ACCEPT (de) - Wolf Hoffmann (Mars-2012)
La vie est une roulette russe, pour reprendre le titre d’un album de Heavy Metal de 1986. Un jour on interviewe un obscur groupe de Grind officiant dans les caves qui puent la pisse et le lendemain, c’est Monsieur Wolf Hoffmann, guitariste emblématique du groupe ACCEPT qui répond à vos quelques questions. A l’occasion de la sortie de Stalingrad, treizième album pour ces légendaires allemands au parcours atypique, l’ami Wolf s’est prêté de bonne grâce au jeu des questions-réponses et effectue un retour aussi éclair qu’éclairé sur plus de trente années de musique. Entretien.
Line-up : Mark Tornillo (chant), Wolf Hoffmann (guitare), Herman Frank (guitare), Peter Baltes (basse), Stefan Schwarzmann (batterie)
Discographie : Accept (album – 1979), I’m A Rebel (album – 1980), Breaker (album – 1981), Restless And Wild (album – 1982), Balls To The Wall (album – 1983), Metal Heart (album – 1985), Russian Roulette (album – 1986), Eat The Heat (album – 1989), Objection Overruled (album – 1993), Death Row (album – 1994), Predator (album – 1996), Blood Of The Nations (album – 2010), Stalingrad (album – 2012)
Metal-Impact. Salut Wolf ! Je suis Stef pour le webzine français Metal-Impact. Tout d’abord, merci de nous accorder de ton temps. J’imagine que votre agenda est bien chargé avec la sortie prochaine de Stalingrad ?
Wolf Hoffmann. Salut Stef, comment ça va ? Oui, c’est sur qu’on est vraiment très occupés en ce moment, merci de demander. Qui aurait pu imaginer ce qui nous arrive actuellement et surtout, de quelle façon nous sommes revenus avec ce nouvel album à peine 20 mois après Blood Of The Nations ?
MI. Quel regard portes-tu sur le retour qu’a opéré ACCEPT depuis Blood Of The Nations au sein de la scène Heavy Metal ? En tant que membre originel du groupe, tu dois être très fier…
Wolf. Je le suis et c’est vraiment incroyable parce que oui, on a travaillé très dur et on a été très occupés à présenter Blood Of The Nations, mais quelque chose d’incomparable. Ce n’est pas à nous de récolter toute la gloire de ce retour réussi. En fait, nous croyons que cette gloire appartient surtout à nos fans. Tu peux tout essayer, même les choses les plus difficiles, si les fans ne sont pas intéressés, tu es foutu ! Nos fans nous ont toujours suivi et c’est ça qui nous a boosté, tout au long de notre vie.
MI. Comment expliques-tu qu’après toutes ces années dans l’ombre, votre retour sur le devant de la scène fasse autant l’unanimité ?
Wolf. Comme je te l’ai dit, ce fut une surprise pour chacun d’entre nous. Et c’est vraiment impressionnant, surtout quand on rencontre notre public. On était vraiment partis si longtemps ? Nos fans nous le font oublier.
MI. C’est ACCEPT qui a manqué au Heavy Metal ou l’inverse ?
Wolf. Je pense qu’en fait, on s’est manqué l’un à l’autre.
MI. Tu as déclaré lors de la sortie de Blood Of The Nations que c’est votre rencontre avec Mark Tornillo qui a été le déclic pour votre reformation. Peux-tu nous en dire plus sur cette rencontre avec Mark ?
Wolf. Il n’y a pas grand-chose à dire. Dans la vie, tu rencontres des gens et parfois, ils changent ta vie. Quand on s’est rencontrés pour la première fois, PERSONNE sur Terre ne pouvais prévoir ce qui allait se passer, principalement parce qu’on a suivi notre inspiration et notre instinct, sans aucun plan ou pression. Tout le monde s’est senti libre et c’est surement ce sentiment qui nous a permis de sortir Blood Of The Nations.
MI. N’as-tu pas regretté au début qu’Udo ne s’implique pas dans le projet de reformation d’ACCEPT ? Lui prétend le contraire mais que son retour dans ACCEPT sans Stefan Kauffmann était impossible…
Wolf. J’aimerais mieux ne pas avoir à commenter ça ici… Tu sais, il y a eu tellement d’histoires fantasques racontées autour de cette histoire, par tant de personnes… On ne peut pas oublier le passé. Personne ne le peut. Mais nous sommes désormais concentrés sur le présent et ce qu’on vit en ce moment est extraordinaire !
MI. Parlons maintenant du présent et de Stalingrad. Que peux-tu nous dire sur ce nouvel album ? Selon toi, est-il dans la continuité de Blood Of The Nations ?
Wolf. On s’est vraiment sentis comme emportés par nos fans qui n’arrêtaient pas de nous questionner. Vous allez bientôt revenir ? Vous allez sortir un nouvel album ? Combien de temps faudra t-il attendre ? Encore et encore… Alors on s’est dit “inutile de trainer”. On s’est occupés de ça et c’était parti !
