travail, c’est toujours un bon ami, je ne sais pas, ça n’était pas évident pour lui de se motiver pour tourner et de travailler aussi dur que nous!

MI. Ire Works était votre album le plus versatile, avec de courts morceaux instrumentaux ou même des titres très Pop Rock comme “Black Bubble-gum” ou “Milk Lizard”. As-tu ressenti le fait qu’avec Option Paralysis vous deviez revenir à quelque chose de plus compact et cohérent ?
Ben. C’était très spontané, nous n’avons rien calculé en fait. Je pense que notre seul but est d’incorporer des éléments nouveaux dans le cadre musical que nous avons développé depuis toutes ces années, incorporer de nouvelles sonorités et les faire cadrer avec l’univers de DILLINGER.
Je pense que nous nous améliorons, et notre travail était assez bon sur Ire Works qui avait une vibration vraiment différente mais le processus était le même que d’habitude, très progressif.
Plus nous nous améliorons dans le contexte de DILLINGER au niveau des compositions, ce qui n’est pas facile car nous rejetons le principe de “formule”, plus les gens nous disent que ce que nous composions avant était techniquement plus ardu, ce qui est complètement faux, ce que nous jouons maintenant est plus difficile à jouer, à écrire, et je pense qu’au temps de notre premier album, nous n’étions pas aussi bons, le son est plus déstructuré, plus barge, mais je pense que ça n’était pas intentionnel, on cherche juste un moyen d’incorporer toutes ces idées folles dans notre contexte.
On veut juste s’améliorer en tant que compositeurs, même si beaucoup de gens ne considèrent pas que nous fassions des “chansons”, au sens propre du terme!

MI. La première fois que j’ai écouté Ire works j’ai été très surpris, on aurait dit un labyrinthe où la diversité des chansons te perd, on écoute un titre et on attend quelque chose de précis du suivant, et il nous emmène dans une direction totalement opposée, ça oscillait entre le très dur et le très calme, j’ai eu la même sensation avec le dernier, mais plutôt comme si c’était une humeur globale en fait …
Ben. Tout a fait.

MI. J’adore votre dernier album, et comme tu l’as dit, par rapport à d’anciens titres comme “43% Burnt”, ils sont beaucoup plus difficiles à composer et interpréter. Quand je vous ai vus sur scène hier soir, il m’a semblé que Billy votre batteur n’était pas très à l’aise avec des morceaux comme « Milk Lizard » qui ont pourtant un rythme basique très simple ?
Ben. Je suis d’accord avec tout ce que tu dis, ce qui me plait avec Ire Works, c’est qu’on ne peut pas juste piocher une chanson et dire, “Tiens, ça, ça représente bien le groupe”! Comme avec tant d’autres musiciens, tu dois vraiment faire l’effort d’écouter tout l’album pour comprendre ce qu’il représente.
Comme je te l’ai dit, j’étais blessé pour cet album, alors j’ai composé différemment, au piano, sur des ordinateurs, et le but avec Option Paralysis, c’était de comprendre tout ce qu’on pouvait tirer de cette expérience.

MI. On parlait des débuts du groupe. Peux tu nous dire comment Dillinger est né, et tes meilleurs souvenirs du groupe ?
Ben. Mon Dieu, c’est né en fait d’une espèce d’abandon par rapport à la musique. On jouait tous dans des groupes au lycée, des groupes assez standards, qui auraient pu devenir très gros, jouer dans des stades. Mais bien sur, ça n’est pas arrive, on a essayé mais c’est comme de jouer à la loterie, mais après ça, on a abandonné l’idée de réussir à grande échelle, et on a fondé ce groupe, pour jouer une musique qu’on trouvait incroyable, qui nous stimulait et nous excitait, le genre de truc qui nous correspondait, et qu’on ne pouvait pas trouver dans les magasins. Le genre de musique qui combinait tous les éléments qu’on recherchait, qui combinait différents styles, de la Fusion au Punk ..Et c’est clair que l’on voulait faire une musique qui combinait tous nos goûts, toutes nos envies, on a commencé avec une idée très clair, au niveau des structures, telle partie devait combiner ces éléments, telle autre ces éléments là, on a tout assemblé comme une sorte de créature du Dr Frankenstein, non pas en assemblant des parties disparates, mais en créant un style à part entière.
On a crée un monstre, mais plus dans le sens de faire une soupe ou un ragoût.
On a vraiment fait ça au début pour le fun, sur notre temps libre. Mais c’est devenu sérieux, et j’en étais arrivé à un point où j’allais à l’école, je travaillais à côté et je jouais dans DILLINGER! Je ne pouvais plus gérer l’école et le boulot, on avait tellement de possibilités de jouer live, et finalement j’ai décidé de me consacrer uniquement au groupe, j’ai tout lâché, ma copine, l’école, mon boulot, et tous les membres du groupe qui ont réagi comme moi sont restés.

