Je me faisais un plaisir de vous parler il y a quelques heures, lors de ma précédente review (cf. MELECHESH – The Epigenesis, voir par ailleurs), des 10 Sephiroth de la Kabbale symbolisés sur la pochette du disque de nos amis mésopotamiens quand, ô surprise, voici que THERION a eu la même idée pour illustrer son dernier effort, Sitra Ahra. Sauf que pour le coup, le rapport est vraiment incompréhensible et surtout, le coup du bénitier pour représenter les puissances créatrices fait surtout office de matérialisation du mauvais goût. Mais on connaît tous THERION, ses grands orchestres, sa vision du Metal symphonique totalement surjoué, les suédois s’épanouissent dans le grandiose, l’abracadabrantesque. Il suffit de consulter la liste des membres passés au sein du groupe pour constater qu’il y a plus d’éléments notés que sur la liste de courses de Robinson Crusoé. Preuve au final, d’une bien grande instabilité, tant sur le plan humain que musical. Dernier grand cirque en date, le départ express de Snowy Shaw pour aller remplacer Vortex chez DIMMU BORGIR. Le bonhomme sera resté chez les norvégiens environ 48 heures avant de rentrer au bercail avec l’assurance grotesque d’être mieux payé. Achille Zavatta recrute.
En ce qui concerne Sitra Ahra, il s’agit ni plus ni moins du douzième full-lenght pour nos suédois. Et comme de coutume, il contient son lot d’atmosphères orchestrales, de chœurs magistraux, d’ambiances grandiloquentes et théâtrales. Pas besoin d’attendre trois plombes avant d’en être certain. L’éponyme introductive suffira à cette besogne, avec ses rythmiques religieuses et surtout, ses chœurs poignants dignes des plus grands opéras. Sauf que voilà, THERION, on commence à connaître. Et ce n’est pas le duo vocal masculin Thomas Vikström / Snowy Shaw, tout nouveau tout moche, qui va révolutionner considérablement leur griffe tellement identifiable. Les suédois avaient fait les choses en grand sur Gothic Kabbalah, ils semblent avoir revu leurs ambitions à la baisse avec des compositions simplistes comme « Kings Of Edom » qui, jamais, ne placera un mot plus haut que l’autre. Puis nos amis tentent quelques tableaux. Prenons « Land Of Canaan » par exemple, longue piste de plus de dix minutes contenant son lot d’innovations, comme un passage bien sympathique à l’harmonica. Si le résultat n’est pas foncièrement déplaisant, on a l’impression d’avoir affaire à un copier-coller de nos amis allemands d’HAGGARD. Je n’ai pas l’intention de mettre de l’huile sur le feu ni d’affirmer qu’une des deux formations s’adonne au plagiat, mais sur le coup, la ressemblance est sacrément frappante. Encore plus sur « Hellequin », vraiment médiévale dans l’esprit. De grâce, THERION nous offre aussi « 2012 » et autres « Kali Yoga III », beaucoup plus abordables et dynamiques, surtout pour ceux qui font une allergie au lyrisme exacerbé. Tout le contraire d’un « The Shells Are Open » (qui justifierait la pochette ?) avec son intro horripilante et ses envolées vocales interminables. A force de souffler du chaud au froid, on en deviendrait presque nerveux devant l’ambigüité de ce Sitra Ahra. Mais en bon génies musicaux qu’ils sont, les scandinaves nous achèvent avec la superbe et relaxante « After The Inquisition : Children Of The Stone ». Une pièce qui n’a rien de Metal, mais dont les chœurs d’enfants font toute la richesse et la pureté.
Sitra Ahra est donc un disque qui comporte son lot de quenelles, mais aussi de belles perles. Pas assez pour remplacer le bénitier par une huitre mais toutefois, nous pouvons saluer à l’unanimité un disque qui, s’il n’est pas le meilleur, et de loin, ne fera certainement pas tâche dans leur discographie. En dépit d’un bordel constant dans le line-up, THERION demeure plutôt régulier musicalement en proposant à tous les coups des œuvres susceptibles de combler les nombreux fans de Metal symphonique.