YGGDRASIL et moi, nous nous sommes quittés hier sur de mauvaises bases. Après un Kvällningsvindar Över Nordrönt Land, premier album il faut le dire peu convaincant, j’ai eu la très nette impression que les suédois nous ont pris pour des bourricots avec leur Folk ultra-caricatural et chiantissime au possible. Toutefois, j’ai pris soin de ne pas fermer la porte à clef derrière moi, dans l’espoir qu’ils tenteraient malgré tout de l’entrouvrir avec un deuxième opus moins passe-partout. Sorti en 2009 mais lui aussi réédité en 2011, Vedergällning marque incontestablement une progression dans la carrière de Magnus et Gustaf, les deux fanfarons qui composent le combo. A bien des égards, cette œuvre se démarque de la précédente. Les fruits ont mûri sur l’arbre de la vie, sans aller jusqu’à dire qu’ils sont bons pour la cueillette.

Désormais, YGGDRASIL semble s’orienter vers un Folk Metal beaucoup plus teinté de Black, comme le démontre clairement la piste d’ouverture, « Oskerei ». Les guitares sont clairement audibles, qu’elles soient sèches ou électriques. La production a également pris un coup de jeune, qui nous permet de savourer pour la première fois le talent de guitariste soliste de Magnus. On constate aussi très rapidement la disparition des affreux violons qui nous jouaient de sinistres accords sur Kvällningsvindar Över Nordrönt Land. Leurs quelques apparitions, œuvres de Manuela-Ruth Ötves, sont nettement plus réfléchies et audacieuses (« Sorg »). Si de fausses notes se font toujours entendre, comme ce problème de justesse des chœurs clairs sur « Tusenårslunden », elles sont moins répréhensibles qu’auparavant. YGGDRASIL a trouvé une certaine cohésion et parvient enfin à nous faire voyager dans son délire de glorification d’une Mère Nature omnipotente. Détail important, on remarque également pour la première fois l’apport de la batterie sur certaines compositions, plus Rock & Roll sur l’éponyme, elle sait aussi se montrer dynamique sur « Valkyria ». Si les schémas généraux sont plutôt ressemblants, chaque chanson possède néanmoins sa propre personnalité. Dans ce sens, les violons apportent au choix de la noirceur ou de la fraîcheur. Le chant féminin est lui aussi définitivement rangé au placard et c’est tant mieux, ça fait toujours un autre lieu commun de rayé dans cette liste qui tend à se raccourcir. Véritablement, on se demande par quel miracle YGGDRASIL a opéré pareille transformation tant l’aurore succède avec efficacité au crépuscule. Sans être particulièrement magistral, Vedergällning profite probablement de la médiocrité de Kvällningsvindar Över Nordrönt Land pour faire diversion et récolter des suffrages honorables sans qu’on puisse dire que c’est immérité.

Alors comme ça, YGGDRASIL est également capable du meilleur après avoir frôlé le pire ? Dont acte. Maintenant, à l’instar du précédent opus où l’on savait pertinemment que les suédois ne pouvaient pas faire pire, on se demande désormais s’ils seront capables de faire mieux qu’un Vedergällning qui semble déjà atteindre le summum de leurs petites capacités.