MI. Pas de regrets ?
Ben. Je ne savais pas vraiment où ça allait me mener, mais bon…

MI. Alors, ton meilleur souvenir avec le groupe ?
Ben. Meilleur souvenir, mon Dieu…Je ne sais pas, tout s’est fait progressivement, ça n’est pas comme si on s’était réveillés un jour en nous disant, “Ca y est on y est”, ça s’est fait très lentement…

MI. Comme une évolution ?
Ben. Oui, il ne s’est rien passé de spécial en fait…Je peux regarder en arrière et trouver un truc mais… Tu sais, je crois qu’en fait le meilleur c’est que certains musiciens avec lesquels j’avais grandi nous disent qu’il appréciaient notre musique vraiment, c’est quelque chose que je n’aurais jamais cru possible, sur laquelle je ne comptais même pas en rêve.

MI. Je ne sais pas, peut être un concert, un album, une chanson, un évènement dans ta vie privée…
Ben. J’ai un très bon souvenir du Conan O Brien Show, tu sais c’est un late show très connu avec des groupes plutôt consensuels, je crois que le truc le plus bizarre qu’ils aient passé c’était Neil Young, alors……et nous y avons joué pour la promo de Ire Works, c’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé, même en délirant grave…Et le fait qu’ils nous aient trouvés assez particuliers pour nous choisir parmi des milliers d’autres groupes Heavy, c’était fabuleux de balancer la sauce devant tous ces gens qui n’en ont pas l’habitude !
Alors que lorsque nous avons commencé, nous jouions devant dix personnes dans notre garage, nous jouions n’importe où, on arrivait et on s’installait, je devais bosser dur pour rembourser toutes les guitares que je cassais. On n’a jamais gagné beaucoup de fric avec notre musique, et là, jouer devant plus de monde que pendant toute notre carrière avec juste une chanson, c’est dingue!
C’était donc un moment très spécial, il y a du en avoir d’autres, mais c’est le plus frais dans ma mémoire.

MI. Nous n’avons plus beaucoup de temps alors nous allons jouer à un petit jeu. Je vais te donner le nom de groupes ou d’artistes et tu vas les définir en quelques mots.
MI. Franck Zappa
Ben. Oh mon Dieu. Frank à toujours été, et sera un Dieu jusqu’à la fin…
MI. NAPALM DEATH
Ben. Encore une fois, un groupe très important pour le Metal et tout le reste. Ce que j’appellerais du Metal intelligent, dans un univers si étroit d’esprit et si élitiste, qui a forcé les gens à réfléchir par eux mêmes…NAPALM DEATH est un groupe qui a brisé toutes les barrières.
MI. BLACK FLAG
Ben. Un groupe qui a fait une musique très importante mais dont la légende à tout dépassé…Avec l’arrivée de Greg dans notre groupe et le fait que nous soyons des grands fans de BLACK FLAG, c’est vrai que je pense à ce groupe très souvent.
MI. Mike Patton
Ben. Même si je ne lui ai pas parlé depuis deux ans il reste mon mentor. Il m’a poussé à voir les choses différemment, et à comprendre la démarche indispensable à tout musicien qui souhaite être heureux dans ce qu’il fait.
MI. John Zorn
Ben. C’est un peu comme Mike Patton, John Zorn, bonne question….J’ai beaucoup aimé faire des sessions improvisées dans son club. Je pense que chaque musicien qui souhaite pousser les choses un peu plus loin et ne pas se contenter du strict minimum ou de la démarche classique et idéale doit connaître John Zorn.

