Regardez bien ce monstre à l’aspect repoussant sur cette pochette de couleur sang.
Vous connaissez ce démon.
Tel les Grands Anciens si chers à Lovecraft, l’horrible créature semble attendre son heure pour surgir du passé et reprendre le trône qui lui appartient. Dites-vous bien que les Légendes ne meurent jamais. Sous un HEAVEN & HELL rappelant un album mythique paru en 1980 figurent quatre noms bien connus : Ronnie James Dio … Tony Iommi … Geezer Butler … Vinnie Appice … BLACK SABBATH … Ainsi donc le quatuor de Mob Rules et Dehumanizer (quel album !! On ne le dira jamais assez !) a changé de patronyme et n’y accorde que peu d’importance. L’aura que provoque la simple prononciation de leurs noms devrait amplement suffire. Depuis quelques mois tout le monde sait que BLACK SABBATH version Dio s’appelle dorénavant HEAVEN & HELL. Alléchés par les « Ear In The Wall », « Shadow Of The Wind » et « The Devil Cried » (parus sur la compilation The Dio Years), les fans n’en peuvent plus d’attendre un premier opus depuis Dehumanizer, qui date de 1992 ...
Qu’ils se rassurent. La Bête est bien vivante. The Devil You Know en est la preuve.
D’entrée, « Atom And Evil » rappelle les bases essentielles qui ont fait le succès du quatuor sombre. Une rythmique plombée, un tempo écrasant, une ambiance symbolisant la genèse du Doom, le tout évitant la redondance pachydermique avec la subtilité qui caractérise les grands. Tony Iommi, ténébreux et sobre six-cordiste, révèle enfin le soliste brillant qu’il est, trop souvent éclipsé par l’inventeur ultime du riff Heavy Metal … qu’il demeure malgré tout. Ronnie James Dio, lutin de presque 67 ans (!!!), chante avec ses tripes comme jamais. En un mot, sa prestation est E-NOR-ME.
Il ne faut pas longtemps pour se plonger dans The Devil You Know. L’immersion se veut immédiate. Bien que dérangeante parfois, comme sur « The Turn Of The Screw », ou ce « Follow The Tears » et son orgue menaçant évoquant le « Lochness » de JUDAS PRIEST. Une autre référence du Heavy Metal …
Dans l’ensemble, HEAVEN & HELL se plaît à évoluer dans les sphères du Metal lourd, appuyé, aussi fort que le marteau du forgeron qui s’abat sur l’enclume. Avec un « Fear » (Iommi toujours aussi subtil, Butler en bassiste hors norme), un « Breaking Into Heaven » (le Doom par excellence, Dio exceptionnel sur un refrain grandiose), la lourdeur de The Devil You Know n’a d’égale que l’intensité qu’il dégage. On parle là d’un album qui fourmille d’arrangements intelligents, ne laissant jamais place à l’ennui. Les couplets incarneraient la face sombre, tandis que des breaks surprenants et les refrains toujours mélodiques (magnifiés par Dio, comme « Double The Pain » et son tempo plus accéléré) symboliseraient l’étincelle de lumière … Et soudain, tout paraît plus clair.
L’Obscurité, la Lumière, l’Enfer, le Ciel. HEAVEN & HELL.
Pourtant, Butler et consorts savent s’évader vers des cieux moins sombres. Jamais Tony Iommi n’a autant brillé sur ce terrain où on ne l’attend pas, mais alors pas du tout. « Rock And Roll Angel », truffé de passages progressifs, laisse au guitariste tout le loisir de s’exprimer. Avec génie. Par moments, on croirait même entendre Blackmore... (qui est étonnamment remercié dans le livret par Ronnie)*
Le chef d’œuvre de ce nouvel album se nomme sûrement « Bible Black ». Après une intro aérée, le Heavy Metal reprend ses droits et détruit tout sur son passage : une basse qui ronfle, un riff démentiel, un Dio impérial sur des lignes de chant efficaces, « Bible Black » c’est LE titre qui fait aimer le Heavy Metal jusqu’à la mort.
Aux côtés de ces trois dinosaures que sont Iommi, Dio et Butler, il ne faut pas oublier Vinnie Appice et son rôle essentiel au sein de HEAVEN & HELL. Il évite ainsi à « Neverwhere », grâce à ses interventions précieuses, de passer pour une « simple chanson de plus » … Même si il est bien aidé en cela par Iommi qui signe ici l’un de ses meilleurs solos (avec celui du rapide « Eating The Cannibals »).
J’en connais, au Hellfest 2009, qui vont avoir bien de la chance.
HEAVEN & HELL à Clisson, avec ce The Devil You Know, voilà qui promet une belle affiche.
Car Dio, Iommi, Butler et Appice s’imposent encore comme l’un des groupes (si ce n’est LE groupe) majeurs du Heavy Metal. MAGISTRAL !!!