ARTILLERY est l’exemple même du groupe estampillé 80’s qui a brillamment négocié le virage des années, restant fidèle à son optique de départ tout en tenant compte de l’évolution des mœurs et des goûts du public. On pourrait parler d’honnêteté pour les définir, mais cette conclusion occulterait le fantastique travail accompli pour produire une musique de qualité sans renier ses origines, ce qui demande un véritable effort de créativité. My Blood est en la preuve la plus flagrante. Voici un exemple type d’album enthousiasmant de bout en bout, et dont on ne regrette à aucun moment l’achat. Car il contient tous les ingrédients indispensables que l’on est en droit d’attendre d’une telle réalisation. La puissance, l’efficacité, le soupçon d’originalité, la vitesse, et même un chouia d’arrangements sympathiques au détour de quelques titres.
Avec en guise de line-up une paire de guitaristes volontaires et inventifs, une section rythmique compacte et volubile, et un chanteur dont l’organe peut sans problème rivaliser avec les cadors du genre, ARTILLERY frappe juste et bien, sans jamais en faire trop ni pas assez. De fait, les onze titres passent très vite, de part leur exécution bien sur, mais aussi grâce à une interprétation sans faille et subtilement variée.
En guise d’introduction, les sept minutes bien tassées de « Mi Sangre (The Blood Song) » font penser à un JUDAS PRIEST du meilleur crû, ou même à un PRIMAL FEAR très inspiré. Heavy à souhait, débordant d’interventions pertinentes, et porté par un riff redondant, c’est une mise de bouche de premier choix, qu’on se plait à réécouter jusqu’à plus soif.
A moins que l’on ne préfère directement enchaîner avec le monumental « Monster » débordant d’énergie Thrash qui nous ramène en plein dans ce que les 80’s avaient à proposer de meilleur. Ca déboule sans crier gare, ça prend à la gorge, en bon pitbull métallique. En deux titres ARTILLERY pose des jalons solidement plantés dans le roc, et il s’avère très difficile, pour ne pas dire impossible de résister. Avec un son énorme, mettant en relief des guitares acérées qui occupent tout l’espace sonore, et un chant central débridé, le groupe dégaine sans se soucier du nombre de cartouches qui restent. Chiffre relativement facile à déterminer, puisque l’album ne contient quasiment que des temps forts.
Similaire dans la démarche au phénoménal Evolution In Chaos d’HEATHEN, My Blood arrive à combiner l’harmonie avec la force de frappe pour en arriver à un équilibre parfait, sans presque jamais tomber dans la redite. Pour vous en convaincre, concentrez-vous sur l’imparable « Death Is An Illusion », condensé de cinq minutes de la quintessence même du Heavy Thrash sans concession. Mais dans un désir constant de ne pas lasser l’auditeur, on trouve aussi des morceaux plus harmoniques, assez proches de METAL CHURCH d’ailleurs, comme « Ain’t Giving In », qui jongle entre les cavalcades fumantes, les tempi syncopés et les harmonies vocales subtiles. Et le fait qu’il soit immédiatement suivi par le brûlot « Thrasher », qu’on imagine sans peine ruiner les scènes européennes avec son refrain appelé à faire se dresser bien des points, illustre parfaitement ce propos.
Alors bien sur, cet effort n’est pas exempt de faiblesses, et « End Of Eternity » en est la parfaite illustration. Un peu réchauffée, très insipide, elle plombe inutilement la fin de l’album, mais ce n’est là qu’une critique mineure, tant les dix autres compos restent au dessus de tout soupçon.
On peut donc affirmer qu’ARTILLERY est un groupe qui n’a jamais déçu. De culte dans les années 80, il est devenu une référence, proposant un Heavy Thrash d’excellente facture, apte à décoiffer le plus laqué d’entre vous.
My Blood ne fait pas exception à la règle, et j’en profite pour dédier cette chronique à mon ami NicoTheSpur, qui, je n’en doute pas, adhèrera à mon propos !