MI. Ok merci Ben, un dernier mot pour tes fans et les lecteurs de Metal-Impact ?
Ben. Bien, juste encore une fois, merci de vous intéresser à nous, et spécialement la France qui nous a adopté depuis notre première visite… Nous avons eu beaucoup de mal dans certains pays, et bien sur, les Etats Unis considèrent l’Europe comme un seul pays, parce que chez nous tout est si grand, il y a tellement d’états que pour eux les pays européens sont un peu pareils, mais je tiens à dire que la France est un pays extrêmement ouvert d’esprit, qui nous a accueillis les bras ouverts et je vous en remercie!



==================== ENGLISH VERSION ====================



Metal-Impact. So hello Ben, how are you ? We were talking about the show last night at the Maroquinerie, I wanted to know, after so many years how do you still find this high energy to be so active on stage?
Ben Weinman. Hum...it’s a good question...a lot of people ask me that and it’s weird I think that my daily life gets harder (laughs), but the shows get better you know. I don’t know, I mean it’s one of those things I’ve been doing up for thirteen years and you know and I’m the only original member left that was doing at the beginning and maybe the intentions and things were all different than when we first started but it’s really like a scenario where we were living just regular lives, going to school, working , whatever...we never thought we’re gonna make a career out of this , we never thought anyone would like it, it was just a way for us to ,if we get a show, just kind of vent and just not be responsible for our actions for like half an hour, go back to study and do all those stuff you know.
So we were playing in front of sometimes three people, ten people and it wasn’t even like if anybody really liked our music or understood it for very whack long time.
So we just used it as an opportunity just kind of venting.
So, and throughout the years it’s just been doing, and all a sudden it was almost like people expected that of our shows and became one of these scenes where new members of the band heard about, our fans about it , that was part of the legend of it to them of what the band and their fans they had even step it up, they want to fill the shoes of the people for them.
And continue to take it to the next level and now it’s at the point where I see I don’t know how to do it any other way. I literally watch videos of us playing...and I twitch, I move because I’m just…it’s like...sometimes when we play a show on a small place where I’ve no room to just...like ..I feel very uncomfortable, I don’t feel right and it’s like playing of one string on my guitar… you know it’s just part of it, it’s really a natural thing at this point.

MI. Yesterday show was so loud, is it a surprise for you to see so many people in the concert hall or is it a logical consequence of your reputation ?
Ben. It’s hard…I feel that it is hard sometimes doing it, now that it is a career, it is what we do.
Sometimes, I feel like, you know, every now and again you see a band that you know doesn’t work as hard and you know hasn’t been around as long, very big, then you get a little bit jealous.
But the truth is that, again, like I said, we never thought anyone would like it when we first started and now this is what we do for a career.
It was totally unexpected, it was a very gradual thing and all a sudden, we are all wow ! We are actually an international band ; and I think one of the things I’m most proud of , is the fact that we’re pretty much the same, similar size band everywhere in the world, like every major city in the world, we can play in a club and still whether Tokyo, London, Paris, New York, or Los Angeles, that’s something I’m very proud of, because I think that we are having an impact on the world, not just as a flavour of the month, we’re like a hometown, something we’ve built in our own town, or something that really is I think…Maybe we’re making some kind of impact in our small way.

