TWISTED SISTER est déjà riche de deux albums Under The Blade (1982) et You Can't Stop Rock'n'Roll (1983) quand Stay Hungry s'apprête à sortir. Mais ce qu'ils se préparent à vivre à travers ce nouvel opus, c'est une révolution musicale et politique. Atlantic Records à l'époque pour soutenir leurs petits nouveaux en lesquels ils ont beaucoup d'espoirs, va réaliser deux clips pour « We're Not Gonna Take It » et « I Wanna Rock ». Ces deux créations passent en boucle sur MTV. Ils font une tournée aux USA où METALLICA assure la première partie. Tout ça propulse les « Iron Men Of Rock And Roll » sur la scène internationale.
Stay Hungry se vend à plus de trois millions d'exemplaires, et obtient ainsi un disque Multi-Platinum. Cet opus reste leur plus grosse réussite commerciale et les morceaux « I Wanna Rock » et « We're Not Gonna Take It » restent des classiques du Heavy Metal. À la suite de la sortie de cet album, l'association PMRC (Parents Music Ressource Centre) dénonce TWISTED SISTER comme une menace. Notamment à cause de « We're Not Gonna Take It », chanson qu'ils jugent incitante à la violence.
Donc voilà nos Hommes, tout en chair et en cheveux, qui en l'espace de 3 ans passent du statut de groupe local à celui de légendes du Glam Metal et remparts contre les ancêtres de Boutin & friends. Mais de quoi la Bête est-elle faite ? Si l'aspect androgyne et efféminé du groupe porte à confusion, le style de leur musique lui est clair : c'est du Heavy Metal. Alors pourquoi mettre « Glam » au lieu de Heavy dans la description ? Parce que pour moi, TWISTED SISTER c'est en live qu'il faut absolument aller les voir. Notamment grâce au génie Dee Snyder, qui enflamme les foules et rend les Hommes fous de cette musique, de cette présence indécente mais qui résulte d'un instinct bestial et primaire qui, comme un William Wallace des temps modernes crie « FREEDOM». Parce que TWISTED SISTER, grâce à cet opus qu'est Stay Hungry, incite les foules à crier à la faim de liberté à laquelle aspire toutes générations, et notamment les plus jeunes.
La construction des morceaux s'oriente autours 2-3 riffs (souvent un pour le refrain, et un ou deux autres pour le reste). Ça peut paraître peu, mais ceux-ci sont variés et s'intègrent bien les uns dans les autres ainsi qu'avec le chant qui forme de son côté une mélodique des fois en décalé de la musique. Un solo vient souvent agrémenter chaque épisode, mais le tout reste minimaliste (et par là j'entends instinctive, stimulante, et pas simpliste !). La musique est guerrière et vindicative. En revanche ce n'est pas lourd mais plutôt entrainant. Elle exalte nos passions musicales et réveille le « Metalhead » qui parfois, malheureusement, s'endort. Cet album c'est un peu la recette miracle, avec des riffs simples dont la qualité est régulière, un chant entrainant, des refrains puissants. On a dit « La beauté est Simplicité » et quand j'écoute cet album (et que je me souviens de l'avoir vécu en live surtout) je réponds OUI comme une donzelle devant l'autel. Bref, c'est de la bonne musique, du bon Metal puissant et qui s'impose comme un exemple dans le milieu.
Attardons nous quand même quelque peu sur certains épisodes qui méritent qu'on s'y penche plus personnellement.<br< « Horor-Teria » c'est en fait un double morceau. La première partie :
« Captain Howdy » raconte une histoire. Le moment de démence de l'album ! Ensuite c'est la deuxième partie avec « Street Justice ». Là, c'est mon coup de cœur. Pourquoi ? Parce que quand j'écoute et que je lis les paroles de la chanson, je vois un poème, comme on en verrait dans le recueil The Whitsun Weddings de PHILIP LARKIN. Je reste scotché devant la phrase « A local stranger from the neighborhood », tellement pleine de sens par rapport au thème de l'injustice et du criminel. Mais c'est aussi la structure de la chanson qui étonne ! Un tempo parfaitement régulier entre chaque paragraphe... Bref, je m'émerveille devant ce qu'on ne voit pas habituellement dans les textes de chansons.
« S.M.F. » c’est pour « Sick Mother Fucker », (le surnom des fans). Au final, ils sont à l'image du groupe, ces fans. « You're a lot like me » dit par Dee comme la phrase d'un professeur attendri par son élève, c'est l'hommage aux fans !
Stay Hungry, c'est comme un concert dans ta sono. « We are TWISTED, Mutha'fuckin' SISTER » : le cri de ralliement qu'ils lancent avant chaque show. C'est un appel à ce qui il y a au plus profond de tous les rockers : la bête, la furie, et la folie tordue inspirée par chaque membre du groupe, leurs looks et ce qu'ils représentent. Un album qu'on écoute sans peine et sans faim, bien que la faim, elle soit là quand on a fini de l'écouter. En attendant, je compte les jours jusqu'à leur prochain live pour entendre et réécouter le chant hypnotique de Dee Snyder, encore une fois son « I Wanna Rock » et moi répétant bestialement (non pas bêtement) « ROCK !».