LES ECRITURES SATANIQUES (2008)
Auteur : Peter H Gilmore
Traduction : Christel Derenne
Langue : Français
Parution : septembre 2008
Maison d'édition d'origine : Scapegoat Publishing
Maison d'édition Française : Camion Noir
Nombre de pages : 315
Genre : Renouveau Satanique
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2910196747
ISBN-13 : 9782910196745
L’église de Satan a été la source de bien des fantasmes depuis sa création par Anton LaVey en 1966. Sa naissance dans la deuxième moitié d’une décade prête à s’ouvrir à tous les délires et autres fantaisies vestimentaire et idéologiques n’a rien de surprenant, et il n’est pas étonnant de constater tous les scandales et autres entreprises de dénégation dont elle fut victime, plongée dans une époque vouée au culte de l’amour et du communautarisme.
Il n’est pas question ici de dresser le bilan d’un organisme aussi complexe que celui-ci, car tel n’est pas le but de cet ouvrage. Si vous êtes un fidèle de La Bible Satanique, ouvrage de base du satanisme dit « moderne » ou plus péjorativement « Hollywoodien », vous ne trouverez rien de réellement novateur dans ce livre, qui ne se pose que comme extension de préceptes déjà établis depuis des lustres.
Si LaVey s’est fait au travers des années le chantre d’un Satanisme très théâtral, au travers de ses ouvrages littéraires ou musicaux, Peter H Gilmore, son successeur, se veut représentant d’un culte beaucoup plus pragmatique et moderne, en laissant tomber toute l’imagerie de Carnaval d’une religion tape à l’œil.
Tout au long de ces 315 pages, qui sont en fait constituées d’essais écrits par le grand prêtre dans le périodique The Black Flame, Gilmore nous dicte les principes de bases du Satanisme moderne, et paye autant son tribut à son illustre aîné, qu’aux impératifs d’une organisation en quête de respectabilité.
Au même titre que le KKK qui a compris à l’orée du 21ème siècle que les déclarations tapageuses et les décorums grandiloquents ne pouvaient qu’attirer les foudres des autorités et la condescendance des masses, Gilmore a su adapter à son temps les grands principes de son église.
Plus question de grandes capes rouges et noires et de cornes de carnaval, le satanisme en 2008 s’habille de respectabilité et de discrétion.
La teneur de ses écrits pourrait se résumer en quelques lignes, basées sur un égocentrisme et une capacité à l’excellence quasi innées, et non pas l’adoration d’un quelconque Dieu du mal, transformé au cours des siècles en vulgaire icône pour images d’Épinal constituant le noyau central de toute imagerie dite décalée.
Le traitement du satanisme se voile de philosophie, de sociologie, et d’introspection. En cela, la démarche se révèle très intuitive et fine, puisqu’en flattant l’estime de soi, et non plus la révérence, on permet à l’individu de se recentrer sur lui-même, et de devenir égothéiste, ce qui semble diablement (sans mauvais jeu de mot !) s’adapter à une époque, ou l’intérêt premier est de satisfaire ses propres ambitions, au détriment d’un voisin de plus en plus encombrant.
Les idées développées sont assez justement exprimées, et s’il fut un temps où la religion était l’opium du peuple, celui-ci s’est bien vite tourné vers d’autres divinités, la télévision et l’Internet n’en étant pas les moindres. Gilmore a très bien compris ceci, et en lieu et place d’une tentative de séduction de masse, qui donnerait l’impression à tout un chacun qu’il a sa place au sein de l’organisation, ses déclarations élitistes produisent l’effet inverse, et pousse les individualités à penser qu’intégrer l’église de Satan fait d’eux des êtres hors normes, en flattant leur Ego et leur sens de la compétition.
Néanmoins, la répétitivité des préceptes et des arguments noie quelque peu les idées, et la tendance de l’auteur à gloser et diluer une théorie dans des méandres de phrases complexes, produit l’effet inverse, et l’on aurait tendance à se dire que finalement…il n’a pas grand-chose à dire !
Néanmoins, Les Ecritures Sataniques constitue un prolongement séduisant de tous les ouvrages déjà parus sous le sceau de l’église de Satan, et il serait dommage d’occulter un pan entier de son existence sous le couvert d’une recherche trop pointue de sa raison d’être.
Ajouté : Lundi 09 Février 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Noir Website Hits: 109611
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