MI. Let’s talk about your new album, can you tell me more about this album “Option Paralysis”, the process of composition, the recording with a new drummer, working with a producer ?
Ben. Well, a couple of things are different about this record, for one, it’s the first record we have ever written all at one time like we just time off…record….It’s the quickest record we have ever written. Between our first record and the second record, there was 5 years, and we did do an EP in between with Mike Patton and we did Tour on it and we took it seriously but there is a long period of time between them. And with the next one, I think there was 3 years between Miss Machine and Ire Works and on this one, there were like 2 and ½ year and we worked 2 years on it. So, yeah, for one thing we all had a period of time which I think gave it a focus that we didn’t have in the past, we’re not only writing songs, going on tour, you know, going back and forth, trying new things on our new records ideas, I did injury that put me out for 6 months, I couldn’t really play the guitar so I was writing in different ways, on piano, on computers, on electronics. So I think that had an impact on this one, it was written on a much more traditional way; just like you know, I would have some ideas that I had been working on and then I bring them to the guys, especially to Billy our new drummer, we’d go, I moved him into my house, we went into my basement and we did a record in, so that was the main difference I think on this record and the big part of the process and the focus I think of the record. Another thing about this record that is different is I started really listening to old Trash and Metal the time we were writing this record.
While the stuff I was listening to growing up, stuff like Napalm Death or Carcass, whether the actual concepts behind what they were doing and they were often writing about the real life they experienced as opposed to just some destinical master all made up, you know what I mean? You know Hard movies, basically whatever. And it’s the first record that we’ve written really with a concept around like a full concept; that’s the first record we had the title and the recording ideas before the music was written and before all the lyrics was written. In general I think it is a much more focused effort, it has a lot of diversity on it, it has kind of an idea around it and a focus and a vibe into it.

MI. You’re talking about concept, what is the general concept of this album ?
Ben. “Option paralysis” in itself means technically having so many options that you don’t choose any, that you just freeze, that just represents a bigger picture of kind of where we are right now on a cultural level.
You know, technology has always been something that we’ve embraced as a creative medium way to get our music out to people and stuff like that.
We’ve never been on big label with major money and marketing kindness, thing that the internet has been a huge part of us being able of playing in Paris, being able of playing on other places, we definitely embrace that. But at the same time, when we started, we started at a time before Myspace, before Facebook, before Youtube, none of these stuff was really happening when we started this band.
The idea that you could like, look up and…;how to do it in about five minutes like by just dadadaa…..heard of, we didn’t have this kind of influences when we were writing music, we were really heavily influenced by what was going on in our general area, the scene that was going on, some of the music we were listening to, the stuff we wanted to work for, we worked hard to experience new things, to go on a show we had to go on training, go to somewhere in New York and in a place that was uncomfortable and probably I shouldn’t have been, my parents were the only people there, and being in a place I didn’t know what was going to happen, it was very unpredictable, and I saw things, I had no idea I was going to see, you know, it had a big impact on me when I went back to the suburbs in New Jersey and in my garage when I started playing. And nowadays you can see every band play in any city in the world 3 seconds on Youtube before even going to see that band and everybody is experiencing and seeing everything for the first time at the same time the same way all over the world and we’re going from having all those cultural filters that music and artists are going through is turning into this one kind of filter that it influencing itself a great deal and it’s kind of disturbing.
And I think that when we say that thing kind of suck right now or the intention behind it or whatever, partly we say maybe we are just old, maybe we are just like everybody says but I think the big part is there’s different intentions behind the music and I don’t think it’s anyone’s fault it is just a product of the environment right now and for the first time technology is really progressing faster than we can progress as humans.
In the past, ten to twenty years it turned insane, millions of years, it’s been the past like hundred years, ten years especially it’s been insane, shit that you can do with your i-phone blows my mind , you know, it’s insane and I don’t think that people are actually for the net now because it’s becoming the situation we are not using this tool to be creative, to enhance the human experiences, they are being influenced by it instead, so it’s a big part of what influenced a lot the content of this record.

MI. Does it mean that you consider this technology as a threat actually more than a tool ?
Ben. Well, I think it’s gonna work itself out, I don’t think it’s a threat, because I think there are not gonna be people who make an impact in this sea of fireworks you know, right now, everything is fireworks, some of those are firecrackers some are not and that’s it, you advertise music through this you know, everything is ringing down, ……….everything is like we somehow introduce at some level unpredictability into this small scene that we come from, it is somehow like we can push people to think, work harder for their music, things like that.
Because nothing easy is important, and everything is very easy right now.
And we can all remember going to concert and like waiting on line forever for a ticket and meeting the people on line and having something in common like being part of this all culture, and it is the same when you go to the bank with your credit card, and I love that, trust me I love beyond to do that , that there’s something lot/low, that it is going to take a lot of extra work to make something special , amongst this years of access to everything and amongst this sea of information that are being shut down after us, and we are going really have to really work hard to find out what’s important. So, I’m hoping people of human kind will do that.

