Quand nos chers concitoyens musiciens virent barges et décident de s’immerger dans une culture lointaine, pour en extraire toute sa folie et sa démesure, nous sommes quasiment assurés de passer un très bon moment. Cette folie, LOCOMUERTE nous la fait partager au travers de son premier effort autoproduit qui envahit aujourd’hui nos bacs. Bien décidés à contaminer la planète de leur Hard-Core ravageur et hautement vitaminé, le quartette ne recule rien pour nous rallier à sa cause hispanique.
Si musicalement, il n’y a rien de nouveau sous le soleil, il faut avouer que la bonne humeur ambiante est vraiment contagieuse et que l’on ressort de l’écoute de Máquina De Guerra le sourire aux lèvres, prêts à en découdre devant n’importe quelle scène nationale ou européenne.
Pratiquant un Hard-Core de tradition, dans la plus droite lignée – comme l’indique très justement leur Bio – de ténors tels MADBALL ou SICK OF IT ALL, LOCOMUERTE sait faire parler la poudre, et par moments, lorsque le tempo se fait plus écrasant et les guitares plus lourdes, louche sévèrement du côté d’un BIOHAZARD des meilleurs jours (« Rumble » en étant le plus parfait exemple).
Le choix de l’espagnol pour le chant est de plus une excellente démarche, et le parrainage avec un BRUJERIA version bon enfant devient assez évident, même si la l’optique fondamentale des deux groupes n’a rien en commun.
Je pencherais plutôt vers une filiation avec les cultes de chez culte KORTATU, le versant politique des paroles en moins.
Si le plan de travail reste très classique et respectueux du code inhérent à tout bon groupe de Hard-Core qui se respecte, LOCOMUERTE évite la linéarité par de petites trouvailles bienvenues, tant au niveau de chœurs, que des guitares qui savent quand il le faut s’éloigner des sentiers battus.
Le point fort de Máquina De Guerra reste bien sur le chant possédé de Noxy Demente (Quel pseudo, bravo !), qui crache ses tripes à la moindre occasion, mais sait nous rallier à sa cause de torero de l’extrême par une utilisation fort pertinente et récurrente de petits « Ayayayaya !!! » qui dynamisent l’écoute. Le choix d’un format court pour le développement des morceaux contribue bien sur à cette impression de douce folie ambiante, et les breaks qui parfois cassent les titres en deux apportent une fraîcheur indéniable à l’ensemble, comme sur l’intenable « Corazon A La Calle », véritable appel à la fête de rue, avec son final épileptique.
Jamais lassant ni répétitif, ce premier album jongle constamment entre le sérieux revendicatif des héritiers du Punk Californien des années 80, et l’appel festif de combos illustres tels SUICIDAL TENDENCIES, sait rester crédible et cohérent malgré une sérieuse dose de second degré, et, de fait, réussit la gageure incroyable de distraire tout en défoulant. Frôlant parfois le chaos et la colère pure sur des titres comme « Mi Familia », le groupe sait à merveille placer ces fugaces instants de terrorisme musical parmi un ensemble compact et musicalement simple, mais irréprochable.
Máquina De Guerra prouve une fois de plus que la scène française, quelle que soit son optique, n’a plus rien à envier à ses homologues européens, voire mondiaux. Les musiciens hexagonaux ont réussi à affirmer une identité propre, tout en respectant les standards de qualité intrinsèques de chaque style qu’ils abordent. Et si à la fin de l’audition, vous ne ressentez pas le besoin de remettre le couvert une nouvelle fois, on ne pourra guère blâmer les LOCOMUERTE.
Car ils auront tout fait pour vous rallier à leur cause !