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TRIVIUM (usa) - In Waves (2011)






Label : Roadrunner Records
Sortie du Scud : 9 août 2011
Pays : Etats-Unis
Genre : Metalcore / Thrash/Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 13 Titres - 51 Mins





Avec chaque album de TRIVIUM, son fervent lot d’accusateurs au plagiat éhonté. Alors que le groupe se relevait des diatribes sur The Crusade, et son abduction de chant hurlé pour sonner comme METALLICA, le disque suivant, Shogun, bien qu’ayant reçu un meilleur accueil, n’a pas, non plus, échappé aux critiques sur sa prétention, et le retour des vocaux criés pour plaire aux fans. Allez savoir. La formation américaine a, pourtant, continué le petit délire des paroles sur la mythologie grecque de cet opus en participant à la bande-son du jeu God Of War III et, par la même occasion, présenté son nouveau batteur ; les relations avec Travis s’étant dégradées au fil du temps. Ces évènements ont donc mené à une attente "plus longue" que d’habitude pour la sortie de ce nouvel album. Mais cet In Waves, le groupe l’avait déjà en tête depuis trois ans, et a donc profité de tout ce temps pour le peaufiner comme il l’avait envisagé.

Eh bien, ceux qui considéraient le disque de 2008 comme présomptueux n’ont pas fini de ruminer au vu du méta-concept avec lequel les Floridiens ont décidé de se faire mousser. En effet, cette sortie s’émancipe de la musique pour se représenter en un ensemble thématique plutôt poussé. Ils ont, ainsi, réinventé leur identité visuelle avec changement de look, de symbole, de style d’artwork, et de réalisation des clips. D’ailleurs, avec ces vidéos issues des titres de leur album, ils ont l’intention de mettre en place une sorte de film multi-connecté, auquel les illustrations du livret prennent également part. Néanmoins, il n’y a pas un concept unique au travers des paroles, mais elles ont été simplifiées pour, paradoxalement, apparaître plus équivoques, selon l’esprit de chacun. Tout cela rappelle fortement l’ambition de LINKIN PARK, sur l’excellent A Thousand Suns. Qui plus est, comme sur celui-ci, le groupe d’Orlando s’est laissé aller à expérimenter un peu avec les textures. On en retrouve sur les deux pistes encadrant les compositions, l’intro « Capsizing The Sea » et l’outro « Leaving This World Behind », qui reprennent chacune un passage resamplé d’un autre morceau de l’œuvre. La première monte en tension avec sa batterie militaire et son piano distordu, tandis que la seconde se clôt en un méandre indiscernable de riffs brumeux et paroles altérées. A un autre moment, Matt joue de la guitare avec sa bague, combine extincteur et tournevis pour quelques sonorités atypiques, ou bien s’essaie au didgeridoo (ndr : sur l’interlude de l’édition spéciale).

En outre, TRIVIUM a également allégé sa musique ; ce qui ne signifie pas, pour autant, qu’ils ont joué la carte de la facilité et composent désormais des morceaux insipides et formatés. Le combo a juste décidé de mettre la priorité sur les pistes en elles-mêmes plutôt que sur leur virtuosité. Ils ont donc fait primer la mélodie, dans l’optique d’avoir des morceaux mémorables, et qui sonnent bien, sans se soucier du niveau technique. Les plages sont, alors, résolument plus directes et, même si celles d’une dizaine de minutes se font absentes, l’inspiration n’en est pas moins au rendez-vous, malgré quelques longueurs et répétitivités. Pour les soutenir dans ce travail de réinvention, Colin Richardson, autrefois simplement au mixage, s’est occupé de toute la production, permettant de garder une vision cohésive sur l’ensemble du travail. Très orienté sur les détails, il leur offre un son clair et puissant, le meilleur de leur discographie.

Cette simplicité transparaît immédiatement du côté des guitares. Moins alambiquées et démonstratives, les lignes du duo Matt/Corey sont peut-être plus humaines, avec un accordage un ton au-dessus comparé à Shogun, et un retour aux six cordes, contre sept auparavant. Les riffs se révèlent modernes, compacts, et efficaces, renforcés par une basse détonante et une batterie énergique. Un bon travail a été fait sur leur côté mélodique, qui garde des sonorités des albums précédents. Souvent aidées de quelques samples, les cordes affichent un jeu sincère, et des leads harmonisés au feeling notable (« A Skyline’s Severance »). Entre les solos concrets et pentatoniques de Matt, comme celui de « Watch The World Burn » qui fonctionne simplement en suivant les vocaux, et ceux plus réfléchis et shreddés de Corey, à l’instar de « Forsake Not The Dream », très porté par les guitares avec sa double exécution des deux collègues se répondant, les guitares assignent une accroche certaine aux pistes. Le pont de « Caustic Are The Ties That Bind », durant la moitié du morceau, est aussi un bel exemple de leur capacité. Les accords minimaux et solos envoûtent, sur des percussions servant la cadence dans la juste mesure, et une voix claire mélodieuse, débarrassée de sa hargne. Un côté Pop entraînant, où les mélodies laissent entrevoir pas mal d’émotion.