MI. Actually, too much information kills information.
Ben. Right, exactly.

MI. Your two last albums end with a very special track I think about “Mouth of ghosts” for Ire works and “Parasitic twins” for “Option paralysis….” Is it a way to say to the listeners “good night” or “all this was just a nightmare” ?
Ben. In a way, I think there’s something to be said for that in how each one of these track last. In general, we try not to be put into rocks, and not to be forced into a way or some kind of formula and that’s what we always mean from day one, whatever the decision we make has that kind of thought behind it like: is it a good idea? or.. let’s analyse this a little bit, like why would you think it’s not a good idea ! Does that make a good idea to begin with? Just to make sure that we constantly try new things. And in the past we would always be like, we have to start with a basher, we have to end with a basher because whenever we experiment within there, we got to make sure they leave satisfied with that Dillinger feeling of energy and like aggressiveness and stuff like that.
So on the last, I guess, two records, we decide to say we’re gonna push ourselves further away from being stuck into that kind of talks and we need something that leaves you on a totally different feeling than how we brought when we started as a band and how we maybe brought on the records at the beginning, yeah, maybe that is a way I never thought of that at all , but maybe somebody accept for maybe for one second afterwards… after the ride but…

MI. Ok, talking about songs, I’d like to talk to you about another song, the song “Piano” which sounds pretty much like Faith No More according to me, Is Faith No More a great influence for you? And moreover can you tell me more about the partnership with Mike Patton on the Irony Is A Dead Scene album?
Ben. Yeah , I mean, Mike Patton works generally it’s been a huge influence, I mean it has an influence on any eclectic rock or heavy band, and in someway the question is, is the influence used correctly or is it not you know?wbr> I remember when we were on Tour in the very early years in our career, we were playing a show in a club and this band Ordeal was playing in the same club and the guy came down and just like told me and kept on saying that Mike is the reason why Ordeal exists, I told Mike and he was so upset, cause he was like there is nothing to do with who I am , that has nothing to do with what we do, and it was funny because that’s interesting to me that he is responsible for so much music, that he feels no affinity for them.
I think without this, that one of the greatest compliments on working with him is the fact that he does enjoy our music and he does take it seriously. And even though I grew up listening to him, he has such a big impact; he makes me feel we use the influences correctly or something.
All these bands that he doesn’t like, whatever bands that he’s just never really considered himself as a part of the obviously-have-taken-an-influence from him. For some reasons he has considered us as some kind of peers amongst many. That’s one of the greatest compliments of our whole career.
But I think that it is much more than a creative way, just the way that he has always approached the music and the business around his band and the total control that he’s had all over his projects , it was a huge influence on how we had to conduct ourselves because in fact in just listening to the body work he does, it’s very clear that he just goes on roles and that’s created a freedom that has given him a long lasting career that he can take until the day he dies if you want.
And that’s really been our goal pretty much from when we met him, kind of following his footsteps and trying on new things constantly and not letting the fans dictate what we do, and creating a scenario where you know people might like us for something we did in the past but we clearly early made it clear that if you’re true friends you will embrace that unpredictability in our music and the fact that we are also always going to try new things.
That, it’s been in a sense, the major influence he had on us, an important one, you know?

MI. We are talking about your art declaration on Myspace page, when you talked about the concept of Option paradises, I just wanted to know : is art in general a real personal struggle for you and the only way to play your own music?
Ben. In general you mean or art as design or…

MI. Art in music, do you consider it as a struggle or just entertainment?
Ben. You mean the music I listen to, the music in general or…

