PEARL JAM (usa) - Ten (1991)
Label : Epic / Sony Music
Sortie du Scud : 27 Août 1991
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard-Rock
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 53 Mins
Pet Sounds vs Revolver
Damned, Damned, Damned vs Nevermind The Bollocks
Ten vs Nevermind
Definitely Maybe vs Parklife
Et ce genre de combat a constellé la planète Rock depuis la nuit des temps. Qui de ? Pourquoi ? Mais au final, il y a toujours un vainqueur, parfois immédiatement, parfois sur le tard. Celui qui part ou celui qui reste. Kurt est parti depuis longtemps, Eddie est toujours vivant. Et il le disait déjà à l’époque.
I’m still alive.
Mais peu sont ceux qui y ont cru.
Le Grunge. Non mais sérieux, vous en avez quelque chose à foutre ? Le Punk n’était qu’une mode créée par les médias, le Grunge fut la même chose. Au point que le très sérieux New York Times se fit prendre au petit jeu du vocabulaire hype inventé pour la circonstance. Parce qu’ils s’en branlaient, parce qu’ils ne savaient pas où regarder.
MOTHER LOVE BONE. GREEN RIVER. MOOKIE BLAYLOCK. Le saint triptyque. Des bandes à ne plus savoir qu’en faire, et la mort d’Andrew par dessus. Et puis un jour, un surfeur un peu bizarre, beau comme un Dieu grec et un poil introverti a filé une bande, avec son chant couvrant les instrumentaux. Et l’histoire se mit en marche.
Mookie devint PEARL JAM, à cause des hallucinations et du live.
On signe sur un petit label, et on finit sur une major. Certains appelleraient ça une catharsis, d’autres un passage obligé. Mais du premier coup ?
Mais en sait-on plus aujourd’hui ?
Ten.
Le numéro de Blaylock, encore un pied de nez.
Ten fait partie de ces premières œuvres qui sortent de nulle part, et qu’on se complait à analyser des années après, comme Grace, Nevermind The Bollocks, I, The Piper At The Gates Of Dawn et autres, plus obscures ou grandioses.
Et on se trompe souvent à propos de ce disque, pensé, réfléchi par Gossard, Ament, McCready et Vedder.
Parce qu’on pense Grunge.
Mais le Grunge n’existe pas, alors que ces chansons, si.
Tout comme « Born In The USA », « Alive » a eu son lot d’interprétations hors contexte. Ce morceau qui soit disant évoquait la liberté ne parlait que d’un fils à qui l’on annonce que son père n’est pas son père. Tout comme la scène de Seattle n’était pas la mère de PEARL JAM. Morceau qui finira à égalité avec « Even Flow » pour sa beauté et son nombre d’interprétations sur scène.
Si le final du clip de « Jeremy » avait été conservé, le public aurait compris que cette demie ballade amère parlait d’un pauvre garçon sans amour parental qui finit par se faire sauter le caisson en classe, et non pas d’un vulgaire Columbine Trip comme on l’a suggéré.
Il y aurait tant à dire sur ce titre, hanté par la voix profonde d’Eddie, secouée sans cesse par cette basse sinueuse et unique, qui a fourni une des plus belles intros du Rock.
Tout comme le solo de « Alive », joué, rejoué à l’envi, puis enregistré en prise unique, pour l’émotion, comme le « Something » de George Harrison.
« Porch », le glaviot Punk de Vedder est assurément le titre le plus violent du lot, tout du moins si l’on parle de violence affirmée et revendiquée.
Car en matière de tension larvée et maladive, « Garden » reste un modèle, avec son pont pur 70’s, et son solo déchiré.
La pureté d’ « Oceans » n’a de rivales que les vagues qui agitent la côte un petit matin, sous le regard émerveillé des surfeurs qui n’attendaient que ça, et qui en rêvent nuit après nuit. Ces percussions lourdes, ces accords qui sonnent comme une alerte, et la voix d’Eddie, comme le vent, qui caresse les joues pour mieux couper le visage l’instant suivant.
“I know someday you'll have a beautiful life,
I know you'll be a sun in somebody else's sky, but why
Why, why can't it be, can't it be mine”
“Black” offre ainsi la plus belle déclaration d’amour, sur fond de riff lancinant et répété jusqu’à l’oubli.
Mais il y a tant à dire sur Ten.
Que certains des musiciens du groupe aimeraient bien le remixer pour virer la grosse production et la réverb’. Qu’il a fallu attendre plus d’un an avant qu’il ne fasse un carton planétaire. Qu’il s’est vendu à ce jour aux USA à 10 millions d’exemplaires. Que « Once » et « Alive » forment avec la face B « Footsteps » une trilogie créée par Vedder sur un jeune garçon dont le père est mort, qui part en virée destructrice et qui finit par être exécuté.
Que Kurt Cobain l’a toujours détesté. Qu’il a valu à PEARL JAM un statut dont ils ne voulaient pas, sauf Dave Abbruzzese.
Ten reste au final le meilleur album de non Grunge de l’histoire. Parce qu’il n’avait pas de style, parce qu’il n’avait pas d’éthique spéciale, parce que ses musiciens étaient les meilleurs dans leur domaine, parce que Vedder reste un des plus grands auteurs du Rock, parce que justement, Ten, c’est du Rock et rien d’autre.
Un subtil mélange du big Rock des 70’s, du Folk rebelle des 60’s, et du Punk nihiliste des années 77/78. Un peu de ZEP, de Dylan, avec la fougue des RAMONES / DEAD KENNEDYS.
Eddie est un peu tout ça. Le sex appeal de Robert, la verve caustique et observatrice de l’autre Robert Z., et la nonchalance délicatement dangereuse de Biafra.
Mais surtout un homme, avec ses désirs, ses contradictions et ses convictions.
Ne le nions pas, Ten fut une réussite surtout à cause, et grâce à lui. A cause de sa personnalité, grâce à sa voix, et son mysticisme qui renvoie Jim dans les cordes dès le premier round. Je défie quiconque d’écouter « Oceans » ou « Black » sans avoir des frissons, même sans savoir pourquoi. Et si le rôle d’Eddie, de Mike et de Stone ne fut en aucun cas minimisé, il convient de réhabiliter le don incroyable de Jeff pour habiller une chanson de quelques notes de basse bien senties.
C’était ça Ten. Des chansons, juste des chansons, le début d’une incroyable aventure que personne n’aurait osé écrire, quelques mois auparavant. Le premier chapitre d’une saga toujours pas refermée, comme les blessures qu’elle a provoqué. Mais ils sont toujours vivants, qu’ils le méritent ou pas.
« Is something wrong, she said
Well of course there is
You're still alive, she said
Oh, and do I deserve to be
Is that the question
And if so...if so...who answers...who answers...”
Et tout ça, pour un album qui n’avait d’autre raison d’être que de permettre une tournée.
Discographie Complète de PEARL JAM :
Ten (1991),
Vs (1993),
Vitalogy (1994),
No Code (1996),
Yield (1998),
Live On Two Legs (1998),
Binaural (2000),
Riot Act (2002),
Lost Dogs (2003),
Live At Benaroya Hall (2004),
Rearviewmirror (Greatest Hits 1991-2003) (2004),
Sydney, Australia, 11-07-2006 (2006),
Pearl Jam (2006),
Backspacer (2009),
Live On Ten Legs (2011),
Lightning Bolt (2013),
PEARL JAM AU PAYS DU GRUNGE (BOOK - 2011),
PEARL JAM : Pulsions Vitales (BOOK - 2013)
Ajouté : Lundi 26 Septembre 2011 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Pearl Jam Website Hits: 10570
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