T.A.N.K (FRA) - The Burden Of Will (2010)
Label : Symbol Muzik / Season Of Mist
Sortie du Scud : 7 mai 2010
Pays : France
Genre : Death / Thrash Metal Mélodique
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 55 Mins
En France, c’est désormais l’artillerie lourde qui est de sortie avec T.A.N.K, acronyme pour THINK OF A NEW KIND. Une désignation qui n’est, en tout cas, pas destinée à la musique des franciliens puisqu’ils proposent, sur ce premier album, un Death/Thrash Metal Mélodique des plus classiques, mais peut-être cela a-t-il rapport avec un nouveau type de processus pour parvenir à répandre sa force de frappe, en peu de temps, avant même de déclencher les hostilités. Effectivement, depuis son assemblage, en 2007, le groupe n’a eu de cesse de se créer une réputation sans précédent, grâce à un premier EP d’une efficacité redoutable et des concerts dévastateurs lui permettant ainsi, l’an dernier, de fouler les scènes prestigieuses du Metalcamp et du Wacken Open Air pour bombarder la foule d’une poudre hautement explosive. Et tout cet engouement, avant même la sortie de ce The Burden Of Will, leur premier album !
La pochette, ornée d’un personnage central instable et torturé, dégage un sentiment d’angoisse et d’oppression au travers des tons gris et bruns macabres et, surtout, de par les chaînes rouillées omniprésentes. Cette imagerie, représentation d’une folie mentale, s’accorde avec la musique délivrée par le quintette.
En effet, T.A.N.K ne fait pas dans la demi-mesure et s’applique à nous le prouver dès les premières secondes de « Disturbia ». Ici, pas d’intro atmosphérique conventionnelle mais, d’emblée, un son agressif, obtenu grâce à une production léchée et surpuissante. La section rythmique bénéficie, ainsi, d’une distinction notable et joue un rôle majeur dans la sauvagerie des compositions, articulées sur un tempo rapide que Clem n’hésite pas à exploser en pilonnant sa batterie et multipliant les blast beats. Et si certains passages ralentissent la cadence (« So Vile »), ce n’est que pour mieux appuyer l’aspect massif que possède leur musique. Oliv a également sa part de responsabilités puisque ses lignes de basse amènent à ce blindage du son, permettant à la fois d’apporter de la consistance aux mélodies et d’accroître la puissance vocale de Raf.
Il faut dire que le jeune homme possède déjà un coffre impressionnant. Le groupe a beau être dans une optique moderne, la facilité ne fait pas partie de leurs munitions préférées, puisqu’il utilise son chant clair avec parcimonie, sur seulement un tiers de l’album. Cependant, il n’est pas non plus mielleux et placé systématiquement sur les refrains, mais plutôt sur quelques phrases du morceau. Ces vocaux clairs sont donc plutôt justes, même si inégaux par moments, à l’instar de ceux de « Corpse » et « Necrosoldier » qui se montrent faiblards tandis que, sur « Beautiful Agony », ils sont davantage maîtrisés, à la limite du hurlé, et plus convaincants. Quoi qu’il en soit, c’est sa voix bestiale qui fait honneur au genre et elle est, ici, d’une rare intensité, mélange unique de growl et chant hurlé, pour un résultat absolument dantesque et jouissif. En outre, ce chant extrême varie selon des spectres plus ou moins criés et denses, et est parfois sujet à des multiplications et effets vocaux. Les titres deviennent alors de véritables condensés de hargne et d’énergie aux refrains grandioses et terriblement entêtants, même si un peu moins marquants en fin d’opus, comme sur « Disturbia », « The Day After », ou encore « Brother In Arms », le tube en puissance de cet album, alliant violence, de par la rythmique soutenue et le growl colossal, et mélodie efficace, résultant des riffs infaillibles d’Edd et Symheris ; ce dernier exécutant également un tapping, et un solo monstrueux lors du break.