MI. Music you play.
Ben. It is a struggle, because, you know, There’s always a lot of things involved with our music especially in “stain?” age and in industry because you’ve got to be as creative on the business run as you are musically in order to survive and be happy you have to take just as much of a role on that. That’s something we’ve done from day one whether because we had no other choice, whether there was the choice, whatever, regards of why, now, it’s become an assert, we have to do everything on our own, we have our hands in everything and make all the decision as much as we can. And now that we’re in this time that most people consider music recession, we consider it as an exciting time and we would have never survived our records sells and things like that so, those kind of absconds are exactly a big deal for us, they affect us so much so, the balance for us is to be somehow try to maintain a level of artistic integrity, make business decisions that are good for us, and “no” when to have somebody else do something when you should be doing it yourself, so that you could move forward positively in the right direction. And that’s always the struggle that we have you know.
Now I wanted to make sense to have someone else come and take care of something when you should be doing it yourself, we do so much on our own, we’ve probably would have success much farther in certain areas if we had help and we probably would never be banned anymore if we had more people out with us, it’s always that balance that we struggle in and I can save that as an artistic struggle.

MI. Gil Sharone your last drummer left before the recording of this last album, isn’t it hard to find a drummer that fits into the Dillinger mould? I was talking about all your line up problems since the beginning of the band.
Ben. Yeah very difficult.

MI. Where do you find such good and amazing drummers?
Ben. That’s what I keep asking me, I think I should start a service, a drummer service, find drummers for people. It’s not easy but I think one of the thing that makes me proud of this band is the fact that when we have tried to find new members, I realise that when I see people that I respect, that are interested in playing with us, it makes me realised we may be someway special because the drummers out there would never know who we are, but at the end of the day, after six months of trying out people, some of which were extremely accomplished, some of which were very well-known, we knew that the guy that we needed was somebody who is hungry and young and wanted to be part of something great and not just like an individual entity like drum free, cause it is very easy to be that in this band you know.
So that was the goal, to not just find some guy who can play the stuff, but the guy who had the right attitude, who was hungry, cared about making great music, more than just like showing of or whatever . Because at the end of the day, ……there are 3minutes long drum solo anyway so.. it takes a certain attitude to do it right and to be tasteful; so some of the things we were looking for is that kind of energy that goes in the Dillinger, I mean it is not just the ability to play technically but to put the attitude into it, it’s really important, and it’s kind of hardest thing because lot of the guys can play technically, can play the notes, but they are not all understanding that a lot of what we do is rhythmically line bassed /based, and at the end of the day, it’s the punk energy that is really important and it’s part of the speed we put into things and it’s just something about, that special thing that you have to find in everyone in this band and with Billy, he was one of the last guys we played with and like i said we had very accomplished technical drummers and…..
Billy really worked, I mean, I had e-mails from a friend asking to pay attention to Billy but I was too busy with other people, he really worked himself into the mix and when he met us, and when we first play with him, he didn’t know us, our songs, he didn’t know songs as well, but there was a fire in him that I knew we couldn’t ignore, and that made him the right choice.

MI. How do you feel sometimes being the only original member left ?
Ben. I don’t know, I mean, in one sense I’m happy about it because I feel like I was able to maintain a certain vision throughout all those years even with all those members changes and I’m really happy with everything we’ve released/ realised, I’m glad that even with all these changes, I’ve been able to keep that touch of the vision from the beginning and ….these new elements throughout the years that I’ve helped keep interesting, and I think it’s really also refreshing to have people on the band that I just appreciate being there as opposed to just being used to, oh we’ve done this for years and all a sudden… it makes me excited again, it gives me more like that excitement ….than when we started seeing new people coming and get excited and I think after all it‘s a positive thing, It’s not easy to cast and do changes like that, it’s a hard lifestyle and we’ve had so many different circumstances for why people who are in the band whether be injured or personal staying or whatever but Liam and Greg have been in the band for like eight, nine years you know. For the majority, most of the band, a lot of the members of the band have been in this band for almost a really long time.

MI. Do you think this actual group will last this time?
Ben. I think and hope so, I think it will. With Gil on the last record it was really like he just came in at the last minute and save the day because our drummer left abruptly.
We were lucky, I was programming the drums thinking we wouldn’t find someone to do it and Gil ended up working on it moaning all day. I though it was gonna be some combination of him and programming or whatever, and the idea was, we just have it get it done no matter what, and he ended up doing the job great but we’re still great friends with him, I sort of all of the time but I still don’t know….the attitude of like mind the tour and really like work as hard and what we were doing.

