Noitumaa, c'est un peu l’équivalent pour AJATTARA du Roots pour SEPULTURA, même si la démarche est plus radicale avec un album entièrement acoustique. Le tribal n’est pas une question de folklore propre à telle ou telle ethnie mais bien le fondement de toute culture, de toute histoire des peuples dans leur diversité. Et c'est à ce voyage introspectif auquel nous invite Noitumaa, à la découverte d’un imaginaire nourri des archétypes de l’inconscient collectif tels que dévoilés par Carl Jung. Le résultat est une musique primitive, jouée autour du feu, où l’obscurité était peuplée de créatures inconnues et la musique, un vecteur pour s’assurer les faveurs des démons… Ici, les invocations se font essentiellement au son des guitares mais aussi d’une guimbarde récurrente. Le timbre et le phrasé de Pasi Koskinen (vocaliste d’AMORPHIS), dont AJATTARA n’est qu’une excroissance naturelle, reste parfaitement identifiable, mais on sent aussi que Pasi, soutenu par des backing vocals quasi omniprésents, laisse parler ses sensations et ses émotions, sans retenu : cela va des intonations plus torturées et possédées sur « Keuhkosi » et « Saatana Palvoo Meitä » aux murmures de « Lumuus », en passant par l’entrain dionysiaque de « Massat » et les voix claires de « Ikuisen Aamun Sara ». Nous laisserons le mot de la fin à Ruoja, puisque tel est le nom de scène de Koskinen lorsqu’il officie au sein d’AJATTARA : « Je devais fuir la puanteur de la vie, trouver un parfum de mort et accéder à la connaissance de notre propre condition humaine : nous croissons comme des champignons, nous vivons comme des fourmis, nous nous reproduisons et mourrons comme des rats, sans pour autant vouloir accepter le fait que nous ne sommes que des animaux parmi d’autres espèces animales. » Un constat amère, pour un résultat, Noitumaa, assez singulier dans l’histoire du Metal… mais s’agit-il bien encore de Metal ?