Les guitaristes sont clairement influencés par l’époque florissante d’IN FLAMES, particulièrement audible sur « T.A.N.K 09 » qui pourrait faire partie des meilleurs titres de Reroute To Remain, tant le mixage quelque peu étouffé et l’exécution de l’instrumentation se rapprochent de l’atmosphère de cet album. Les deux musiciens subliment les compositions, déjà très bonnes et réfléchies avec de multiples breaks et ponts réussis, en distillant intelligemment d’excellents riffs mélodiques dynamiques et des solos magistraux sur l’ensemble de l’album, mais en faisant également preuve de technique, à l’image des lignes de guitares de « Necrosoldier » qui suivent un schéma déstructuré. Quant à la virtuosité incroyable alimentant les morceaux, on la doit à Symheris, qui est loin d’être un nouveau venu puisqu’il a déjà démontré son talent en réalisant une reprise de « Canon Rock » de JERRY CHANG, qui fut acclamée. Son doigté architectural est un atout indispensable pour T.A.N.K, en témoignent les nombreuses envolées virtuoses, exécutées avec une habileté déconcertante (« Beautiful Agony », « The Day After ») mais aussi dans une veine old school purement suédoise (« So Vile »), et la majestueuse intro/outro de « It Bleeds Inside », toujours nourries d’un feeling unique et parfaitement intégrées dans la continuité de la composition.
Pour ce qui est de la piste instrumentale, elle est aussi de rigueur sur The Burden Of Will, sous le titre « Spiral Chains ». Le morceau est plutôt long, débutant en une première partie lente au motif régulier partagé entre guitares et batterie, dans une optique d’oppression croissante, et conférant également une dimension tribale aux percussions ; puis la basse se met en place, grossissant les lignes, mais toujours en restant sur le même schéma périodique. Même si l’instrumentation est maîtrisée, il aurait sans doute été préférable, d’un côté, de réaliser une composition plus légère et tournée vers l’acoustique (qui n’intervient finalement que lors d’un break sur « Pawns Of The Oracle ») pour contraster le chaos environnant, mais de l’autre, cela montre leur envie de ne pas être non plus trop prévisibles et contourner un peu les codes du genre.
En plus de l’aptitude indéniable que possède le groupe à composer des titres plus efficaces et mémorables les uns que les autres, la surprise de cet album vient du featuring, sur « Idle Ghost », d’un frontman reconnu sur la scène française avec ONE-WAY MIRROR, mais aussi à l’international avec MNEMIC, soit Guillaume Bideau ; preuve de l’impact hexagonale déjà conséquent du combo. Son timbre clair, très reconnaissable, apporte une saveur particulière à ce morceau davantage orienté Metalcore, d’où le moshpart central, voire Néo sur certaines rythmiques. L’agressivité reste tout de même présente avec les vociférations de Raf, ainsi qu’une bonne dose de blast beats.
En parlant de guests, on retrouvera, en piste bonus, un ancien titre qui était apparu sur Dans La Fosse Aux Lions, l’édition 2008 de la compilation French Metal, à savoir « Destination », proposant, en invités de choix, Aurélien Ouzoulias et Steve Petit de ZUUL FX. Les pistes vocales growlées sont partagées entre les deux frontmen, et le refrain est vraiment épique, avec l’excellente prouesse mi-clair/mi-hurlée de Steve doublée par les vocaux arrachés de Raf, et supportés par les blast beats schizophréniques d’Aurélien. Les guitares font à nouveau un très beau boulot, alliant technique et mélodie qui s’ancrent parfaitement au morceau, sur une rythmique agressive et soutenue.
T.A.N.K n’est donc pas une simple machine de guerre, loin de là, le groupe s’apparente davantage à l’énorme obus de destruction massive qui sortirait du canon de l’engin pour anéantir toute forme de résistance futile, en l’espace de cinquante minutes. Au vu du talent démontré, égalant le niveau de formations internationales reconnues, le quintette s’impose indéniablement comme un des leaders du genre en France et, par la même occasion, devient également un des piliers de la scène Metal hexagonale. The Burden Of Will en fait, sans conteste, la révélation française de 2010, et risque de s’octroyer facilement une place de choix parmi les meilleurs albums de cette année. Sa guerre a commencé et ne laissera personne indemne, décimant des populations entières sous l’impact de ses compositions ; si vous souhaitez y réchapper, grossissez les rangs de cette machinerie au sigle percutant : T.A.N.K (Just remember this…).
Ajouté : Lundi 05 Juillet 2010 Chroniqueur : CyberIF. Score : Lien en relation: T.A.N.K Website Hits: 10712
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