En tant que chroniqueur occasionnel pour tout ce qui touche le Metal brutal (votre serviteur se révèle plus à l’aise à l’écoute de Metal plus “mélodieux”), je vous invite toutefois, vous, lecteurs de Metal Impact, à aller taper le nom de SVART CROWN dans votre moteur de recherche préféré (oui oui, celui avec deux « o »). Ainsi, vous constaterez par vous-même que le deuxième (ou troisième) lien renvoie vers une interview dans nos colonnes de Jean-Baptiste Le Bail, guitariste et vocaliste de SVART CROWN. Etonnant non ? La raison est simple. Depuis le début, Metal Impact croit dur comme fer en SVART CROWN.
Le combo niçois a définitivement séduit avec Ages Of Decay, sorti en Avril 2008, ce premier album si convaincant, si prometteur, comblant les fans de Black/Death (BEHEMOTH, BELPHEGOR) et Thrash (SLAYER), le tout dans un déluge sonore de brutalité et de maîtrise. De quoi laisser sur le carreau les prétendus maîtres du genre. Et n’allez pas voir, dans ce parti pris, une quelconque pointe de chauvinisme exacerbé, il n’en est rien. La preuve, SVART CROWN vient de signer avec Listenable Records, écurie à l’envergure européenne qui héberge des cadors de la tempe de GOJIRA, SOILWORK ou encore IMMOLATION. Une première forme de reconnaissance ? Peut-être. C’est surtout l’occasion pour le quatuor de franchir un palier. Et il ne faut surtout pas comprendre le titre de ce nouvel opus, Witnessing The Fall ("témoin de la chute") comme un triste signe prémonitoire. L'ascension de SVART CROWN dans les sphères Metal ne fait que commencer.
Qui dit nouvel échelon dit progression. Tout dépend aussi de la signification qu'on donne exactement au terme "progression". Ages Of Decay donnait dans le Metal extrême à multiples facettes. Que les choses soient bien claires : Witnessing The Fall se veut absolument plus Death, sans concession et sans pitié. SVART CROWN s'affirme d'autant plus en creusant le style, en s'éloignant avec assurance du batardisme à la BELPHEGOR, que les Niçois affectionnent pourtant. Alors d'entrée, l'auditeur est pris à la gorge. Cette intro, "Where The Light Ends", annonce la couleur, enfin plutôt la fin de la couleur et de la lumière, et plonge dans les ténèbres. Puis c'est le déluge : "Colosseum", "Dogs Of God" et "Nahash The Temptator" (celui ci est énorme !!!) constituent le trident d'assaut du SVART CROWN nouveau. Entre la voix caverneuse de Le Bail, et le matraquage singulier de Gael Barthélémy (ex-BALROG, entre autres), impossible de sortir indemne de cette descente aux enfers. Les solis hystériques mais travaillés mettront un peu de baume au cœur des fans déçus de SLAYER, ceux qui regrettent amèrement les inspirations passagères de King et Hanneman à l'époque de South Of Heaven... C'est ce fameux climat malsain que l'on retrouve sur la dernière plage de Witnessing The Fall, ces huit minutes de souffrance tordue nommées "Of Suphur And Fire", introduites par des arpèges à filer le frisson et menées sur un rythme plus imposant qu'ultra-rapide. Entre temps, SVART CROWN a tout ravagé, aidé grandement, j'insiste, par le talent de ce cogneur atypique qu'est Gael Barthelemy. Le discours de SVART CROWN reste violent ("Strength Higher Than Justice"), accouplé à merveille à des compos toujours percutantes, jamais redondantes.
Voilà un combo qui peut se vanter de porter à son tour bien haut l'étendard du Death Metal français.