MI. “Ire works” was your most versatile effort with many instrumental and experimental cuts even some pop rock numbers like “black bubble-gum” or “milk lizard” did you feel that with “option paralysis” you needed to come back to a most compact and coherent album?
Ben. I think we didn’t have really any real intention, there wasn’t a real planned goal like to try and make a record like this. I think our goals have always been to constantly introduce some new elements into the sound that we’ve developed over the years and make it work better and better and that’s the hardest thing for us, the challenge like adding these new things and making it some of our work within the context of the Dillinger sound.
And I think we’re getting better and better and I thought we did pretty good on “Ire works” and the overall record had a vibe I think but it was very different throughout, but without the process I think that we really took it to the next step as far as making it work progressively.
So, the more our goals are getting better end better in song writing, within the Dillinger way, which is not easy, cause we don’t stick to any kind of formula, making those things work, a lot of people talk about our earliest records have been more technical or whatever, and that’s absolutely not true, I mean, the stuff that we are doing now is so much harder, it’s harder to play, it’s harder to write, and the fact is I just don’t think we were as good then than we are now, the sound is more destructurated, the sound is more crazy and I love that but at the same time it is not necessarily intentional as much as it was; we still try to figure out how to incorporate all those crazy ideas in the songs.
At the end of a day, like our goal is to become better in songs writing even though a lot of people consider our music not really songs, for us, that’s the goal.

MI. The first time I heard the ‘Ire works” I was very surprised, I just consider this album as a maze in the way that you listen to a song, then you expect something to the next one and then you go the opposite way, it gets harder then it gets smoother and I was very surprised on this one, the last one, made me the same effect except in another way I felt as a huge mood actually, I don’t know if you agree with me but …
Ben. Sure.

MI. It’s a great album, I love the last album, there are so many good songs and as you said it’s pretty much harder to compose such songs than your previous effort “43% burnt” And I think that people don’t just realise it. But when I saw you on stage last night , when you played “Milk lizard” which is a very basic song actually, I felt the drummer was like uncomfortable with the basic rhythm of this song, Is it true?
Ben. I agree with that, I agree with everything you’re saying, I mean, Ire Works; we wrote it like you know, I love the fact that you can ‘t pick one song and be like that’s the record, like a lot of bands, your songs pretty much represent what you ‘re really gonna like on the record, with us, I mean, that’s been a conscious effort also to make it, you really have to hear the record to understand he band you can’t just pick a song.
Like I said, because I was injured , I was writing some songs on the computer , some songs on the piano, like that was a big part of the trying to survive, this one it was, what do we learn from that, how could we make like an overall vibe and have a focus you know?

MI. We were talking about the early days of the band, can you tell us how Dillinger was born and our best memory about the band and your worst memory about the band?
Ben. God…it was pretty much born out of us giving up, we really just gave up on making it with music. We were all like heavily in the bands and highschool and we were probably in a lot of typical music wall anger music, but some of the bands we were playing in were pretty typical, bands that we would have hooked, could have been giant. Bands like playing in stadiums, in soccer…….of course nothing happened with them, we were truly in bands trying to do that , it’s like winning the lottery , do have even anyone give a shit and like I said, we start going to school, working and we gave up on making it with music and we just made this band, something we found awesome, like this time we tried to make out of it something really stimulating, exciting, something that satisfied the need of the music that wasn’t quite available to us, that we couldn’t really find in a store, that CD that like satisfied that energy and that stimulation we were looking for, accomplish all the things we were influenced by, listening to other style, that could be fusion ,punk or metal ..and my kind did it in a way that was unique at the time they were being doing eclectic music and heavy music, their band were doing more jazz, influenced things or metal mix with punk or whatever but that was very clear that this part used this part, this part used this part, for us we wanted to combine all this and just make a style that was kind of a mix of all these things as opposed to like actually a Frankenstein of this thing. We didn’t want to mix parts together we wanted to make a style.
We did a monster but I think of it more of a soup or stew, maybe a casserole.
Yeah, we really started doing it for fun on the side as free time. It got more serious and I remember, there was a point I was going to school, I started graduate school and I was working too and doing Dillinger was at a point that I couldn’t get out on work and school anymore, we were going on so many touring opportunities, finally I started to make a decision and I just went for the band and like left everything broke out with my girlfriend, left work, quit school, left everything. I went head first and everybody in the band who was going to do that, stayed in the band.