En plus des six cordes, c’est du côté de la rythmique que cet album explose. Le nouveau batteur, Nick Augusto, a ramené tout son environnement Grind/Thrash avec lui dont, bien évidemment, des blast beats ravageurs usés aux moments opportuns. Les schémas sont vaillants et énergiques. Les structures sont réinventées et créent de nouveaux dynamismes pour le groupe, conférant la force nécessaire aux morceaux, avec des breaks convenus, mais toujours aussi imparables. La batterie est survoltée, convenablement appuyée de la basse remontée de Paolo ; même si celle-ci se veut moins démonstrative qu’il y a quelques années. Elle reste toutefois bourrue, s’agençant entre les riffs incisifs et hurlements redoutables (« Black »), et offrant un bon groove en compagnie des percussions. Revenons à la batterie et ses jeux percussifs irrésistibles, assénés par une frappe titanesque. La tuerie de l’album se rencontre sur « Dusk Dismantled », emplie de plans enivrants de percussions millimétrées et phénoménales, et d’un chant hurlé tout du long, se transformant en hymne guerrier lors du refrain. Une énergie dantesque se dégage de cette composition, qui donne juste envie d’aller se démener dans la fosse. Pareillement, « Chaos Reign », en dépit de son titre, ne s’engage pas sur des structures complexes et hasardeuses, mais jouit d’une grande puissance avec sa rythmique grondante incrémentée de la basse, et un des chants les plus extrêmes de l’album.

En parlant des vocaux, Matt continue dans la voie de Shogun, tout en récupérant la hargne présente sur Ascendancy. Il affiche une meilleure maîtrise, et une tendance au growl pas déplaisante. Grâce à la prod impeccable, ses invectives sont intenses, redonnant de la force en fin de composition, et s’accordent parfaitement avec les guitares, et la basse qui grogne. Ses interventions en réponse du chant clair amènent une bonne cinématique dans les pistes (« In Waves »). Les alternances entre les deux types de voix n’ont pas vraiment de règle vis-à-vis des couplets et refrains. Mais, si les lignes hurlées permettent de laisser un peu d’attrait à certains titres, le chant clair n’est pas toujours captivant, malgré les harmonies tonales, à l’image de l’ennuyeux « Inception Of The End », et ses tournures progressives sur blast beats. La prestation claire de Matt est généralement mélodieuse, moins Heavy que par le passé et passe plutôt bien. Elle empêche quelques refrains de transmettre complètement leur puissance, mais en fait gagner d’autres en entrain (« Built To Fall »). Et, en plus de cet album qui se démarque du registre du groupe, l’on est confronté à « Of All These Yesterdays », se différenciant totalement de tout ce que les Américains avaient pu faire avant. Matt reprend une voix doucereuse pour survoler les accords aériens, rythmés d’une batterie effacée ; puis s’enhardit à mesure que l’on approche de la fin et que les leads s’emparent magnifiquement du titre. Un dernier morceau, à proprement parler, qui remplit pleinement son rôle.

TRIVIUM a vraiment mûri et s’est démené pour nous offrir un album de caractère, à la personnalité se voulant singulière. Le disque n’échappe pas, pour autant, à la classification et quelques clichés du genre. Néanmoins, bien qu’amenuisées du côté de la technique, les compositions parviennent, sans conteste, à divertir, de par une énergie palpable et des arrangements globalement efficaces. Quelques pistes s’essoufflent, tout de même, n’en laissant que quelques-unes se démarquer réellement, mais les Floridiens affichent clairement leurs intentions de faire évoluer leur musique sur plusieurs niveaux, et selon leurs goûts, en s’effaçant toujours plus de cette image de copycat. In Waves marque une nouvelle étape dans le parcours artistique de la formation américaine, lui promettant un avenir des plus intéressants ; s’ils prennent la peine de ne pas se cantonner à ces nouvelles barrières.



Ajouté :  Mardi 08 Novembre 2011
Chroniqueur :  CyberIF.
Score :
Lien en relation:  Trivium Website
Hits: 8244
  
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