Un an à peine après la sortie de leur premier album, les suédois de Göteborg reviennent avec un maxi-CD, et non sans changements. Effectivement, les membres de jeunes groupes mûrissant quant à leur relation avec la musique, les modifications de line-up ne sont pas rares les premières années. Exit Mikael Stanne et Carl Näslund, welcome Henke Forss, derrière le micro, et Daniel Erlandsson, derrière les fûts. Cependant, le temps a-t-il été suffisant pour combler les maladresses de leurs débuts ?
Subterranean c’est, avant tout, beaucoup d’améliorations par rapport à Lunar Strain. On découvre ainsi une production plus claire et un mixage révisé qui permettent de profiter pleinement des compositions recherchées des suédois. La preuve en est avec la magnifique introduction de « Stand Ablaze » constituée de notes de pianos amenant une tension qui monte crescendo pour terminer en une explosion mélodique, ou bien le break acoustique de « Ever Dying ». Car, si le premier album avait du mal à combiner brutalité et mélodie, cet EP a réussi à franchir l’étape. Avec des guitares revenues au premier plan et une batterie décapante, les compos n’ont rien perdu de leur agressivité. Les riffs sont entraînants et les solos dénotent une certaine réflexion dans leur agencement et surtout un talent mesuré. Le successeur de Stanne, quant à lui, supplante allègrement ce dernier en proposant un chant guttural qui s’imbrique parfaitement avec les lignes instrumentales, et colle bien plus au son d’IN FLAMES que les vocaux Black présents sur Lunar Strain. Toutefois, pour ce qui est des paroles, Henke Forss a préféré abandonner les concepts stellaires (à mon plus grand regret) pour traiter de sujets plus communs, en l’occurrence : les souffrances et la mort d’un homme. L’instrumentale « Timeless », à nouveau en guitare acoustique, est une réelle bouffée d’air frais et porte bien son nom puisqu’elle captive hors du temps, de part la clarté éthérée qu’elle répand note à note.
Néanmoins, il semble que les suédois aient eu une panne d’inspiration sur « Biosphere » et le titre éponyme. En effet, ces deux morceaux, bien que dépassant tous deux les 5:10 et proposant des structures davantage complexes, se montrent vite répétitifs et moins accrocheurs que les précédents. En outre, la production paraît légèrement inférieure sur le rendu des guitares (manque de moyens ou volonté du groupe ?). Sans doute cela est-il lié au remplacement, sur ces deux morceaux, de Daniel Erlandsson par Anders Jivarp ; pour des raisons connues d’eux seuls…
La réédition sortie par le label Regain Records (successeur de Wrong Again), en 2004, permet de prolonger le plaisir avec non pas un morceau bonus, mais quatre ; soit deux démos et deux covers, toutes présentant un chanteur différent. Viennent, tout d’abord, Jocke Gothberg avec « Dead Eternity », et Per Gyllenbäck avec « The Inborn Lifeless » (Ndr - qui sera renommée « Dead God In Me » sur The Jester Race). Ces deux compositions sont, plus ou moins, dans la même veine. Entraînés par une batterie percutante, les guitaristes nous servent tour à tour riffs et solos mélodiques. On préfèrera toutefois la première pour son refrain et son intro mémorables, et ses doublages, parfois growlés, sur les voix. Pour ce qui est des reprises, la première, « Eye Of The Beholder » de METALLICA, interprétée par Robert Dahne, est un poil plus rapide que l’originale et aurait mérité un chant entièrement Death plutôt que ce chant clair pourri et ce growl médiocre sur le refrain ; ce qui n’a rien d’IN FLAMES. Pourtant, c’est tout là le principe d’une cover, rejouer le morceau à sa manière. Ce qui a d’ailleurs bien été compris sur la seconde, « Murders In The Rue Morgue » de IRON MAIDEN, avec - et là je vous prie de ne pas crier au scandale puisque j’ai vérifié l’information avec soin - Anders Fridén qui nous gratifie de vocaux rocailleux tout du long, et transforme cette reprise en pur plaisir à la sauce Death Mélodique.
Finalement, les jeunes suédois semblent avoir appris de leurs erreurs et, même si quelques défauts subsistent encore sur la longueur, ils tracent petit à petit leur chemin vers la perfection ; leur handicap majeur restant sans doute leur line-up inconstant. Cependant, suite à cette mise en bouche, il faut le dire, bien trop courte (Ndr - l’EP comportait 5 titres en 1995), c’est avec grande impatience qu’est attendu leur second album !


Discographie Complète de IN FLAMES :
Lunar Strain (Album - 1994), Subterranean (EP - 1995), The Jester Race (Album - 1996), Whoracle (Album - 1997), Colony (Album - 1999), Clayman (Album - 2000), The Tokyo Showdown - Live In Japan 2000 (Live - 2001), Reroute To Remain (Album - 2002), Soundtrack To Your Escape (Album - 2004), Used And Abused... In Live We Trust (DVD - 2005), Come Clarity (Album - 2006), A Sense Of Purpose (Album - 2008), Sounds Of A Playground Fading (Album - 2011)

MI Bonus :
IN FLAMES (se) - Anders Fridén (ITW - Nov-2011/VF-EV)