MI. No regrets?
Ben. I didn’t know how the fuck I was going to do after but...

MI. So, your best memory about the band?
Ben. Best memory…God….It’s really been such a long slow steady thing for all these years, it’s never been like, one day we made it, one day something happened, it’s really been such a slow moving thing –like a progression- yeah, it’s not like there has ever been any specific thing but…ah man….I mean, looking back, I can think about things I am really proud and happy…
You know, some of the things like, having people that I grew up listening to, like a Mike Patton, or whatever, really appreciate our music and express that to us and things I never thought would ever happen or even try to make it happen, it just have been something that mean the world to me, no matter how hard we do it makes some sense…but…(sigh) …best memory…

MI. I don’t know, maybe a live show, a meeting or a special album, a song, a moment in the studio, your personal life…
Ben. Really had good memories when we…in the States where we played in a show called “Conan O’Brien “which is a big late night talk show in the States, and you know, millions of people watch it and normally it’s very commercial artists on it, like the weirdest persons like Neil Young…and we performed on it through Ire Works that was really special because it’s something we never thought would ever happen and we were somehow going for…
And the fact that they thought there was something special in our band to pick us all over the other heavy bands that they couldn’t get on the show, that was cool!…bring all the viewers into that Thrash, you know!. That was the interesting thing because like I said, not only we started to play in front of ten people in someone’s garage ,anywhere we could play we would just play, we’d set up on crab and play. And I remember us working everyday to play for the guitars I would break every show. It’s not like we were making tickets, very long time we didn’t make any money and today, play one song in front of more people than we played in our whole lives that are probably put together is pretty crazy.
So, that was a special moment, I’m sure there’s more but that was a lot more recent.

MI. A few time left so, we’re just gonna play a little game, I’m gonna give you the name of a band or an artist and you’ll try to define him or it in just a few words.
MI. Franck Zappa
Ben. Oh God…..Franck Zappa has, will and will be to the end of time a God…very special.
MI. NAPALM DEATH
Ben. Again, very important, important for Dillinger, important for every music, again, like I said earlier, a band that I consider to be smart Metal, I think that the problems of Metal that’s super-close minded instead of being open and being like fuck everybody else it is very elitist and very like if you try anything new and if you’re not like…Napalm Death was the band that very early broke all the rules.
MI. BLACK FLAG
Ben. One thing I can say about Black Flag is that they are a band that has produced amazing and important music but their legend was even more important and probably any music they made and that I think was a huge…that’s something we can really relay to because having Greg join the band and kind of being a fan of our music, just having this over exaggerated idea of what we were, Black Flag that’s something I’ve always think about and it’s definitely important.
MI. Mike Patton
Ben. Even if I don’t even talk to him a couple times a year, he is my mentor you know, in many ways, like I said I blocked the way he’s done things as a measure of how you should do things to be happy musicians, happy artists.
MI. John Zorn
Ben. Probably would be a lot like Mike Patton stuff (laughs) John Zorn, good question….enjoyed playing in his club a few times like this like improvised gigs in John Zorn Club. I think that any real musician is interested in pushing the boundaries and not sticking to the way that is presented to them, the easy comfortable ways should know John Zorn and everything that he does.

MI. Ok thank you Ben, I’d like you to have a final word for your fans on the radio Metal Impact?
Ben. Yes , just, again, thank you for caring because I think, to this day I still can’t believe anyone does sometimes, but mostly, I decide to say thank you to France for being so open minded always from the first time we’ve come to Europe in general , we’ve had a hard time in a lot of countries and obviously American think Europe is like one place because the United-States it’s like so diverse within the states and there are so many different States and so many different things are going on and people think that Europe is like one place and absolutely not and just like I said France is an example of that because from day one , France in general has been so open to us and so understanding and so interested in what we were doing that it’s part of what kept us going.


Ajouté :  Mardi 09 Mars 2010
Intervieweur :  Mortne2001
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