MI. C’est votre treizième album. Pas de problèmes de superstition (rires) ?
Wolf. Non, non, aucun problème à ce niveau-là (rires)…
MI. Les paroles de Blood Of The Nations avaient été rédigées par Mark et non par ton épouse, comme c’était le cas sur les précédents albums. Avez-vous choisi de reconduire l’expérience pour Stalingrad ?
Wolf. Oui absolument. On savait pertinemment qu’une personne différente écrirait des textes différents, mais on continue de croire qu’on a fait le bon choix. Mark a eu la liberté d’écrire son propre matériel et j’espère que les fans seront d’accord avec notre choix.
MI. Penses-tu, comme moi, que cet album est probablement un des meilleurs de votre discographie ?
Wolf. Oh, merci beaucoup ! Mais tu sais, je crois que ce n’est pas à moi de dire ça. Nos fans nous le diront !
MI. Je suis toujours frappé par le contraste entre le côté old-school de votre musique et la modernité de la production. C’est un choix délibéré ?
Wolf. Oui, ça l’est ! Et j’aimerais en profiter pour remercier encore Andy Sneap pour le formidable boulot qu’il a fait.
MI. Le titre de cet album réfère à la bataille du même nom je suppose. Y a-t-il quelque chose de conceptuel derrière tout ça ?
Wolf. Si tu regardes en arrière, tu constateras qu’on a toujours espéré offrir aux gens de nouvelles perspectives. Stalingrad, c’est une autre façon de mettre en lumière l’une des batailles les plus terribles de l’Histoire. L’idée que tout ces soldats se soient battus jusqu’à leur dernier souffle me semble contestable. Je pense que la mort est perçue différemment par chacun et que de mourir seul, perdu et oublié est probablement la plus grande peur dans tout ça… Le sujet de cet album, ce sont deux êtres humains qui meurent mais surtout, qui meurent ensemble, comme des frères dans la mort.
MI. Comment fait-on, après 36 ans de service, pour continuer à écrire de bonnes chansons d’Heavy Metal ? Quelle est ta « drogue » ?
Wolf. (Rires) En fait, j’ai un complice et c’est Peter Baltes ! On est liés depuis qu’on a 16 ans et on sait parfaitement comment l’autre fonctionne. Je ne pouvais pas rêver mieux, on vit la vie qu’on a toujours souhaité vivre. La musique c’est notre voix, le reste n’a pas d’importance !
MI. Comment tu expliques que des gamins de 20 ans comme moi peuvent être sensibles à vos travaux présents et passés ? ACCEPT est-il un groupe capable de toucher différentes générations ?
Wolf. Tu sais, quand on regarde notre public, on doit parfois se pincer pour voir si on ne rêve pas. Peu importe où nous allons, il y a une sorte de bonheur et d’excitation qui règne. C’est vraiment impressionnant d’entendre des pères de famille parler à leurs enfants de leurs héros d’ACCEPT. Ils sont côte à côte pour nous voir et de notre côté, on donne toujours le meilleur de nous même. L’amour de la musique n’a pas de limite d’âge et c’est ce que nous constatons, peu importe l’endroit.
MI. Tu as fait quelques reprises de morceaux de musique classique dans le passé avec ACCEPT. C’est une expérience que tu aimerais renouveler ?
Wolf. C’est toujours en moi, depuis le début de ma carrière et Gaby (ndr : Gaby Hoffmann, sa femme) est ma plus grande fan. C’est elle qui me pousse à laisser sortir tout ça et je suis incapable de ne pas en inclure dans mon travail. C’est vraiment une partie de moi.
MI. Vous serez à Paris, au Bataclan, le 6 avril 2012. Quel est ton ressenti vis-à-vis du public français ? Depuis tout ce temps, tu as forcément dû apprendre quelques mots de français ?
Wolf. Paris & ACCEPT… mon amour… ACCEPT & Paris (ndr : en français dans le texte). Venez au concert et vous verrez ce qui se passe quand ACCEPT vient à Paris.
MI. T’arrives t-il de penser à l’après-ACCEPT, puisqu’il faut bien s’arrêter un jour ?
Wolf. On vit au jour le jour, on vit vraiment une expérience incroyable et peu importe ce qui se passe ou ce qui se passera, on n’a pas le temps de penser à des choses qu’on ne peut de toute façon pas changer. On suit l’appel de nos fans et en ce moment, je peux te dire qu’ils appellent vraiment fort !
MI. Que peut-on vous souhaiter pour l’année à venir et toutes les autres ?
Wolf. Exactement la même chose que tu te souhaites pour toi-même !
MI. Merci Wolf, c’était un honneur d’échanger quelques mots avec toi. Bonne continuation à tout le groupe et bonne réussite pour Stalingrad. Les derniers mots sont pour toi.
Wolf. Merci à toi pour cette interview ! Venez nous rencontrer à Paris au Bataclan !
Ajouté : Mercredi 18 Avril 2012 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Accept Website Hits: 12809
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