Deux albums. C’est le nombre de sorties qui auront permis à JOB FOR A COWBOY d’exploser. Beaucoup pourraient jalouser un rendement aussi rentable mais étrangement, ce groupe passe aux oreilles de chacun comme une lettre à la poste, pour peu qu’on aime le Death. Pas franchement géniaux sans être pour autant dégueulasses, les Arizoniens avancent pépère dans le milieu, le plus dur ayant probablement été fait avec une renommée désormais internationale. Des débuts laborieux, il ne reste finalement que l’inusable Jonny Davy qui a injecté du sang frais à son bébé après la sortie de Ruination en 2009. Tony Sannicandro (guitare et chant) et Nick Schendzielos (basse, ex-CEPHALIC CARNAGE) ont intégré la troupe qui s’est ensuite cloitrée dans les Audiohammer Studios floridiens avec le prestigieux Jason Suecof dans le but d’en sortir une nouvelle œuvre. Un troisième opus ? Que nenni ! C’est Gloom, clin d’œil à peine discret à l’EP Doom paru en 2005 qui voit le jour sous forme d’un 4-titres limité à 2500 copies physiques. Un choix qui se justifie par, disons les choses clairement, un ras-le-bol de se faire télécharger.

A l’écoute de cette œuvre, durant laquelle il se passe très peu de choses, on ne donne pas vraiment raison à Davy. Si ce n’est par tradition, le seul motif qui justifierait éventuellement de mettre ses économies dans JOB FOR A COWBOY, c’est l’innovation. Et justement, les américains en font preuve depuis leur dernier album. Du Deathcore, nous sommes arrivés à un Death Metal plus contemporain, modernisé et autrement plus accessible. Sur cet EP, on constate simplement que les mecs ont mis de l’eau dans leur Jack. Le retour à la période Genesis est à peine perceptible, mais il y a un début. Le chant de Jonny y revient un peu, même s’il a choisi de laisser les gruiks au placard. Le tranchant des guitares rappelle également parfois la belle époque, mais avec une gêne polie, comme si nos cowboys avaient des remords d’avoir abandonné le fighting-spirit de leurs débuts. Mais qu’on se rassure, la nouvelle mouture castagne aussi. JOB FOR A COWBOY a trouvé un équilibre assez intéressant entre la brutalité de riffs en béton et la technicité des instrumentistes. Derrière sa batterie, Jon Rice a affuté son jeu et il enfile désormais les frappes comme des perles. La relation entre vocaux gutturaux et chant râpeux est mise en scène non plus comme une alliance idéale, mais comme une opposition de styles. C’est un peu à qui sera le plus abrupte dans son phrasé. Les deux se répondent du tac au tac dans un duel très physique et appréciable. Pour autant, si cet EP cogne fort, on n’y trouvera aucune révolution. Les gars restent plantés dans leurs frocs, se battant avec pour seule arme un Death, tantôt Brutal, tantôt mélodieux, qui a pour seule ambition de casser quelques nuques. Ces quatre compositions, si elles sont foutrement bien agencées, ont tendance à s’agglomérer les unes aux autres, simplement séparées par des solos ou des retombées rythmiques. A ceux qui ont apprécié Ruination, je ne leur conseillerais presque pas de jeter une oreille là-dessus, car c’est une suite, tout ce qu’il y a de plus logique, avec un arrière goût de Deathcore en plus. Le petit détail qui pourrait en repousser certains.

En définitive, j’ai tendance à penser que JOB FOR A COWBOY stagne avec cet EP. En tout cas, ils sont capables de faire beaucoup mieux et l’ont déjà prouvé par le passé. C’est court, c’est compact et fluide, ça n’apporte aucun enseignement digne d’intérêt, ça fait juste passer le temps, de façon plus ou moins agréable. Maintenant, cet opus ne pourrait-il pas être aussi le petit signe de vie qui rappelle à tous que les américains sont toujours dans le vent et qu’ils nous préparent un gros coup ? Je ne suis pas expert pour lire entre les lignes, mais cet EP, je l’ai interprété ainsi. Puissent-ils me donner pour une fois raison.